- Coups de cœur documentaires
- Coups de cœur fictions
- Nouveautés en matière d’éditions et de collections
- Des nouvelles des réseaux déjà présentés
- Parutions au format poche et rééditions
DOCUMENTAIRES
La Joconde et les autres, Alice Harmane, illustré par Quentin Blake, Louvre éditions/Flammarion jeunesse, 2023.

Afin que personne ne croie que le Louvre n’héberge qu’une seule star, c’est Monna Lisa elle-même qui, après avoir sacrifié aux présentations, fait découvrir au lecteur trente chefs d’œuvre qu’elle côtoie. Certes, le choix en est forcément subjectif, mais on aurait tort de bouder le plaisir procuré par ces doubles, voire quadruples pages humoristiques, tant grâce aux petits dessins de Quentin Blake qu’aux textes, éducatifs par ailleurs. Les œuvres sont reproduites et légendées à gauche, tandis qu’à droite, sur deux colonnes, le (ou l’un des) personnage, peint ou sculpté, interpelle le lecteur pour lui faire part de ses états d’âme ou lui confier des secrets : tels les époux étrusques1 affirmant qu’ils étaient égaux dans la vie, le petit ange2 confirmant qu’à cette époque beaucoup pensaient que les femmes ne pouvaient pas être des artistes à part entière ou encore ce Pierrot désabusé3 se plaignant d’être un souffre-douleur, que réconforte l’âne du tableau… Il s’agit d’un ouvrage de grande qualité qui fera découvrir l’art, de façon agréable et ludique mais également documentée, en priorité aux jeunes, mais sans doute également aux plus grands. Une présentation du Louvre, dix idées pour regarder une œuvre d’art, une frise chronologique et un glossaire complètent efficacement un documentaire indispensable au sein des CDI.
[1] Sarcophage des époux, 520-510 AV. J.-C, argile peinte. Trouvé à Cerveteri, Italie.
[2] Le rêve du bonheur, 1819, de Constance Mayer Lamartinière.
[3] Pierrot, 1718-1719, de Jean Antoine Watteau.
FICTIONS
Le Citronnier, Ilia Castro, illustré par Barroux, Éditions D’eux, 2023.
Le lecteur ne connaitra jamais le prénom de cette petite fille, symbole de tous les enfants nés dans un pays en guerre, au sein d’une dictature capable des pires exactions. « Elle », « lucide et lumineuse », se réfugie dans le citronnier d’où elle entend les bruits de fusillades, d’où elle voit son père enterrer des livres, où sa mère l’envoie dès que les opposants au régime se réunissent chez eux… Jusqu’au jour où ceux-ci seront à leur tour exécutés. La narration, déjà très poétique, bascule alors dans le merveilleux : les larmes de la petite fille forment une rivière, survolée par de grands oiseaux blancs, emportant tout sur son passage, notamment les corps jetés vivants des hélicoptères, jusqu’à s’apaiser pour augurer d’un avenir plein de promesses. D’origine argentine, l’auteure est une conteuse hors pair n’occultant aucunement les horreurs perpétrées dans son pays ou d’autres, vues par une enfant qui néanmoins garde l’espoir de jours meilleurs. Les illustrations saisissantes de Barroux donnent toute leur puissance fantastique et métaphorique à un texte fort et nécessaire.
La Planète de grand-père, Coralie Saudo, illustré par Marie Lafrance, Éditions D’eux, 2023.
Le titre, et davantage encore la couverture, donnent le ton : de la terre, un petit garçon stupéfait regarde son grand-père juché sur une autre planète ; ce dernier a la tête à l’envers, le nœud papillon de sa chemise contraste avec le bas de pyjama, sans parler du chapeau melon contenant un oiseau, posé en équilibre sur son crâne… Le narrateur imagine que son grand-père vit sur cette autre planète où rien ne tourne rond, car celui-ci agit de façon de plus en plus farfelue, mettant du sel dans son café ou dormant dans la niche de son chien, voire inquiétante quand il offre à son petit-fils un bouquet d’artichauts pour nourrir son zébu en l’appelant Raymond. Déstabilisé, l’enfant se confie à son père qui lui explique que le sac de souvenirs de son grand-père, ex gardien de zoo, est usé, troué : il se vide… Qu’à cela ne tienne, le narrateur fera, lui, provision de souvenirs afin de les restituer à son grand-père. Un album tendre, poétique et métaphorique qui explique en douceur les maladies de la mémoire ; les illustrations au pastel, toutes en rondeur, joyeuses et burlesques, occupent la plus grande partie des pages, magnifiant un texte très accessible, aux sonorités souvent rimées.
Cheval de guerre, Michaël Morpurgo, traduit de l’anglais par Diane Ménard, illustré par Tom Clohosy Cole, Gallimard Jeunesse, 2023.
Adaptation pour les plus jeunes du célèbre roman éponyme de l’auteur (présenté dans le numéro 60 de Recherches, 2014-1). Album aux très belles illustrations dont les couleurs ocres rendent bien compte d’une atmosphère de guerre, avant de retrouver la clarté. À noter : le narrateur n’est plus le cheval ; ses aventures et celles de son ami Albert sont rapportées à la troisième personne.
