Tous les articles par Stéphanie Michieletto-Vanlancker

N° 76 – EXPLICATION

Expliquer (et réexpliquer) est une des activités ordinaires de l’enseignant, qui lui assigne l’objectif d’aider l’élève à comprendre une consigne, une notion, un texte, etc. Outre des réflexions sur les frontières entre explication, argumentation et justification, le numéro interroge les enjeux et les limites des explications en termes d’apprentissage. Qu’en est-il des explications attendues des élèves, à l’oral comme à l’écrit, et de la maternelle à l’université ? Quel intérêt peuvent présenter les échanges entre pairs ? Les analyses et démarches d’enseignement proposées envisagent la notion d’explication à la fois comme un outil et un objet d’apprentissage. On y trouvera aussi des paroles d’élèves et un éclairage historique sur la traditionnelle « explication de texte ».

Le numéro est disponible aux Presses universitaires du Septentrion.

Sommaire

Paroles d’élèves sur l’explication
Marie-Michèle Cauterman, Hélène Le Levier

Pour une approche pragma-énonciative et interdisciplinaire de la notion d’explication à l’heure des discours complotistes
Alain Rabatel

Autour de l’explicatif : un système de concepts à distinguer
Jean-Michel Adam

Expliquer, c’est mentir un peu
Patrice Heems

L’explication de texte en 2019 : ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre
Laetitia Perret

Le coin délicieux… Ou l’amorce du commentaire littéraire en 2de
Corinne Souche

Écrire un discours : tout un art
Catherine Mercier, Anne Roucou-Delaval

Expliquer pour réputer, intriguer pour comprendre. Des instruments d’enseignement en transformation
Christophe Ronveaux

Plus j’explique, moins ils comprennent
Stéphanie Michieletto-Vanlancker

Explications à propos de lectures d’albums en petite section de maternelle.
Construction collective d’éléments de compréhension

Camille Lassère-Totchilkine

Il y a expliquer et expliquer. Regard sur les spécificités de l’explicatif dans divers genres de discours universitaires, en particulier dans les écrits de recherche
Marie-Christine Pollet

 

Éditorial

Dans les années 1980, une activité devenait incontournable à l’école : le tri de textes, dans une dialogue avec des travaux de recherche sur les typologies textuelles, dont ceux de Jean-Michel Adam, comme le rappelle un article du n° 42 de Recherches (Classer, 2005) Et une décennie après, les programmes de collège (1996) organisaient ainsi les études de textes : en 6e le narratif, en 5e le narratif et le descriptif, en 4e s’ajoutait l’explicatif et en 3e l’argumentatif.

Parmi ces « types » de textes, Recherches avait, en 1990, consacré son numéro 13 à l’explication. L’éditorial de ce numéro montre combien les rédacteurs de l’époque avaient conscience d’ouvrir toute une série de questions et de « perspectives didactiques, en chantier ».

Que signifie d’envisager en 2022 un nouveau numéro sur l’explication ? Outre les perspectives linguistiques et cognitives, qui restent des objets d’interrogation et de travail, l’orientation de ce numéro est d’interroger les valeurs de l’explication, ses finalités et ses limites.

Si un relatif accord peut se faire entre les chercheurs sur la structure de la séquence explicative, multiples sont les interprétations de ses visées, et difficile la description de ses relations avec la justification, l’informatif, le descriptif ou l’argumentatif. Ainsi, l’explication, ou plus exactement la séquence explicative, lorsqu’elle est envisagée dans un texte complet, apparait tantôt directe, tantôt indirecte, et peut masquer des enjeux argumentatifs, comme c’est le cas dans certains discours complotistes.
[…]

N° 75 – COPIER, EMPRUNTER, COLLER

La pratique du copier-coller est généralement considérée comme moralement condamnable. Pourtant l’emprunt est un acte fondamental du langage, certes pas toujours bien maitrisé, notamment par les apprentis que sont les élèves et les étudiants. En effet, sous une apparente facilité, copier-coller repose sur de complexes opérations de lecture et d’écriture, qui ne peuvent se construire sans aide didactique ni sans positiver cette pratique.

Le numéro est disponible aux Presses universitaires du Septentrion.

Sommaire

Peut-on dire sans emprunter ? Réflexions sur l’emprunt comme
constitutif de l’énonciation
Claire Doquet

Qui dit quoi ? Une approche de la polyphonie au collège
Marie-Michèle Cauterman

Couper, copier, coller, déplacer, emprunter… L’extrait dans
les manuels scolaires
Nathalie Denizot

Pour aller plus loin que le copier-coller, enseignons à nos étudiants
à créacoller !
Martine Peters

Enquête sur les pratiques d’écriture numérique : quelques constats
sur les habitudes d’emprunts des adolescents
Eve Gladu, Nathalie Lacelle

Citer pour s’approprier
Aymeric Servet

Définir le plagiat à l’université : à la recherche de critères
suffisants et opératoires
Catherine Dolignier

Réaliser un kamishibaï en 6e : un copier-coller pas si simple
Stéphanie Michieletto-Vanlancker

Comment parler d’une lecture cursive que l’on n’a pas faite ?
Entre plagiat et braconnage
Maïté Eugène

Utiliser des critiques littéraires pour s’approprier des œuvres
Sophie Dziombowski

Les littératures comme gisements en écriture créative
AMarie Petitjean

Le copier-coller dans le monde de l’écrit universitaire
aux États-Unis : perspectives
Tiane Donahue

Éditorial

Cette livraison de Recherches propose de prendre à rebours des termes
parfois sources de déplorations en contexte scolaire car associés à des
pratiques à bannir, voire frauduleuses. Si le « copier-coller » évoque
aujourd’hui une manipulation informatique qui faciliterait le plagiat, la
pratique de la copie est néanmoins l’une des plus anciennes à l’école.
Comme le rappelle Chervel, l’actuelle « copie » évaluée (réalisée sur
« copie double » ou feuille simple ou encore en version numérique, elle n’en
reste pas moins copie à corriger…) tire ainsi son nom de la copie d’un texte,
au préalable élaboré dans le cahier puis reproduit sur une feuille, à
destination du professeur. La polysémie de « copie » rend compte de son
statut variable et contradictoire : il faut copier le cours, mais il est interdit de
(re)copier pour tricher ou de copier « sur » (sa ou son voisinꞏe de table, par
exemple) ; on imite pour apprendre (à parler, à lire, à écrire) et ensuite il
faudrait apprendre à se dégager du modèle.
Pourtant, pour reprendre Bakhtine, tout énoncé est la reprise, la
variation d’un autre énoncé, l’emprunt apparaissant comme un acte
fondamental du langage. Si la démarche d’emprunt est inhérente au langage, à son apprentissage comme à son usage, elle prend des formes mais aussi des
valeurs spécifiques à l’école, par ses outils, mais aussi par ses prescriptions
et les paradoxes que cela fait surgir. Rappelons qu’elle n’est pas le seul fait
des élèves ou des étudiantꞏeꞏs : les manuels scolaires en sont un exemple.
Certains extraits sont ainsi devenus canoniques, par un effet de reprise : des
versions latines aux textes poétiques à apprendre par coeur, aux cours des
« belles lettres » nécessitant des fragments à imiter puis à commenter. Ainsi,
anthologies et manuels empruntent, prélèvent et citent, et sont, à leur tour,
sélectionnés, par exemple pour des listes de bac, dans lesquelles certains
extraits ont atteint le statut de classiques
.[…]

 

Les coups de cœur d’Élizabeth Vlieghe – Automne-hiver 2017

« Coups de cœur » DOCUMENTAIRES

Harcelés Harceleurs, Docteur Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée, illustrations de F. Mansot, Mine de rien, Giboulées, Gallimard Jeunesse, 2017.

