Depuis que la littérature de jeunes est entrée en classe, qu’est-elle devenue ? Comment continuer à innover avec les livres ou les albums en lecture et écriture sans céder à la banalisation scolaire ? Des démarches sont proposées pour le collège et les élèves en difficulté de l’école élémentaire. Peut-être faut-il aller aussi voir en dehors de la classe, dans les quartiers et auprès des parents, ou, dans le cadre des activités scolaires, emmener les élèves dans une « vraie » librairie, ouvrir le CDI à de « vrais » auteurs. Pour finir, il est également intéressant de s’informer sur l’édition (comment évolue-t-elle ? qu’en disent les éditeurs ?).
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Sommaire
La littérature de… ? / D. Fabé, S. Suffys 9
Libres lecteurs : lire des albums pour ne rien apprendre/enseigner / F. Darras, M.-F Desprez 41
Le conte, littérature enfantine ? L’histoire d’un malentendu / M.-A. Thirard 51
Littératures de jeunesse : quelle légitimité scolaire ? / M. Constant 79
La caverne de Batman. Visite au pays des livres / L. Godbille 93
À la rencontre des éditeurs… / M.-F. Desprez, É. Vlieghe 111
Histoires de livres dans un quartier / par ses acteurs 127
On va faire une BCD dans l’école, comme ça on aura une BCD dans l’école / P. Heems 143
Animer les livres… oui ou non ? / A. Bocquet 147
Regards de parents / L. Godbille 159
Lecture cursive: restituer… Oui, mais comment ? / É. Vlieghe 167
Le géant, le cagibi et le caméscope (Une recette de lecture au cycle II) / P. Heems 175
Où il n’est pas question de recettes miracles pour faire lire les élèves… / K. Serlet 181
Visite guidée dans le monde des albums pour les collégiens / A. Vautravers 195
Dernières tendances en matière de collections… / É. Vlieghe 209
Chronique des « chroniques de littérature de jeunesse… » et compléments pour T. Lenain et Gudule (R. 22 et R. 26) / É. Vlieghe 223
Éditorial
Il y a une quinzaine d’années, les pédagogues qui voulaient rénover l’enseignement du français à l’école et au collège découvraient la littérature de jeunesse et la faisaient entrer en force dans les classes. Contre la littérature. En apparence du moins. De toute évidence, dans l’expression littérature de jeunesse, c’est le mot jeunesse qui retenait toute leur attention : enfin un objet à lire qui s’affichait comme tel, mais qui en même temps affichait son lectorat ; posait son lecteur en même temps qu’il se posait. Il y avait bien longtemps que le lecteur avait disparu, du côté de l’autre, de la vraie littérature : la puissance imposante de l’objet à lire l’avait écrasé, depuis longtemps. Alors comme il commençait à se dire qu’il ne pouvait pas y avoir d’apprentissage sans élève, il commençait à se dire aussi qu’il ne pouvait y avoir de lecture sans lecteur. En entrant en force dans les classes, la littérature de jeunesse a surtout fait entrer dans les classes, le lecteur, son travail, sa zone de compétence dans le texte, dans la construction du sens. […]
Violences ordinaires des institutions sur l’individu (élève, enseignant, parent) ; violences des valeurs non partagées (le passage 3e/2nde et la découverte d’un nouveau monde, où l’on découvre qu’appliquer une consigne d’écriture ne suffit pas à séduire le professeur), violence de la culture que le professeur/l’élève vit comme étrangère, violence de l’écrit sur l’oral, violence de la distance entre qui enseigne et qui apprend. Comme à l’habitude, les articles portent sur le collège, le LEGT et le LP, les classes spécialisées de l’école élémentaire, et même la formation initiale des enseignants !
Parler des textes qui nous parlent (du monde et d’autre chose) en fuyant le commentaire techniciste. De l’apprentissage de la compréhension au CP à la critique littéraire au lycée. Et entre deux, de nombreux exemples au collège et au LP, ainsi qu’en classe d’adaptation, de situations de parole autour des textes qu’on lit mais qu’on ne cherche pas à « commenter ». Une mise au point théorique sur la notion de lecture littéraire.
Des relations (paradoxales) entre fiction et réalité, ou comment, en classe, jouer avec (contre ?) le pouvoir des fictions. De nombreuses propositions didactiques (parfois quasi philosophiques) autour de l’écriture de fiction en collège, et d’autres (quasi sociologiques) autour de la lecture de textes fictionnels en LP (dont une nouvelle inédite de P. Boulle). Travail sur l’image en 3e, sur l’élaboration de récits d’énigme, sur la compréhension, en 2nde, de textes reposant sur l’opposition réalité/fiction.
Le détail de la gestion de la classe. Faire classe, c’est d’abord se demander ce qu’auront effectivement à faire les élèves, décider des moyens, des dispositions (matérielles, spatiales, temporelles), des groupements qui faciliteront les apprentissages. Comment mettre les élèves au travail ? Quelles consignes leur donner ? Comment enseigner avec des copies ? Comment faire réfléchir sur le travail, l’école, le travail en groupes, l’écriture ? Des analyses et des propositions didactiques.
Les apprentissages premiers : origines des échecs en lecture ? Que faire lire aux élèves en difficulté ? Au collège : quelles aides pour développer la compréhension (SEGPA) ? Lire de la littérature de jeunesse ? Lire en 3e d’insertion ? Au lycée, lecture intégrale en terminale L et en bac pro. La lecture à l’école maternelle : une histoire de partenariat école/familles.
Les exercices sont-ils utiles ? Suffit-il d’exercices pour que les élèves apprennent ? Aux élèves en grande difficulté, peut-on seulement proposer des exercices ? Pour alimenter ces interrogations, des propositions sur l’argumentation (LP, Lycée), le vocabulaire au brevet, discours direct/indirect, les pratiques de lecture en 3e, les activités de tri (CP) et la production de textes.
Écrire en groupe (collège), en projet (SEGPA), avec un ordinateur (collège, cycée). Faire écrire des élèves en grande difficulté (école élémentaire, collège). Écrire pour apprendre (collège). Et le « sujet écrivant » ? Qu’est-ce qu’un « bon texte » pour des élèves de LP ? Le paragraphe argumentatif, une impasse didactique. Typologie d’activités autour du narratif.
Les avatars de l’évaluation critériée, l’impossible objectivité de la note, la difficulté de proposer des remédiations en production écrite. Évaluer avec ou sans grilles (des récits, des résumés, des commentaires, des dissertations) mais aussi apprendre aux élèves à évaluer. Bibliographie.