Nous, Liisa Kallio, Traduit du finlandais par Päivi Ruoste, Les Albums Casterman, 2023.
Malgré des physiques et des caractères différents, nous partageons des expériences universelles. Chacun est unique mais nous sommes tous pareils… L’auteure-illustratrice croque la diversité des humains avec des crayons de toutes les couleurs. Elle livre aux jeunes lecteurs une leçon d’humanité et de tolérance dans un festival de teintes chatoyantes et lumineuses. Une célébration simple, gaie et rythmée, très réussie, de vies si différentes et pourtant si communes.
Le Tout Petit Monsieur et la Très Grande Dame, Claire Renaud, illustré par François Ravard, Folio Cadet, Gallimard, 2022.

Pourtant tous deux pétris de qualités, Marcel et Hélène, 30 ans, souffrent de solitude chacun de leur côté. Comment expliquer que deux êtres, gentils, élégants, généreux, musiciens de surcroit, n’aient pas rencontré l’âme sœur ? La réponse transparait dans le titre évidemment. Même si leurs caractéristiques physiques leur ont souvent procuré des avantages dans la vie courante ou dans le domaine sportif, les surnoms dont on les a affublés (ma puce/ma girafe) durant toute leur enfance ont contribué à développer en eux des complexes irréversibles et la peur de l’autre. Mais un jour chacun est bien décidé à défier le sort : leur profil (un peu édulcoré bien sur…) « matche » sur un site de rencontres. La suite ressemble à un conte de fées empreint d’humour : foin des différences physiques, vive la complémentarité et les gouts partagés ! Une romance émouvante et réjouissante, aux illustrations drôles et touchantes.
Un amour sur mesure, Roland Fuentès, illustré par Alexandra Huard, Album Nathan, 2017.
L’ouvrage précédent m’a rappelé cet album que je n’ai pas eu l’occasion de présenter à l’époque de sa sortie. Seuls et rejetés tous les deux par leurs congénères, Garganton, géant minuscule, et Mimolette, naine géante, se rencontrent par hasard après avoir tenté chacun, en vain, de se faire accepter par la communauté de l’autre. Leur chagrin une fois surmonté, ils comprennent qu’ils peuvent faire abstraction de leur différence et unir leurs destins : il leur faudra juste rejoindre un lieu où ils pourront être eux-mêmes, ni plus ni moins. Abordable dès la maternelle, cette histoire touchante et non dénuée d’humour (et ce, dès le titre), illustrée par des dessins tout simples et très colorés, met en avant les blessures causées par la mise au ban des « a-normaux », ceux qui ne rentrent pas dans les cases, tout en prônant l’acceptation de soi et le dépassement des préjugés, même si c’est au prix d’un exil permettant de trouver le bonheur.
Les Toutrouges et les Toutbleus, Julia Donalson et Axel Scheffler, traduit de l’anglais par Catherine Gibert, « L’heure des histoires », Gallimard Jeunesse, 2023.
Popularisée par la sortie du film en octobre 2023, voici une autre déclinaison de la nécessaire reconnaissance des différences, incitation humoristique à oublier les préjugés et à célébrer l’amour quelles que soient l’origine et la culture. Hautement recommandable.
Histoire de la fille qui ne voulait tuer personne, Jérôme Leroy, Syros, 2023.
2069 : Ada, 17 ans, ne voit que des avantages à vivre dans une société qui a banni la violence, prône l’égalité entre tous et la sobriété écologique. En tant que « pionnière », elle se doit de montrer l’exemple aux autres jeunes. Mais la doctrine consistant à donner la priorité au vivant a été mise à mal lorsque le peuple de la Fédération Européenne a voté le rétablissement de la peine de mort. Ulcérée de ce choix, la présidente Agnès Cœur a donc décidé que chaque exécution, filmée tel un spectacle, serait mise en œuvre par un citoyen tiré au sort ; elle espérait ainsi qu’on y réfléchirait à deux fois avant de prononcer la peine capitale, ce qui ne fut pas le cas ! Le destin d’Ada, majeure depuis un an, bascule lorsque son nom est tiré au sort : en tant que fille de Clara Veen, haute responsable politique française ambitieuse et intraitable, il semble impensable qu’elle se dérobe à son « devoir », à l’instar de cette jeune mère bulgare qui paiera son refus de sa vie. Obsédée en outre par le fait qu’elle a dénoncé son père qui fumait quand elle avait 5 ans, Ada prend alors conscience des travers de cette société engluée dans ses contradictions : sous couvert de protéger sa population après les terribles évènements qui ont décimé la population mondiale (2033-2043), celle-ci est devenue totalitaire, n’hésitant pas à reléguer au « Dehors » nombre de sous-citoyens condamnés à la misère, à la maladie et à la violence… Éprise de Jason Leurtillois, lycéen poète, plus critique qu’elle, Ada peut compter sur lui et ses amis du « gang Nerval », sur le frère d’adoption de son amoureux, Stan Dialo, ainsi que sur Boris, son grand-père maternel : tous vont prendre des risques, voire se sacrifier, pour organiser sa fuite et essayer d’échapper aux policiers lancés à ses trousses par sa propre mère. Ada et Jason réussiront-ils à quitter Rouen, la capitale française, pour rejoindre le Portugal, seul état n’appliquant pas les lois rigides et intraitables de la Fédération Européenne ? Illustrant le proverbe « L’enfer est pavé de bonnes intentions », il s’agit d’un récit d’anticipation bien mené, alternant des points de vue, des lieux et époques différents, d’autant plus effrayant qu’il semble crédible à bien des égards : il devrait alerter et faire réfléchir, tout en captivant.