Un des derniers titres de la collection : pour ne pas attendre que cela devienne grave, parce que cela commence par de petites moqueries et que ça dégénère, parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir : un sujet que les adultes pourront aborder avec les enfants dès le plus jeune âge.

Rois, 40 souverains du monde, Jean-Michel Billioud, illustrations de Duo, BAM !, Gallimard Jeunesse, 2017.

Cinquième opus de la collection, ce petit ouvrage ludique dresse le portrait de quarante monarques (dont six femmes…) qui ont marqué l’histoire, de l’Antiquité à la fin du vingtième siècle. Qu’ils soient conquérants, bâtisseurs d’empires, guerriers de génie ou sanguinaires, qu’ils aient régné très longtemps, tels Louis XIV, Victoria ou François Joseph 1er ou beaucoup moins, tels Babur le roi Moghol, tous ont laissé leur empreinte. Chaque double page, conçue selon la même maquette, présente une illustration caractérisant physiquement et moralement le souverain à droite, la page de gauche résumant de façon synthétique les actions principales du monarque, ainsi que quelques faits ou traits marquants, sans oublier les dates essentielles de sa vie. Simple et ludique.

Rescapés de la Shoah, Zane Wittingham et Ryan Jones, traduit de l’anglais par F. Fiore, Flammarion, 2017.

Comment évoquer l’Holocauste sans choquer les enfants ? C’est ce que tente, avec des mots très simples et des images fortes, cette bande dessinée qui narre à la première personne six destins authentiques d’enfants juifs ayant échappé à la barbarie nazie. Âgés de 8 à 11 ans, ils ont connu la peur, l’exil, les privations, le deuil. Heinz est rejeté en Allemagne, parce qu’il est juif, et en Angleterre, parce qu’il est Allemand ; lui et son frère Frank sont internés dans un camp au Canada sans avoir jamais l’occasion de combattre les nazis. Trude quitte la Tchécoslovaquie pour la Grande-Bretagne et ne reverra jamais ses parents. Ruth arrive à Liverpool le jour où la guerre est déclarée et quelques jours plus tard, elle retrouve sa famille à Londres. Martin et sa sœur ont vécu l’expulsion des juifs polonais, mais bénéficient de l’accueil des Anglais : ils survivent aux bombardements de Coventry et retrouvent leur mère. Suzanne, Française habitant dans le 20e arrondissement de Paris, est sauvée par une voisine. Le dernier témoignage, le plus dur et le plus poignant, est celui d’Arek, jeune Polonais âgé de 14 ans, déporté avec toute sa famille à Auschwitz-Birkenau ; pendant cinq ans, il ne connait que les ghettos et les camps ; des 81 membres de sa famille, il ne retrouvera que sa sœur, deux ans après la fin de la guerre.
L’essentiel est dit, avec la volonté de ne pas traumatiser, afin que les enfants d’aujourd’hui sachent ce qui s’est passé.
Ryan Jones a donc adapté avec brio la série de films d’animation, Children of the Holocaust, réalisée par Zane Whittingham pour la BBC. On trouvera en fin d’ouvrage un glossaire ainsi qu’un index des termes utilisés, une chronologie des évènements majeurs entre 1933 et 1945, des références de sites internet et surtout la photo des protagonistes adultes, accompagnée d’une notice indiquant ce que chacun est devenu.

 « Coups de cœur » ACTUALITÉ

Suivez le guide ! Balade dans le quartier, Camille Garoche et Didier Genevois, Casterman, 2017.

Troisième titre d’une nouvelle collection née en 2016, ce grand album cartonné accessible aux plus petits leur fait découvrir cette fois-ci les différents commerces d’une petite ville à la suite d’un chat siamois qui se croit supérieur à tous. À sa suite, le lecteur passe devant la librairie, la poissonnerie, la boulangerie ou le magasin de primeurs. Chaque double page fourmille de détails amusants ainsi que de fenêtres (47 au total) à ouvrir, cachant au regard de Rominagrobis le piège qui lui est tendu : il n’échappera pas plus que les autres animaux à la vaccination ! Une double narration très habile qui réjouira les jeunes lecteurs complices du sort qui attend l’animal présomptueux.

Le jour où on a arrêté de faire la guerre et Le jour où papa s’est remarié, Thierry Lenain, illustrés par Thanh Portal, Premiers Romans, Nathan, 2017.

Raïssa n’a pas supporté de voir ses camarades jouer à la guerre. Réfugiée dans le placard, elle pleure et ne peut même plus parler. Madame Okili l’encourage à dessiner ce qu’elle a vécu dans son pays en guerre et tous ses camarades se mobilisent pour que cet état de choses change.
Quant à Guillaume, il est triste car son père se remarie avec un homme et il se dit que si lui aussi est homo plus tard, il ne pourra pas être papa. Or, il a promis à son amoureuse Alima de l’épouser et d’avoir des bébés avec elle. Madame Okili réfute les idées reçues de certains élèves et la classe n’est pas en peine de trouver des solutions pour que Guillaume et Alima deviennent parents, au cas où…
Des questions essentielles qui sont toujours abordées avec justesse, finesse et sensibilité.

La belle sauvage, Philip Pullman, traduit de l’anglais par J. Esch, Gallimard Jeunesse, 2017.

Tous ceux, dont je fais partie, qui furent envoutés par l’intrigue et les personnages des Royaumes du Nord  (trilogie présentée dans le numéro 47 de Recherches, 2e semestre 2007) se délecteront de cette nouvelle Trilogie de la poussière dont voici le premier tome. Malcolm Posthead, un jeune garçon âgé de 11 ans, épaule ses parents, propriétaires de « La truite », auberge située au bord de la Tamise, en amont du centre d’Oxford. Attentif et curieux, c’est un adolescent intelligent qui écoute et apprend vite. Serviable à l’extrême, il aide souvent les sœurs du prieuré voisin et tombe littéralement sous le charme du bébé qu’elles ont recueilli, une certaine Lyra, qui le fascine autant que son daemon, Pantalaimon, avec lequel elle babille… Dès lors, tels les chevaliers du Moyen Âge, Malcolm sait qu’il se mettra au service de la petite fille cachée, quelles qu’en soient les conséquences. C’est le début d’une aventure qui fera de lui un « espion » au service du professeur Hannah Relf, laquelle œuvre pour une organisation mystérieuse baptisée « Oakley Street ». Située dix ans avant celle de la trilogie précédente, l’action de ce tome permet de retrouver des personnages connus, tels les parents de Lyra, Lord Asriel et Me Coulter, mais en introduit de nouveaux tels l’infâme Gérard Bonneville et son daemon hyène ou Alice, une jeune employée de l’auberge. Si l’intrigue démarre lentement, elle s’accélère au fur et à mesure que Lyra devient un objet de convoitise. L’auteur crée de nouveau un univers à la fois proche et merveilleux, au sein duquel des forces antagonistes s’affrontent autour d’une mystérieuse Poussière. Seul le savoir éclairé semble en mesure de vaincre l’obscurantisme et le totalitarisme religieux dont les partisans se montrent puissants et redoutables.
Philip Pullman ne fait pas dans la facilité, tant le propos est profond et incite à la réflexion quasi philosophique.

Rock War 3, « Hors de contrôle », Robert Muchamore, traduit de l’anglais par A. Pinchot, Casterman, 2017.

Dans cet opus annoncé comme l’avant-dernier de la série, nous retrouvons les groupes de musique sélectionnés dans les tomes précédents (le tome 1 a été présenté sur le site les « Actualités Printemps-Été 2016 » et le tome 2 dans les « Actualités Printemps-Été 2017 » . L’émission « Rock War » fait un tabac en Grande-Bretagne : ses candidats sont devenus des stars poursuivies par les fans et les photographes. La compétition se fait de plus en plus cruelle et tous les coups sont permis. Summer se remet lentement du grave accident dont elle a été victime à la fin du tome précédent et Jay se languit face à son absence. Théo, son grand frère, se montre toujours aussi violent et provocant, mettant ainsi en péril l’avenir du groupe ; Dylan se laisse entrainer sur la pente de la drogue. Et ce n’est pas ce qu’il découvre des magouilles de son père et de son oncle qui vont l’en éloigner.
Nul doute que le dernier tome nous réserve encore bien d’autres péripéties ! La satire des milieux de la téléréalité et du showbiz (cf. réseau présenté dans le numéro 52 de Recherches) est toujours aussi féroce.

Les porteurs, #2 – Gaëlle, C. Kueva, Éditions Thierry Magnier, 2017.

Lou Karpatova, le fils de Mariza, naturaliste, est mort : Gaëlle se sent responsable. Elle s’investit corps et âme dans les deux missions qu’elle s’est fixées : soutenir Flo qui refuse le choix manichéen que lui impose la société et surtout aider son amoureux Matt, identifié comme porteur, finalement devenu femme grâce à Lou. Prête à tout pour qu’il redevienne un homme, elle se rapproche donc des naturalistes afin qu’ils lui procurent un traitement alternatif pour Matt. Mais les autorités veillent, les « militants » sont traqués et Gaëlle se met en danger ainsi que ses proches. De nouveaux personnages apparaissent ou sont approfondis, les manipulations des dirigeants se dévoilent de plus en plus clairement et ceux qui leur résistent mettent leur vie en péril ; le passé ressurgit à travers le personnage de Romano Moravia, dont le père, Tonio, et le fils, Filippi, chérissent la mémoire ; Gaëlle découvre qu’il fut très proche de sa propre mère, Sylvia. Le docteur Olann Michelon commence à douter du bienfondé de ses décisions et trouve refuge auprès de son fils aveugle, Théodort.
Ce deuxième tome, essentiellement narré à la première personne par Gaëlle, complète très efficacement le précédent : reprenant certains événements du premier, mais du point de vue de l’héroïne, il éclaire certains points restés dans l’ombre tout en faisant progresser l’action. Le troisième tome dont on attend la parution avec impatience, sera centré sur Lou : celui-ci est-il vraiment mort ?
NB : Le tome 1 a été présenté sur le site : « Actualités Printemps-Été 2017 ».

La brigade de l’ombre : Ne compte que sur les tiens, Vincent Villeminot, Casterman, 2017.

La brigade ayant été démantelée, seul Bosco est resté à Paris pour continuer la tâche. Depuis janvier, l’ex-commissaire Léon Marcowicz s’est isolé en Corse avec ses filles. Fleur prépare son bac au lycée de Porto Vecchio et Adélaïde prend des cours par correspondance après avoir failli sombrer dans la folie. Elle apprécie les visites du Pygmée rwandais avec lequel elle aime toujours discuter. Mais fin juin, alors qu’Antonin son amoureux est venu la rejoindre, Fleur est menacée de viol par une bande de voyous menée par Matéo Figalli ; Antonin l’aide à s’enfuir mais il est tabassé et abandonné sur la plage. Peu de temps après, Matéo Figalli, son oncle et un de ses vieux amis sont retrouvés horriblement déchiquetés devant chez Marcowicz : ce dernier ayant disparu, il est soupçonné. Par ailleurs, une fusillade fait quatre morts dont Jimi Hendrix, qui parcourait le monde avec Diane Jobert depuis qu’ils avaient été « remerciés » de la police. Il ne faudra pas trop longtemps au commandant Jean-Bosco Nyrabuhinja, aidé d’Anna, alias Jeanne Darnet, pour démêler l’écheveau de ces tragiques évènements et reconstituer le puzzle mortel.
Ce dernier opus de la trilogie maintient un suspense haletant, et ce d’autant plus que la chronologie, entièrement déconstruite, joue sur des retours en arrière expliquant ce qui était resté dans l’ombre. Ce tome, centré sur Léon Marcowitz et ses filles, ainsi que sur les membres de la brigade, m’a semblé particulièrement réussi. Il s’agit bien d’un roman noir, car la violence, la souffrance et le deuil sont plus que jamais présents ; chaque personnage reste une personnalité complexe, forgée par son histoire, en proie au doute. Les ex-subordonnés de Marcowicz lui restent fidèles et tous se protègent les uns les autres : la brigade a de nouveau perdu un de ses membres en la personne de Jimi, Antonin restera marqué à vie dans son corps, mais cette famille élargie montre à quel point elle est étroitement soudée dans l’adversité, prête à braver les lois et à vivre, dans la clandestinité, une nouvelle vie.
NB : Le tome 1 a été présenté sur le site : « Actualités Automne-Hiver 2016 » et le tome 2 dans les « Actualités Printemps-Été 2017 ».

Nouveautés en matière d’édition et de collections

Je commence à lire en BD, CP : Un nouveau copain, Mathieu Grousson/Sibylle Ristroph ou Je commence à lire en BD, CE1 : Marco est dans la lune, Mathieu Grousson/Séverine Cordier, Casterman, 2017.

De nombreuses vignettes colorées, comportant une ou deux bulles, racontent les journées des enfants qui fréquentent l’école des animaux. La description et le mode d’emploi d’une bande dessinée, ainsi que l’école et les personnages, sont présentés au début de l’ouvrage, à la fin duquel on retrouve jeux et quizz. Une nouvelle collection pour faciliter la lecture, en CP ou en CE1.