Galère !, Susie Morgenstern, Éditions Thierry Magnier, 2023.
Le monde s’effondre pour Alex, 15 ans, lorsque Pierre-Louis Charles, son père, est abattu par un déséquilibré. Déjà orphelin de mère (tuée de la même façon…), il doit quitter son Connecticut natal pour s’installer à Paris où vit Louis-Pierre, frère jumeau de son père dont il ignorait l’existence. Les premiers mois sont extrêmement difficiles pour Alexandre : il a laissé derrière lui son meilleur ami Brad, sa copine Mélissa, son chien adoré et ne connait de la langue que le juron favori de son père : « Galère » … À défaut d’affection, son oncle, homme d’affaires riche, très occupé et distant, lui offre un grand confort matériel, mais surtout, heureusement, embauche Gillian, répétitrice de français devenue rapidement une amie et une confidente pour le jeune expatrié. Au fur et à mesure de ses progrès en français, Alex sort de sa morosité et de sa colère pour découvrir ce qui l’entoure, nourrir des amitiés et même tomber amoureux d’une camarade de classe, Héloïse. L’auteure ne résiste pas au plaisir d’égratigner au passage le système scolaire hexagonal qu’Alex trouve insipide et peu chaleureux comparé à ce qu’il connaissait aux États-Unis. Il se fera fort d’ailleurs d’égayer musicalement les mornes journées du lycée avec son nouvel ami Victor, et de confronter certains profs à leur manière d’enseigner. Mais le choc ne sera pas que culturel pour Alex, bien décidé à lever quelques secrets de famille bien gardés : cela lui permettra de comprendre pourquoi son père, normalien brillant, génie des mathématiques et excellent musicien, a coupé radicalement les ponts avec son passé, sa famille et son pays. La lecture de lettres trouvées dans un grenier, les discussions avec son adorable grand-tante Élisabeth vivant à Nice et ses propres recherches le conduiront à la vérité : sans le savoir, son père s’était lié à la mafia, d’où son exil. Comme le remarque le narrateur, ce récit à la première personne commence et se termine par l’évocation d’un enterrement ; pourtant, cet « Américain à Paris » dont Susie Morgenstern pourrait dire à certains égards : « Alex, c’est moi ! », fait preuve d’un bel optimisme et de beaucoup d’humour malgré les épreuves et les menaces, bien décidé à vivre un nouvel avenir plein de promesses.
Nouveautés en matière d’éditions et de collections
GALLIMARD JEUNESSE
« La vie commence en sixième », tome 1, Catarina, Alice Butaud, 2023.
Nouvelle série humoristique mettant en scène cinq amis surnommés « La bande des thons ». Ce premier tome est narré par Catarina qui va « sauver la vie » de ses parents en comprenant le langage de son nouveau petit frère Jonas, tout en n’étant pas insensible au charme d’Azamat, un nouvel élève arrivé d’Afghanistan. Chronique familiale et amicale amusante se déroulant lors d’une première année de collège tant attendue. Idriss (2024), Esther, Ninon et Pablo prendront (sans doute…) le relai pour donner leur point de vue.
FLAMMARION JEUNESSE
« Les Enquêtes de Lya et Mathis » : Mystères dans les rapides, Estelle Vidard, illustré par Benjamin Stickler, Castor Romans, 2023.
Présentée comme « une série d’enquêtes pour découvrir la France à travers son patrimoine », cet opus ainsi que les autres intitulés L’Énigme des graffitis et Disparition sous la neige, met en scène Lya et Mathis vivant dans une famille recomposée.
Âgés de 9 ans, ils se retrouvent dans des lieux différents durant les vacances, que ce soit dans les Gorges de l’Ardèche, en Charente-Maritime ou dans la vallée de Chamonix, où ils jouent les détectives amateurs. Lecture facilitée par les nombreux dialogues. Les deuxième et troisième de couvertures à rabats présentent la famille recomposée ainsi que les principaux sites touristiques de la région évoquée.
Sans toujours entrer dans le détail, je signale certains nouveaux titres de séries ou de collections déjà présentées ou évoquées au sein d’autres chroniques.
Chez Gallimard Jeunesse
« Mes premières découvertes » : Robots. Qu’est-ce qu’un
androïde ?, Emmanuelle Kecir-Lepetit, illustrations d’Agnès Yvan, et Volcans. Un volcan est-il une montagne ?, Sophie Bordet-Pétillon, illustrations d’Aurélie Verdon, 2023.