De son côté, Nathan lance, en partenariat avec Mobidys, expert en accessibilité cognitive, le label Dyscool, afin de faciliter la lecture des enfants dyslexiques. Les titres les plus connus de la collection Premiers Romans sont ainsi repris en intégralité, accompagnés d’outils adaptés qui vont permettre un déchiffrage, une compréhension et une autonomie plus faciles. Ainsi la police est plus lisible, le texte et l’illustration sont bien séparés, l’auteur a réécrit certains passages pour qu’ils soient mieux compris, des mots sont expliqués en bas de page, des syllabes sont colorées en bleu ou en rouge. L’attention, le décodage, l’abstraction et la motivation sont ainsi soutenus. Parmi les premiers titres : Le Buveur d’encre, Éric Sanvoisin/M. Matje ; Clodomir Mousqueton, Christine Naumann-Villemain/C. Devaux ; Une carabine dans les sardines (Anouk et Benji), Mymi Doinet/G. Chapron ; J’ai 30 ans dans mon verre (Nico), Hubert Ben Kemoun/R. Fallet. Une initiative très intéressante, à suivre.

Les enquêtes de Lottie Lipton : Les secrets de la pierre d’Égypte, Dan Metcalf, illustrations de R. Pernagarry, traduit de l’anglais par C-M. Clévy, Père Castor, Flammarion Jeunesse, 2017.

Voici une nouvelle série qui intéressera les jeunes amateurs d’enquêtes policières historiques. Ce premier tome met en scène des personnages qui deviendront récurrents. 1928 : Lottie Lipton, 9 ans, vit avec son grand-oncle, le professeur Bertram West, depuis que ses parents archéologues ont disparu, cinq ans auparavant, lors de fouilles en Égypte. L’oncle Bert s’occupant du département des antiquités égyptiennes, ils vivent dans un appartement du British Museum, ainsi que le gardien George. Lottie est une grande admiratrice de Victor Blade, l’inspecteur en chef de Scotland Yard, dont les enquêtes sont rapportées dans son magazine de chevet « Enquêtes et Mystères ». Elle hésite d’ailleurs entre devenir détective ou archéologue. Quoi qu’il en soit, son petit carnet et son crayon (livrés avec l’ouvrage) ne la quittent jamais, afin d’y noter des indices ainsi que le décodage des énigmes ou des messages secrets, le lecteur étant invité à l’imiter !
Cette fois-ci, elle et ses deux acolytes vont se lancer sur les traces d’un objet réputé légendaire, le trident de Neptune et le retrouver avant Bloomsbury Bill, un célèbre voleur londonien, qui se repentira d’avoir rencontré Lottie. Lecture facile, beaucoup d’humour.

Récits de la Bible, traduits de l’hébreu et adaptés par Pierre-Marie Beaude, Folio Junior Textes Classiques, 2017.

Quinze récits emblématiques qui permettront à chacun de découvrir l’Ancien Testament. Avec notes et carnet de lecture rédigés par l’auteur. Une occasion de découvrir la nouvelle maquette des Folio Junior.

Des nouvelles de réseaux déjà présentés

Cinéma, télévision, théâtre

Noémie superstar, Anne-Laure Bondoux, Mini Syros Roman, 2017.

Tout le village est en effervescence car un film va y être tourné avec la célèbre actrice Chloé Dubato et on cherche des figurants entre sept et neuf ans. Bien qu’elle se trouve bien trop laide avec ses lunettes, Noémie envoie sa photo et est retenue ainsi que Florian, son ami, et Garance, une peste, incollable en matière de cinéma… ou presque, car cette dernière découvre ainsi que les journées sont longues et qu’on peut être une star, comme la vedette du film, alors qu’on porte des lunettes. Un récit très court, bien écrit, pour comprendre que la beauté comporte de multiples facettes et reprendre confiance en soi.

Fille ou Garçon ?

Dans la peau de Sam, Camille Brissot, Soon, Mini Syros +, 2017

Lors d’une fête foraine high-tech, Charlie se retrouve dans le corps de Sam et vice versa ; elle est belle, populaire, mais assez superficielle, alors que lui est un garçon solitaire, au physique ingrat, servant de bouc émissaire à tous ses camarades du collège… Le premier étonnement et les premières fureurs passés, il va leur falloir se débrouiller chacun, non seulement avec ce nouveau corps, étrange à leurs yeux, suscitant le malaise, mais également avec un univers et une famille inconnus. C’est l’occasion pour tous deux de poser un nouveau regard sur l’autre, de le découvrir sous un autre jour et de changer de point de vue. Récit court et facile, non dénué d’humour, à destination des plus jeunes.

Albums

Le Frigo magique, Harlan Coben, illustrations de Leah Tinari, PKJ, 2016.

Qui se serait attendu à ce que cet auteur de thrillers imagine un album aussi farfelu ? Il faut dire que les illustrations aux couleurs vives, voire criardes et déjantées, y sont pour beaucoup. Walden apprécie très modérément de devoir mettre la table pour l’arrivée de ses grands-parents, oncles, tantes et cousins. Il a soif d’aventures et rêve d’autres horizons… Soudain son souhait se réalise : il est aspiré par un de ses dessins qui orne le frigo et se retrouve en mauvaise posture. Pour assurer sa survie, il passe ainsi dans une photo de ses grands-parents au zoo où il se fait attaquer par des singes, puis dans les différents documents et prospectus affichés sur le frigo, ce qui le mène de Charybde en Scylla ! Grâce, enfin, aux ciseaux d’un bon de réduction pour le coiffeur, il se tire d’affaire et retrouve toute sa famille pour laquelle il ressent finalement une affection toute neuve et très intense ! Cette morale toute simple et universelle vient en conclusion d’aventures magiques et fantastiques reposant sur une transgression narrative. Il faudra se montrer très attentif à la multitude de détails qui foisonnent sur chaque double page ; texte et images se complètent dans cet album original qui peut surprendre mais ne laissera pas indifférent.

Familles, Patricia Hegarty, illustrations de Ryan Wheatcroft, texte français d’Anne‑Judith Descombey, Père Castor, Flammarion, 2017.

Cet album très coloré, au format presque carré, célèbre la famille et son amour indéfectible à travers la vie quotidienne de dix familles représentatives de toutes celles qui composent la société contemporaine occidentale. Que l’enfant soit unique ou issu d’une famille nombreuse, handicapé, adopté, élevé par deux parents du même sexe, par ses grands-parents ou par sa mère seule, que ses parents soient d’origine africaine, asiatique ou européenne et quelle que soit la religion pratiquée, ces enfants focalisent attention et amour des adultes qui composent leur famille. Chaque double page comporte dix vignettes précédées ou suivies d’une phrase simple et poétique évoquant les joies et les peines de chaque jour. Accessible dès l’âge de quatre ans, cet album met en valeur de façon résolument optimiste le socle inébranlable constitué par la cellule familiale et insiste sur son rôle auprès des enfants. On ne peut malheureusement éviter de penser que ce message fort n’est pas la réalité de chaque enfant, aussi attaché soit-il à sa famille, et qu’il reste donc un idéal à atteindre dans de nombreux cas…

Rééditions ou Parutions au format poche de titres déjà évoqués (ou pas, d’ailleurs…) 

Aux éditions Gallimard Jeunesse

Dominic, L’Ile d’Abel et Le Vrai Voleur, William Steig, traduits de l’anglais par J. Hérisson et H. Robillot, Folio Junior, 2017.

Les aventures d’un chien généreux, d’un souriceau galant coincé sur une ile déserte et d’une oie que tout accuse : trois classiques de l’auteur.

Sur la tête de la chèvre, Aranka Siegal, traduit de l’anglais (États-Unis) par T. Brisac, Folio Junior, 2017.

L’histoire émouvante de Piri, une jeune hongroise juive âgée de dix ans lorsque la guerre débute ; elle et sa famille tentent de survivre, mais finissent par être déportées à Auschwitz. Récit d’inspiration autobiographique.

Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre, Ruta Sepetys, traduit de l’anglais (américain) par Bee Formentelli, Pôle Fiction, 2015.

Le récit bouleversant d’une jeune Lituanienne, Lina, et de sa famille déportée en Sibérie par Staline en 1941. L’auteure rend ainsi hommage aux trois peuples baltes décimés et à la dignité que personne n’a pu leur enlever. Librement inspiré de la vie de son père, l’ouvrage restitue avec beaucoup de force et de réalisme, parfois insoutenable, le combat pour leur survie de tous ces personnages profondément humains.

Tant que nous sommes vivants, Anne-Laure Bondoux, Pôle Fiction, 2016.

Une belle histoire d’amour sous forme de conte initiatique, qui ne cède pas à la facilité mais est porteuse d’espoir.

Tous nos jours parfaits, Jennifer Niven, traduit de l’anglais par V. Rubio-Barreau, Pôle Fiction, 2017.

Deux adolescents, Finch et Violet, essaient de retrouver ensemble le gout de vivre.

Le clan des Otori : Le Vol du héron et Le Fil du destin, Lian Hearn, traduit de l’anglais par Philippe Giraudon, Pôle Fiction, Gallimard, 2017.

Avec ces deux dernières parutions, l’intégralité de cette magnifique saga est à présent disponible au format poche pour les adolescents.

Aux éditions Thierry Magnier

 L’Expulsion, Murielle Szac, Petite Poche, 2017.

Nouvelle édition d’un texte paru en 2006, n’ayant rien perdu de son actualité.
S’appuyant sur une réalité qu’elle connait bien pour l’avoir vécue, l’auteure évoque l’expulsion de familles immigrées vivant entassées depuis des années dans des appartements vétustes. Sous les regards intrusifs des caméras, Bintou, la jeune narratrice, ressent de l’intérieur une humiliation supplémentaire, à savoir l’intervention musclée des policiers qui veulent faire évacuer l’immeuble « pour des raisons de sécurité ». Heureusement, des associations et certains riverains se mobilisent. Bintou surmonte sa honte et sait qu’elle peut compter sur son amie Lucie.
Un texte simple et fort, facile à lire et à comprendre, comme tous ceux de cette collection à prix modique publiant des petits romans qui se lisent comme une nouvelle.

Aux éditions PKJ

Blacklistée, Cole Gibsen, traduit de l’anglais (États-Unis) par A. Paupy, 2017.

Il faudra qu’elle soit à son tour harcelée au lycée et sur les réseaux sociaux pour que Regan, la narratrice, comprenne à quel point on peut souffrir du regard des autres, de leurs moqueries, voire de leur haine. Elle-même bien différente de ce qu’elle donne à voir, la jeune fille découvre à ses dépens que chacun autour d’elle cache bien son jeu, qu’il s’agisse de ses anciennes amies ou de nouveaux soutiens. Intrigue parfois prévisible mais bien conduite et salutaire.

Cité 19 : Ville noire et Zone blanche, Stéphane Michaka, 2018.

Enfin accessible en poche, une histoire passionnante, avec des retours dans le passé et des retournements de situations, présentée dans le cadre d’un réseau « Rêve ou cauchemar » (supplément en ligne Printemps-Été 2016).

N° 66 – BRICOLER, INVENTER, RECYCLER

Innovez ! Tel parait être le mot d’ordre institutionnel actuel. Mais ce que l’on baptise « innovation » est-il réellement nouveau ? Et, surtout, les innovations prônées sont-elles gages d’un véritable renouvèlement didactique et pédagogique, prenant en compte les problèmes d’apprentissage ?
Le numéro interroge les pratiques professionnelles dites innovantes comme les classes inversées. Il remet à leur juste place les outils numériques comme le TNI dont l’usage ne dispense pas d’une réflexion pédagogique et didactique. Les propositions d’activités du numéro réaffirment, dans l’acception que lui donne Lévi-Strauss, la part de bricolage pédagogique inhérente au métier. C’est l’expertise de l’enseignant qui lui permet de créer des dispositifs d’apprentissage et de gestion de classe efficients. Cela l’amène aussi à faire du neuf avec de vieilles recettes (en leur temps perçues comme innovantes) pour faire face à des prescriptions ou à des enjeux nouveaux. Ces dispositifs peuvent être d’envergure ou relever du quotidien de la classe. Dans les deux cas, ils demandent le temps de la maturation, de la concertation, de la mise en œuvre mais aussi le temps cyclique de l’expérimentation qui permet de les affiner.

Le numéro est disponible aux Presses Universitaires du Septentrion.

Sommaire

L’écureuil en cage de l’innovation, entre changement prescrit et invention ordinaire / Élisabeth Nonnon  9


Du temps pour inventer : un rallye avec toutes les 6e / Sophie Dziombowski  43


Le jour où je me suis déspécialisé / P. Heems  53


La classe inversée : l’innovation pédagogique en question(s) / Virginie Trémion  65


Votre futur livre préféré. Bricolages numériques entre exaltation et hésitations autour de la lecture cursive / Clémence Coget  81


Hors des rails / M. Habi  111


Innovations numériques et innovations pédagogiques à l’école / Cédric Fluckiger  119


Ma réforme de l’oral / Stéphanie Michieletto-Vanlancker  135


Faire du neuf avec du vieux : quelques réflexions sur un dispositif d’écriture à l’université d’Artois / Jean-François Inisan  147


Manipuler les textes avec les élèves : une relecture de Recherches / Nathalie Denizot  161


Des nouvelles du livre pour la jeunesse : terrorisme / É. Vlieghe  181

Éditorial

Pour célébrer ses 20 ans, Recherches publiait, en 2004, un numéro intitulé « Innover ». L’éditorial rappelait alors la place centrale, dans l’histoire de la revue, de « l’enseignant concepteur » qui innove « pour garder un regard critique sur l’évolution du système, une préoccupation particulière et générale pour ceux, élèves et parents, dont l’intérêt ne cesse jamais d’être au cœur des dispositifs d’apprentissage, en dépit des réformes et des discours officiels ». Il réaffirmait avec force que l’innovation était inhérente au métier et qu’il était prudent d’examiner la pertinence et le degré d’acceptabilité des innovations prescrites par une institution prompte aux rénovations de façade. Depuis lors, réformes et prescriptions ont continué à se succéder à un rythme tel que leur mise en place et leur appropriation, qui nécessitent un temps long [1], sont souvent vouées à l’échec. À cela s’ajoute l’absence d’évaluation effective et nuancée, faute de temps là encore, mais aussi de volonté politique : une telle analyse risquerait de mettre à mal la vénération du « neuf » face à la complexité des pratiques réelles et des apprentissages en jeu.