Déjà riche d’une quinzaine de titres, cette collection de documentaires animés aborde des thèmes très variés susceptibles de répondre de façon précise et agréable aux questions des 4-7 ans ; petit plus : 40 volets à soulever et des surprises à découvrir…
« Giboulées » : Émile visite le musée, Vincent Cuvelier et Ronan Badel, 2023.
Un nouvel opus désopilant des aventures d’Émile : de quoi voir les musées d’un autre œil… Humour garanti !
« Bam ! » : Cinéma. 40 réalisateurs et réalisatrices, David Honnorat et Jérôme Masi, 2023.
De Georges Méliès à Greta Gerwig, l’auteur brosse un panorama de cinéastes qui, de son point de vue, ont marqué l’histoire du cinéma. Même si la parité n’est pas tout à fait respectée, les femmes sont à l’honneur : ouvrage synthétique et intéressant.
Chez Casterman
« Casterminouche » : Moi, j’aime pas comme je suis, Alma Brami et Thierry Manes, 2023.
Malgré les mots rassurants de sa maman, la narratrice n’aime pas du tout son physique. Elle voudrait être belle comme Sonia et rêve de devenir une star. Mais quand elle découvre que Thomas en pince pour elle, elle prend enfin confiance en elle et s’accepte. Accessible dès la maternelle, une histoire aux illustrations toutes douces pour évacuer les complexes, retrouver l’estime de soi et, qui sait, rencontrer un premier « amoureux ».
« Les Petites Lumières » : Le chemin du bonheur, Chiara Pastorini et Annick Masson, 2023.
Marcello n’a pas le moral aujourd’hui. Au cours d’une balade, sa maman lui apprend qu’il faut savoir repérer et cultiver tous les petits bonheurs de la vie.
Chez Syros
Obsessions ; Amnésie, Danièle Thiéry, 2022 ; 2024.
Suite des aventures d’Olympe (cf. Cannibale et L’Ange obscur, présentés en 2022), fille du capitaine Anthony Marin. Avec son amie Salomé, Olympe suit les enseignements de droit à la faculté de Nancy ; toutes deux sont passionnées par les cours de criminologie du professeur Alexis César, mais pas forcément pour les mêmes raisons… Olympe se sent souvent épiée et aperçoit soudain dans l’amphi Rafaël, son amoureux disparu depuis deux ans. Elle le reverra fugacement plusieurs fois, mais ni Salomé, ni la famille Cottin, ni le sergent Johnny Vaillant ne la croient, pas plus que son père absorbé par la traque d’un pervers sévissant entre Épinal et Nancy. Comme à son habitude, Olympe n’en fera qu’à sa tête, s’arrogeant un rôle d’enquêtrice avant l’heure, prête à mentir, à manipuler les autres et à se jeter dans la gueule du loup… Parfois naïve et aveuglée, elle n’en demeure pas moins opiniâtre, contribuant ainsi à faire avancer deux enquêtes qui, fatalement, se rejoindront. Fausses pistes, indices que les plus futés repéreront, secret de famille, suspense, émotion sont au rendez-vous dans un récit s’accélérant vers un final haletant qui ravira les lecteurs adolescents ayant apprécié les deux premiers opus.
La quatrième intrigue ne déroge pas à la règle… Toute la famille d’Olympe a rejoint Bordeaux, Antony Marin ayant été promu commandant. Notre héroïne poursuit son cursus de criminologie et cohabite avec son amie Salomé qui l’a suivie. Selon un scénario bien établi à présent, Olympe se retrouve impliquée dans une nouvelle affaire comportant plusieurs volets qu’elle seule met en relation : une lettre manuscrite à l’orthographe défaillante avouant des meurtres, cachée dans une vieille commode, puis un crime commis devant le dojo où elle s’entraine au karaté dont la victime, un certain Genevoix, fut condamnée quatorze ans auparavant pour des meurtres toujours niés… Elle s’interroge par ailleurs sur le comportement étrange de Lounis, qui ne semble pas apprécier le karaté autant qu’elle. Contrairement à son père obligé de respecter les limites de la légalité, Olympe, toujours aussi fougueuse et culottée, mène à nouveau l’enquête, réussissant à obtenir, en douce, l’aide de Clémence Zeller, la nouvelle adjointe du commandant. La jeune femme se retrouve de nouveau en très mauvaise posture, avant que sa famille, ses amis ainsi qu’Adrien, son amoureux, ne puissent célébrer sa bravoure et ses exceptionnelles qualités d’enquêtrice.
Go fast Go slow ; Sorry Mom, Sylvie Allouche, Syros 2022 ; 2024.