Si la revue a décidé de consacrer une nouvelle livraison à ce fil rouge, qui lui est cher, de l’enseignant-concepteur, c’est que […]

[1].    L’institution fait pourtant parfois l’expérience de ce temps long puisqu’il lui aura fallu près de trente ans pour appliquer, dans ses textes officiels, les rectifications proposées en 1990 par le Conseil Supérieur de la langue française.

Les coups de cœur d’Élizabeth Vlieghe – Printemps-été 2017

« Coups de cœur » DOCUMENTAIRES

Période électorale oblige, voici tout d’abord trois ouvrages au cœur de l’actualité :

La Démocratie en BD, Nathalie Loiseau, illustré par Aki, Casterman, 2017.

En un mois, Max et Nadia vont mener une enquête approfondie sur ce que signifie voter, élire, être élu. Ils ont en effet envie de se présenter à l’élection des délégués de leur classe de sixième, mais constatent rapidement qu’ils sont néophytes en la matière. Et ce ne sont pas les adultes qu’ils interrogent qui les rassurent sur la probité des hommes politiques. Ils vont essayer de se forger une opinion sur ce qu’est la démocratie et ce qui la constitue. Chaque réponse apportant de nouvelles questions, eux et leurs amis font ainsi le tour des institutions françaises et découvrent la complexité de la gestion du quotidien à l’échelle d’une commune ou de l’État. Conscients des responsabilités et des risques de la démagogie, ils se font élire sur un programme… démocratique. Un contenu dense, scénarisé par la directrice de l’ENA, rendu attrayant par la BD. Glossaire des mots-clés en fin d’ouvrage. Abordable dès le CM.

Les Élections, Sylvie Baussier, illustré par Maud Riemann, « Questions ? Réponses ! », Nathan, 2017.

En treize doubles pages illustrées de façon précise et souvent humoristique, le lecteur aura de nombreuses réponses aux questions qu’il se pose, tant sur les finalités que sur les modalités d’un vote, les différents types d’élections, de mandats ou les moyens de faire entendre sa voix. La dernière double page comporte un lexique des termes fondamentaux employés dans l’ouvrage, lequel aborde également les fausses démocraties et prône l’importance de l’Union européenne. Un sujet d’actualité pour ce numéro 46 d’une collection s’adressant aux jeunes à partir de 7 ans.

A voté ! On élit qui et pour quoi ?, Nicolas Rousseau, Castordoc, Flammarion, 2017.

Un tour d’horizon très complet en 95 pages qui permettra de comprendre les enjeux des différentes élections au sein d’une démocratie, en France, mais aussi dans d’autres pays, par comparaison. Un ouvrage qui contribuera à l’éducation à la citoyenneté, qu’il évoque les élections de délégués de classe, celle du président de la République ou les régimes dictatoriaux. Accessible dès le collège.

1939-1945… La Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier, Bruno Heitz, « L’Histoire de France en BD », Casterman, 2017.

Resituant rapidement l’arrivée de cette guerre à la suite de la première, le récit et les dialogues se concentrent sur la situation en France depuis la mobilisation générale jusqu’à la libération, l’armistice et la création de l’ONU. Les auteurs évoquent la vie quotidienne sous l’occupation allemande, la débrouille, la collaboration, les rafles, la résistance, en allant à l’essentiel. L’ouvrage se termine par des pages documentaires précisant certains points évoqués (quotidien, résistance, génocide). Abordable dès le CM1.
J’en profite pour signaler que Casterman modifie cette collection (refonte graphique, nouvelle maquette de couverture) et la segmente en six grands domaines : histoire (De Gaulle et le XXe siècle) ; art (Thématiques liées à des mouvements artistiques) ; sciences (Histoire de la vie) ; monde actuel (cf. le titre sur la démocratie présenté plus haut) ; mythologie (Jason et la toison d’or) ; classiques (Molière).

« Coups de cœur » ACTUALITÉ

Nouveautés en matière d’édition et de collections

Traces, Florence Hinckel, Soon, Mini Syros +, 2016.

En 1956, Philip K. Dick a publié la nouvelle The Minority Report, adaptée au cinéma en 2002 par Steven Spielberg ; l’auteure, quant à elle, s’appuie sur l’existant, à savoir les traces numériques que nous laissons tous, pour imaginer que le gouvernement français utilise un logiciel permettant d’arrêter les citoyens avant qu’ils ne commettent un crime. À Marseille, Thomas Codislo, 13 ans, féru de jeux vidéo, projette de réaliser une fan fiction avec son ami Steven ; il a donc fréquenté de nombreux sites consacrés aux armes à feu, afin que ses personnages soient crédibles ; en outre, il vit seul avec sa mère, son père a fait de la prison et ses résultats scolaires ne sont guère brillants… Il n’en faut pas plus au logiciel « Traces » pour conclure que le collégien de quatrième va passer à l’acte. Alors que la police s’apprête à l’arrêter, Thomas s’enfuit et la traque commence. Abordé par le collectif « Innocent jusqu’à preuve du contraire », qui cherche à l’utiliser pour prouver l’absurdité et les dangers du logiciel, Thomas se retrouve au cœur d’un autre coup de filet, visant Salierini, un mafieux également poursuivi par l’équipe de la commissaire Olympe Sax, laquelle est aussi convaincue de l’innocence du premier que de la culpabilité du second ! Ce roman, court et haletant, se déroulant sur 24 heures, alterne le récit à la première personne de Thomas et un autre à la troisième centré sur le personnage d’Olympe, tous deux entrecoupés d’articles de journaux expliquant la genèse du logiciel, son fonctionnement ou les polémiques qu’il suscite. Il pose à destination des adolescents maintes questions essentielles sur toutes les traces qu’ils laissent sur la toile sans réfléchir, entre autres, aux libertés individuelles et aux dérives sécuritaires. Si nous n’en sommes pas encore là en France, on sait que la tentation existe dans certaines têtes et qu’il faut rester vigilant.

Le jour où on a mangé tous ensemble et Le jour où la France est devenue la France, Thierry Lenain, illustrés par Thanh Portal, « Premiers Romans », Nathan, 2017.

Quand on fait la classe à des enfants de toutes origines, cultures et confessions, on a intérêt à être astucieuse, surtout si on veut être bien notée par ses élèves ou être capable de répondre au « Pourquoi ? » Madame Okili s’en sort haut la main et toute la classe pourra piqueniquer, chacun picorant dans ce que les autres ont apporté. De même, elle amènera ses élèves à prendre conscience qu’on peut être noir, être né en France et être français depuis plusieurs générations, qu’on peut être gabonais et blanc et que la France ne s’est pas toujours appelée ainsi ! Quant à savoir pourquoi l’une est noire et l’autre blanc, c’est une autre histoire. Tolérance, lutte contre les préjugés et les idées reçues, plaidoyer pour le vivre ensemble sont au cœur de ces récits essentiels comme l’auteur sait si bien les écrire [1]. Premiers titres d’une nouvelle série, « Le jour où », à lire et à relire pour répondre aux questions que les enfants se posent et alimenter les débats.
[1] Un réseau constitué des œuvres de Thierry Lenain a été publié dans le numéro 22 de Recherches (compléments dans le numéros 32).

Rock War 2, « L’enfer du décor », Robert Muchamore, traduit de l’Anglais par A. Pinchot, Casterman, 2017.

Les héros du premier tome[2] ayant été sélectionnés pour l’émission de téléréalité « Rock War », ils rejoignent d’autres formations venues de différentes régions du Royaume-Uni ; les douze groupes d’adolescents sont réunis dans un manoir aménagé à grands frais : durant six semaines, ils se prépareront à la première phase destinée à éliminer trois d’entre eux. Certains de ces jeunes, très naïfs, découvrent les coulisses de ce type d’émission destinée à faire de l’audience à n’importe quel prix. Suivis par les caméras quasiment 24 h sur 24, ils constatent à quel point tout est scénarisé et « bidonné ». Les rivalités et mesquineries entre candidats n’ont rien à envier à celles auxquelles se livrent les producteurs ; les réalisateurs et caméramans se frottent les mains dès qu’un incident ou un scandale éclatent, les journalistes s’en donnent à cœur joie en matière de révélations et chacun règle ses comptes. Théo, incontrôlable, Summer et sa jolie voix font le buzz ; Jay, fidèle à ses valeurs, essaie de garder son calme et n’en revient pas que Summer s’intéresse à lui. Les personnages gagnent en profondeur, chacun affirmant son caractère et sa personnalité et l’humour reste bien présent. La satire féroce du milieu de la téléréalité (cf. réseau présenté dans le numéro 52 de Recherches) fait mouche. Une lecture divertissante et facile. À noter : le changement de couverture, calqué à présent sur celles de la série Cherub. Le tome 3 est annoncé pour septembre 2017.

[2] Présenté sur le site « Actualités » Printemps-Été 2016.

Les Porteurs, #1 – Matt, C. Kueva, Éditions Thierry Magnier, 2017.

Depuis la catastrophe du 26 avril, au cours de laquelle ils ont été irradiés, les humains naissent hermaphrodites, portent un prénom neutre (Flo, Matt, Fab, San…) jusqu’à l’âge de 16 ans, date à laquelle ils choisissent leur sexe et un nouveau prénom au cours d’une cérémonie appelée « Seza ». Nous sommes dans un futur proche où les adolescents fréquentent le lyceum et vivent dans une néosociété qui a créé les « Centres de Planning Hormonal » au sein desquels les Sanits prennent en charge la reproduction. Gaëlle, la petite amie de Matt, a déjà subi sa transformation et se sent bien dans sa peau ; Matt sait que dans trois mois, il choisira d’être un homme, alors que Flo aimerait retarder ce choix. Mais l’univers de Matt bascule lorsqu’on lui annonce qu’il est porteur d’une maladie génétique l’empêchant de choisir : il va rester neutre durant de longues années, au cours desquelles il devra subir un traitement sous le contrôle du docteur Michelon. Toutes les certitudes du narrateur s’effondrent à l’annonce de cette déficience ; d’abord déprimé et replié sur lui-même, il accepte peu à peu l’aide de Gaëlle : celle-ci fait des découvertes intéressantes sur des traitements naturels alternatifs, recoupant les informations que Matt obtient de la part de Lou, un mystérieux jeune homme qui le fascine. Qui a raison, de l’état ou des tenants des traitements phytohormonaux ? Qui manipule qui et pour quelles raisons ? Cette intrigue originale met en avant, même si c’est parfois de façon un peu maladroite, la question du genre, en posant des questions cruciales : sur quels critères choisit-on de devenir femme ou homme ? Flo a-t-il (eh oui, le pronom neutre n’existant pas en français, l’auteure a choisi « il » pour désigner les pré-seza) de la peine à choisir parce que ses deux parents ont développé un comportement égalitaire et ont élevé leurs enfants dans une stricte neutralité de genre ? Flo, devenu.e Floriane, éprouve-t-elle une attirance pour Gaëlle parce qu’elle a fait le mauvais choix, ou parce qu’elle est attirée par les femmes ? Et que dire des sentiments que Matt éprouve pour Lou dès leur première rencontre ? Comme dans toute contrutopie qui se respecte, le lecteur comprend progressivement que le mensonge et la manipulation sont au cœur des principes de gouvernement. Premier opus d’une trilogie dystopique dont le deuxième tome, s’intitulant #2 – Gaëlle, sera attendu avec impatience par les lecteurs, vu les rebondissements en cascade.

La Brigade de l’ombre : Ne te fie à personne, Vincent Villeminot, Casterman, 2017

Suite des aventures de Léon Markowicz, de ses filles et des membres de la brigade spéciale de surveillance et d’interception des malades IBLIS, dite « brigade des goules ». Fleur et Adélaïde peinent à se remettre de l’assassinat de leur mère ; quant à Léon, il n’est plus que l’ombre de lui-même, toujours plus sombre et taciturne. Ses collaborateurs doivent arrêter un tueur jouant les justiciers en s’en prenant aux goules qu’il épie et traque sans relâche ; mais la police criminelle leur met des bâtons dans les roues ; le capitaine Diane Jobert, les auxiliaires de police Gilberte, Anna et Willa deviennent alors des proies, sans compter les filles qui, malgré toutes les précautions de leur père, seront encore directement mêlées aux événements. Le lecteur apprend à mieux connaitre chacun des personnages et ses blessures irrémédiables ; puis, à l’instar des deux adolescentes, découvrira enfin les multiples secrets du commissaire Markowicz et de ceux qui l’épaulent fidèlement, notamment Bosco et Jimi. Un récit haletant et sans temps mort qui fait se succéder actions, meurtres, poursuites, rebondissements et révélations.
Le tome 1 a été présenté sur le site : Actualités « Automne-Hiver 2016 ». Un troisième tome est annoncé pour le mois d’octobre 2017.

Les Animaux fantastiques, Le texte du film, J.K. Rowling, couverture et design intérieur par Minalima, indications scéniques traduites de l’anglais par J-F. Ménard, Gallimard, 2017.

Pour ceux qui n’ont pas vu le film ou veulent le revivre, les aventures de Norbert Dragonneau, explorateur et magizoologiste, à New York, en 1926. Intéressant, entre autres, si on veut faire découvrir ce qu’est un scénario. Prix élevé (21 euros), mais on peut espérer une publication en poche.