Toujours aussi addictives, voici deux nouvelles enquêtes de « la meilleure flic de France » (dont les trois premières ont été respectivement présentées en 2020 et 2022). Mêlant habilement trois fils narratifs, l’intrigue suit le parcours de Camille, condamnée à 7 ans de prison pour trafic de drogue : Tommy, son amour de jeunesse, est mort lors de leur interpellation et elle a été séparée de sa fille Romy dont elle a accouché en détention. Décidée à se reconstruire à sa sortie, elle est malheureusement rattrapée par son passé et soumise au chantage de l’Indien, trafiquant notoire que l’équipe de Clara poursuit, alors que cette dernière part en urgence rejoindre sa soeur Lisa et sa nièce Lilo à Saint Malo : il semblerait qu’on ait retrouvé Vincent, leur frère et oncle disparu… Aucun temps mort dans ce récit très dialogué mettant en scène des personages attachants et complexes, pour la plupart (exceptés les « méchants ») pétris d’humanité. Bien documentée, sans être didactique, la fiction aborde de multiples problèmes de société tels la vie en prison, le trafic de drogue, mais également toutes les facettes des liens familiaux dans leurs aspects les plus tragiques ou les plus merveilleux.
Le tome suivant ne déroge pas à la règle du puzzle qu’il faudra reconstituer; à son corps défendant, l’équipe de Clara hérite d’une affaire se complexifiant à vue d’œil : qui est cette femme inconnue, battue et jetée nue comme un vulgaire déchet dans la poubelle d’un quartier chaud ? Et ce jeune garcon muet, bien mal en point, découvert au fond d’une cave de ce même quartier ? L’impétueuse et volcanique Clara doit en outre gérer l’arrivée de Lilo, en stage dans son commissariat ainsi que le retour pour deux mois de son amoureux Antoine, parti depuis un an étudier la criminologie à Quantico, sans compter les projets de promotion que son chef Vernon élabore pour elle ! Ce dernier point l’amène à faire la connaisance de Manon Desprats, une journaliste opiniâtre qui veut absolument mettre Alain Malherbes, le ministre de l’intérieur, face à ses responsabilités d’ancien élu. Par ailleurs, Jules, le fils de ce dernier ressent constamment un mal être qui l’amène à se détruire. Les fils se nouent progressivement : Clara décide de faire confiance à Manon qui va les aider dans leurs recherches les menant en Belgique où l’assassinat de l’inconnue trouve ses racines. Lilo, quant à elle, épaulera également cette équipe si soudée dont l’implication sera à nouveau quasiment fatale à un autre de ses membres. Cette fois encore, la famille et l’infinie variété des sentiments qu’elle suscite semble au cœur de l’intrigue : enfants que l’on est obligé d’abandonner, enfants que l’on désire au point d’en devenir criminel, enfants que l’on veut guérir, enfants que l’on veut protéger, enfants maltraités… Les liens à la mère sont finement décortiqués et les lecteurs découvriront avec étonnement l’existence, dans certains pays, des « boites à bébés », variante moderne des tours d’abandon d’autrefois… Intrigue passionnante et prenante.
DES NOUVELLES DES RÉSEAUX DÉJÀ PRÉSENTÉS
EXILS ET MIGRATIONS
Un autre rivage, Chloé Alméras, Gallimard Jeunesse, 2022.
La jeune narratrice, sa sœur Eda et leurs parents, Ouma et Joroun, doivent fuir leur village englouti par les eaux. Commence alors une longue errance dans de frêles esquifs, les maigres repas, l’interdiction d’accoster sur d’autres iles, le naufrage et, enfin, l’accueil par des iliens généreux pratiquant l’hospitalité et la solidarité. Volontairement optimiste, cet album aux illustrations naïves et colorées fait la part belle à l’imaginaire et à la poésie à travers le récit sans pathos de la narratrice, fille d’un couple mixte, qui recommencera une nouvelle vie avec sa famille parmi d’autres terriens, devenus leurs amis. Car, comme le dit l’auteure : « La terre est la maison de tous les hommes. »
Un si petit jouet, Irène Cohen-Janca, mis en images par Brice Postma Uzel, Les éditions des Éléphants, 2022.
Faisant écho à deux autres récits déjà présentés, Comment mettre une baleine dans une valise (2022) et Kissou (2023), ce petit album au format carré met en scène les doctes affirmations d’une petite fille présentant son jouet préféré, sa poupée Léo, prénom court et toute petite taille. Ce n’est qu’après avoir détaillé comment elle joue avec sa poupée, comment elle s’occupe d’elle et à quel point elle l’aime que la narratrice expliquera qu’elle a dû fuir la guerre faisant rage dans son pays en abandonnant son ours blanc Noki, trop grand pour entrer dans sa valise… Alors, mieux vaut prévoir : s’il faut fuir de nouveau, elle pourra emporter Léo avec elle. L’exil et le déracinement sont évoqués avec beaucoup de délicatesse et sans pathos ; finalement, la narratrice se fait une amie, quand elle découvre que Flora possède elle aussi une très petite poupée nommée Pipa, facilement déplaçable et transportable car, ses parents étant séparés, elle passe d’une maison à l’autre. Le texte rédigé à la première personne en capitales d’imprimerie s’insère dans des illustrations pleine page, très colorées (rouge, vert, bleu nuit) composées, entre autres, de silhouettes disproportionnées, vues de profil.
TERRORISME
Le Jour où tout a basculé, Julie Buxbaum, traduit de l’anglais (États-Unis) par Benjamin Kuntzer, PKJ, 2022.