Le Monde farabuleux de Roald Dahl, Stella Caldwell, illustré par Quentin Blake, traduit de l’anglais par Marie Leymarie, Hors-Série Roald Dahl, Gallimard Jeunesse, 2017.

Les enseignants et bibliothécaires y avaient pensé depuis longtemps : proposer à leurs ouailles d’écrire, de dessiner, de fabriquer des textes ou des objets, bref d’imaginer et de créer à partir de leur lecture des romans de Roald Dahl, en résonnance avec elles… L’auteure s’est emparée de l’univers du « champion du monde des histoires » avec d’autant plus de talent qu’elle a été soutenue dans sa démarche par celui de Quentin Blake. Quatorze romans, répartis en trois pôles (« Magie et charivari », « Des adultes abominables » et « Des bêtes et des êtres fantastiques ») font ainsi l’objet de multiples facsimilés (rapports officiels divers, articles de journaux, affiches, cartes de visite, notes de Roald Dahl rédigées sur un bloc-notes jaune, etc.) et dessins, tous plus désopilants et inventifs les uns que les autres, renvoyant aux péripéties narrées et leur faisant écho ; le tout agrémenté en début d’ouvrage de photos, d’anecdotes et d’éléments biographiques. Les différents guides insérés en milieu de page (celui du « parfait gredin », « du baroudeur », « du parfait touriste » ou « Le Manuel de sorciérophilie ») m’ont semblé particulièrement réussis. Et, cerise sur le gâteau pour terminer, un petit mot sous enveloppe du grand romancier délivre aux lecteurs un secret précieux !

Duchesses rebelles, tome 2 : La Dangereuse Amie de la Reine, Anne-Marie Desplat-Duc, Flammarion, 2017.

Suite des aventures des duchesses exilées. Le récit est centré cette fois-ci sur Marie-Aimée de Rohan, duchesse de Chevreuse, amie de la reine d’Espagne, Anne. C’est en effet à son tour de rédiger ses mémoires comme Mademoiselle le lui a proposé ainsi qu’aux autres « Duchesses rebelles ». Le tome 1 a été présenté sur le site : Actualités Printemps-Été 2016.

Des nouvelles de réseaux déjà présentés

Enfant-espion

La Cible (Bodyguard, tome 4), Chris Bradford, traduit de l’anglais par Antoine Pinchot, Casterman, 2017.

La fin du tome 3 le laissait entendre : Charley allait raconter à Connor comment et pourquoi elle avait perdu l’usage de ses jambes. L’action de celui-ci se situe donc deux ans avant le premier opus. Charlotte Hunter n’a pas été épargnée par la vie : sa meilleure amie, Kerry, a été enlevée sous ses yeux alors qu’elles avaient 10 ans et elle en garde une immense culpabilité ; puis ses parents meurent tous deux en avion lors d’une attaque terroriste. Âgée à présent de 14 ans, elle vit dans une famille d’accueil qui a du mal à la gérer et cherche à oublier ses peines en faisant du surf. N’écoutant que son courage et sa témérité, elle sauve un jeune surfeur aux prises avec un requin, ce qui lui vaut d’être recrutée par le Colonel Black, le dirigeant de Bodyguard. Seule fille au sein d’une équipe de gars plutôt machistes, Charley devra prendre confiance en elle afin de s’imposer ; plusieurs missions réussies lui valent d’assurer la protection d’une jeune star du rock britannique, Ash Wild, lors de sa tournée américaine. En effet ce dernier, malgré une immense popularité, semble menacé. Charley découvre le milieu de la musique, des concerts et les inconvénients de la célébrité : comment protéger Ash des paparazzis aux aguets et des fans en délire, voire de ses proches eux-mêmes ? Elle se perfectionne sous l’égide de Big T, un colosse, garde du corps attitré de la jeune vedette, qui la prend son aile malgré l’ombre qu’elle lui fait. Les incidents de plus en plus dramatiques se succèdent et Charley elle-même devient une cible. L’auteur s’entend à multiplier les suspects, les vrais et faux coupables, les rebondissements abondent. La tension est d’autant plus forte pour le lecteur qu’il sait que Charley sera grièvement blessée, mais il lui faudra attendre la dernière minute pour apprendre dans quelles circonstances. Tant d’épreuves pour une seule adolescente sont-elles possibles ? On pourrait se dire que le romancier exagère, mais la vie nous apprend que ce n’est pas le cas. Il a choisi de créer un personnage résilient. Charley est prête une nouvelle fois à rebondir, comme le lecteur avait pu le constater dans les trois tomes précédents. Musique, action, romance sont au rendez-vous, aucun temps mort !

Parutions au format poche de titres déjà évoqués (ou pas, d’ailleurs…) ; rééditions comportant des modifications

Aux éditions Gallimard Jeunesse

Folio Junior fête ses 40 ans : à compter du 1er juin 2017, nouvelle charte graphique et nouveau logo ; c’est la cinquième fois que la collection fait peau neuve…

Le roman d’Ernest et Célestine, Daniel Pennac, Folio junior, 2017.

Le roman du film. Édition originale publiée en grand format par Casterman en 2012, qui publiera en septembre 2017 une version illustrée grand format du roman rédigé par Pennac.

Quelques minutes après minuit, Patrick Ness (d’après une idée originale de Siobhan Dowd), traduit de l’anglais par Bruno Krebs, Folio Junior, 2016.

Un film adapté de ce roman est sorti en janvier 2017. Une édition du film en grand format est parue simultanément.

Les Hauts de Hurle-Vent, Emily Brontë, Traduit de l’anglais par F. Delebecque, Folio Junior Textes Classiques abrégés, 2017.

Après la vague, Oriane Charpentier, Pôle Fiction, 2017.

La face cachée de Margo, John Green, Traduit de l’anglais par C. Gibert, Pôle Fiction, 2017.

Animale, tome 2 : La prophétie de la reine des neiges, Victor Dixen, Pôle Fiction, 2017. Rappel : Tome 1 : La malédiction de Boucle d’or, Pôle Fiction, 2015.

Aux éditions Flammarion Jeunesse

Le célèbre Imagier du Père Castor (1995) parait en édition bilingue arabe-français, A. Telier, traduction revue et complétée par Yacine Benachenhou, illustrateurs multiples, 2017.

Sous chaque image le mot est noté en caractères arabes, en arabe phonétique et en français.

Par ailleurs, les romans à succès de Pierre Bottero sont réédités dans un nouveau format semi-poche (140 x 190), avec un graphisme bien spécifique formant ainsi une collection à part entière qui devrait rapidement devenir collector. Deux titres à ce jour : Le Garçon qui voulait courir vite (deuil et amour entre frère et sœur) et Tsina (amitié entre une jeune fille et un cheval), 2017.

Aux éditions Casterman

Hors la loi, Cherub 16, Robert Muchamore, traduit de l’anglais par A. Pinchot, 2017.

Aux éditions PKJ

Divergente, Véronica Roth, traduit de l’anglais par A. Delcourt, 2017.

Bonne nouvelle : PKJ publie les trois tomes de cette dystopie, rendue célèbre par le cinéma, en poche dans sa collection « Best ».