Ce jour là, le 11 septembre 2001, Abbi Hope Goldstein fêtait son
premier anniversaire à la crèche du World Trade Center. La photo de son sauvetage par Connie Kramer a fait le tour du monde : on l’a surnommée « Baby Hope », symbole qui lui pèse et auquel elle refuse de s’identifier. Ses parents, des survivants eux aussi, sont séparés mais habitent dans la même rue pour mieux la couver… Craignant d’être atteinte du « syndrome du WTC », Abbi leur cache sa toux sèche et les saignements qui l’affectent, préfèrant se réjouir de pouvoir encadrer de jeunes enfants en camp de vacances. Elle y fait la connaissance de Noah Stern, un peu plus jeune qu’elle, obsédé par son père porté disparu, puis déclaré mort suite à l’attentat. Il croit le reconnaitre sur la fameuse photo et décide, sous couvert d’écrire des articles pour le journal du lycée, de rencontrer toutes les personnes qui figurent dessus, car il veut croire que son père est peut être encore vivant. Il sollicite l’aide d’Abbi ; très réticente au début, elle finit par accepter de l’accompagner chez les survivant·e·s. Car de nombreuses personnes, dont Connie, sont mortes suite à l’inhalation des gaz toxiques ayant saturé l’air après les explosions. Ce sera pour les deux protagonistes l’occasion de mieux comprendre leur histoire, ce qui les a façonnés et de regarder l’avenir plus sereinement. Alternant le point de vue à la première personne d’Abbi et de Noah, l’auteure réussit non seulement à rendre compte de leurs questionnements et émotions ainsi que de leur évolution, mais également à faire vivre tous ceux qui les entourent, parents, amis ; et surtout, à donner la parole aux survivant·e·s de la tragédie pour lesquels il y aura toujours un Avant et un Après. Un récit sensible et optimiste sans pathos.
CLONAGE/MANIPULATIONS GÉNÉTIQUES ; SOCIÉTÉS TOTALITAIRES
Méto Zone noire, Yves Grevet, Syros, 2022.
La célèbre trilogie de l’auteur (cf. Printemps-été 2018, Méto : La Maison, L’Ile, Le Monde, 2018) trouve ici une suite, même si l’éditeur affirme que cet opus peut se lire séparément. Simultanément paraissent chez Glénat trois bandes dessinées, dont l’action se déroule à la même époque que celle de la trilogie ; elles mettent en scène des personnages secondaires du roman qui jouent cependant un rôle important auprès de Méto et de ses amis : Nestorius, monstre-soldat, Ursina, espionne et Joe, enfant abandonné par ses parents. Âgé à présent de 17 ans, Méto a négocié de vivre libre sur l’ile d’Hélios avec ceux qu’il a délivrés des Maisons, contre la promesse de ne pas répandre la révolte sur le continent. Mais il est contraint de pénétrer dans la Zone noire, contaminée depuis la troisième guerre mondiale, afin d’y livrer une rançon suite à l’enlèvement de sa jeune sœur. Commence alors une aventure haletante, narrée à la première personne par le héros, heureusement soutenu par ses amis, son amoureuse Caelina ainsi que des opposants au régime totalitaire, les Chiendents. Il leur faudra à tous beaucoup d’astuce et de courage pour délivrer les enfants de cette dernière Maison, faire éclater la vérité et renverser la dictature en place.
RÉÉDITIONS OU PARUTIONS AU FORMAT DE POCHE DE TITRES DÉJÀ ÉVOQUÉS (ou pas, d’ailleurs…)
Aux éditions Flammarion Jeunesse
Le Meilleur Loup de l’année, Géraldine Maincent et Roland Garrigue, Père Castor, 2023.
Afin de déterminer qui remportera le prix du plus méchant/affreux/terrible loup, tous ceux qui parsèment les contes les plus connus se rassemblent lors d’un festival. Humour et surprises garantis : les loups ne sont plus forcément ce qu’ils étaient…
Les Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas, abrégé par Michel Laporte, Castor Poche, 2023.
Aux éditions Gallimard Jeunesse
Capitaine Rosalie, Timothée de Fombelle, Folio Cadet, 2023.
Présenté dans « Actualités Printemps-Été 2019 », réseau « La Grande Guerre, 1914-1918 ».
Soutif, Susie Morgenstern, illustrations de Catel Muller, Folio Junior, 2023.
Pauline, 13 ans, vit très mal l’arrivée de ses « deux bébés montagnes » ; il faut envisager l’achat d’un « soutif », mais elle se voit mal en parler à ses parents (deux avocats débordés et bohêmes) ou à ses trois frères ; en outre, inutile de compter sur sa grand-mère qui a brûlé le sien en 68 ! Suite au vol de plusieurs soutifs, elle est contrainte de s’occuper de Pénélope, la nièce « en perdition » du vigile qui l’a « arrêtée ». Cette belle astuce de scénario entrainera la rencontre de deux jeunes filles issues de milieux sociaux très différents, qui apprendront à se connaitre et s’apprécieront. On reconnait là l’optimisme indéfectible de l’auteure qui prête à sa narratrice beaucoup d’humour et de maturité. Et offre en prime aux lecteurs, un panorama tout ce qu’il y a de plus sérieux et documenté de l’histoire du soutien-gorge, sujet choisi par l’héroïne pour un exposé que son professeur lui demandera de lire devant toute la classe ! Un court récit qui devrait parler aux jeunes.
Victoria rêve, Timothée de Fombelle, Folio Junior, 2024
Présenté dans le numéro 63, 2015, réseau « Rêve ou cauchemar »
Les secrets de Dumbledore, Texte du film, J. K Rowling et Steve Kloves, traduit par Linda Bruno et Laetitia Devaux, Folio Junior, 2024.
Dernier opus de la trilogie Les animaux fantastiques.
L’âge du fond des verres, Claire Castillon, Folio Junior, 2023.
Présenté dans « Actualités 2022 »
La peau de chagrin, Honoré de Balzac, Texte abrégé par Patricia Arrou-Vignod, Notes et carnet de lecture par Philippe Delpeuch, Folio Junior, Textes classiques, 2023.
« Les enfants des Otori » : Les guerriers orphelins (2023) et La révolte invisible (2024), Lian Hearn, traduit par Philippe Giraudon, Pôle fiction. Également publié en Folio.
Tous ceux qui ont adoré les cinq tomes du Clan des Otori et les quatre de Shikanoko (présentés dans Actualités 2022) ne bouderont pas leur plaisir face à cette suite directe de la première saga.
Je ne voudrais pas terminer cette chronique sans évoquer l’ouvrage de Clémentine Beauvais :
Écrire comme une abeille. La littérature jeunesse, de la lecture à l’écriture, Gallimard Jeunesse, 2023.
Rédigé très sérieusement mais avec beaucoup d’humour, par une spécialiste en la matière (auteure, enseignante universitaire, animatrice d’ateliers), cet ouvrage constitue une somme sur le sujet. Il intéressera toutes celles [1] (y compris les messieurs) que la littérature de jeunesse passionne, que ce soit pour la lire ou pour l’écrire. Dix chapitres pour tout savoir sur le sujet, et plus encore… Qu’elles les lisent de façon chronologique et exhaustive ou en butinant, toutes y trouveront leur miel !
[1] Partant du principe que les femmes, quelle que soit leur profession ou activité, sont majoritaires dans le domaine de la littérature de jeunesse, l’auteure a décidé d’employer le féminin générique, je l’imite !



Prolongeant la série documentaire télévisée « Il était une fois l’amour à la française », réalisée dans le cadre d’ Histoire d’une nation, cet ouvrage traite de toutes les grandes questions liées au sujet, même les plus intimes ou les plus délicates voire taboues. Reprenant la même maquette que l’ouvrage précédent (voir
Sous-titré « Comment la dyslexie peut rendre plus fort, 24 personnalités inspirantes », voilà un ouvrage qui devrait mettre du baume au cœur de nombreux dyslexiques et de leurs parents. En dressant le portrait de 24 « dys » devenus célèbres (artistes, politiques, sportifs, scientifiques, cuisiniers…), l’auteure se donne pour mission de rassurer tous ceux qui sont concernés en décrivant le parcours, certes difficile, de ces personnalités connues du grand public. La plupart insiste sur les stratégies de contournement déployées, les astuces mises en œuvre, certain·e·s n’ayant découvert leur dyslexie que tardivement. À noter cependant que tous ont eu la chance de croiser des adultes bienveillants, compréhensifs, aidants. Autrement dit, l’ouvrage permettra autant de rassurer les « dys » en tous genres que d’inciter leurs proches et leurs éducateurs à les encourager, à les stimuler. Préfacée avec beaucoup d’humour par Thomas Legrand, journaliste et éditorialiste sur France Inter, directement concerné, cette galerie de portraits invite les « dys » à développer leur créativité et à prendre des chemins de traverse, afin de ne pas rester bloqués face à leurs rêves. Chaque double page consacrée à un·e « dys » célèbre est agrémentée de dessins amusants et colorés. Ressources en fin d’ouvrage.
Je profite de cette présentation pour mentionner La Vraie Vie de l’école, Pauline Alphen, illustré par Joanna Wiejak, paru chez Nathan en 2018, dont j’espérais la parution en poche.
Après avoir balayé sur plusieurs siècles l’histoire des Roms, heureuse ou tragique, l’auteur aborde ce qui constitue leur identité et leur culture à travers les moments forts de leur vie. Autant de révélations pour la plupart des lecteurs qui découvriront à quel point leurs connaissances sont éloignées de la vérité. Saluons donc la parution de ce documentaire qui vient combler l’absence d’ouvrage sur des populations aussi diverses (d’où le titre) que méconnues et ostracisées. L’auteur, sociologue devenu spécialiste du sujet et connaissant bien le terrain, réussit à déconstruire tous les clichés et stéréotypes dont sont victimes ceux qui durant les derniers siècles sont devenus des boucs émissaires. Les illustrations abondantes, justes et colorées, soutiennent et renforcent un propos humaniste s’adressant aussi bien aux enfants qu’aux adultes, les invitant à une authentique rencontre avec les Roms. Pour aller plus loin : quelques ressources en fin d’ouvrage.
Le petit narrateur voudrait bien regarder la télévision, jouer avec la tablette ou le téléphone qui le fascinent. Il ne comprend pas pourquoi ses parents les utilisent sans arrêt mais lui en interdisent l’accès. Le docteur lui explique alors comment grandir et rester en bonne santé : « bien dormir et bien manger » mais surtout « jouer, courir, imaginer », toutes choses « que les écrans ne peuvent remplacer ». Il faut croire que le médecin s’est montré très convaincant puisque, ensuite, les parents sont sommés de jouer avec leur fiston qui a caché tous les écrans ! Petit album aux illustrations douces et rigolotes valorisant la règle des 3-6-9-12, proposée par Serge Tisseron, concernant l’usage progressif des écrans à partir de trois ans. Flore Brunelet enfonce le clou en s’adressant aux parents en fin d’ouvrage.
Écrit en 1986, cet album était resté inédit en France ; on saura donc gré à cette maison québécoise de nous l’avoir rendu accessible, tant on prend plaisir à retrouver l’univers onirique de l’auteur-illustrateur. Recueilli par la famille du fermier Bailey, un homme mystérieux semble amnésique, mais s’intègre parfaitement, aide la famille et se montre sensible aux animaux et à la nature qu’il semble influencer par sa présence. Néanmoins, le héros de cette histoire poétique restera à jamais un étranger, tant pour ses hôtes que pour le lecteur. Il repart en effet aussi mystérieusement qu’il était arrivé, non sans avoir contribué à modifier subtilement, de façon cyclique, le paysage et le climat alentour. Magnifiquement illustrée par des pastels lumineux, cette fable (météorologique ?) suscitera sans doute de multiples interprétations.
Le monstre n’est pas toujours celui que l’on croit… Ceux qui ont lu Safari de Yak rivais, Des goûts et des couleurs de Jacqueline Osterath, Personne déplacée de Michel Perrin, Les monstres de Robert Scheckley ou Niourk de Stefan Wül le savent bien : tout est affaire de point de vue, et quand on inverse celui-ci, l’humain, celui qui nous ressemble, devient un monstre au sens propre aux yeux d’autres êtres vivants ! C’est le cas dans ce magnifique roman illustré de dessins en noir et blanc qui évoquent, pour certains d’entre eux, ceux de Chris Van Allsburg. Un cirque ambulant arrive un jour dans le village isolé du jeune narrateur. Les habitants sont invités à venir assister au spectacle dont le clou est une bête terrifiante, « le survivant d’un peuple primitif », le monstre d’Érêves, qui n’est autre… qu’un enfant humain face à un public de monstres (vivant la nuit et dormant le jour) ! Otto, qui se sent différent de Max et de sa bande, car il est plus doux, plus sensible à la beauté, moins « monstrueux » avec sa tête de chat, se lie d’amitié avec Otto (son double ?) dont l’histoire (un déménagement, les disputes parentales, une fugue, un naufrage, la capture…) n’est racontée qu’en images et à travers les chants qu’il fredonne. Il faudra sans nul doute plusieurs lectures pour saisir toutes les allusions du texte et surtout des images. Un très bel objet livre donnant lieu à de multiples interprétations et qui ravive en nous le souvenir de Max et les Maximonstres de Maurice Sendak.
Une belle jeune fille de 17 ans, que tous admirent dans la cité, est agressée puis tuée. C’est Karim, un lycéen kabyle de sa classe, qui découvre le corps de Zineb, sœur de son ami Hamza. Profondément perturbé, il l’est davantage encore quand son ami Sublime, jeune migrant mineur isolé, disparait après lui avoir laissé ce qui pourrait être considéré comme une preuve de son implication dans le meurtre. Convaincu que Sublime est innocent, Karim n’a plus désormais qu’une idée en tête : découvrir qui a tué Zineb et surtout pour quelle raison. Nous suivons donc pas à pas l’enquête du narrateur, lequel évolue au fil de ses découvertes, en comprenant notamment que les personnes de son entourage sont différentes de ce qu’il en connait, qu’elles ont des secrets, des rêves, voire une vie parallèle dont il ignorait tout ! Sous ses apparences de jeune fille modèle, dont le mariage était déjà arrangé, Zineb avait commencé à s’émanciper, sans que ses frères ainés, Icham et Rayan, ni Malika sa mère, n’en sachent rien ; ses amies Joyce (l’ex de Karim) et Khedima mentent tant et plus, ne méritant sans doute pas le qualificatif de « meilleures amies » ; Hamza ne parle que de vengeance et se procure un pistolet auprès de Momo le caïd du quartier ; la nouvelle commissaire Mesronces ne ressemble pas aux flics peu empathiques qu’il connait et dont il se tient à distance. Même son père, ainsi que sa mère qui a quitté la maison sans crier gare, lui apparaitront sous un jour nouveau… Bref, Karim va devoir réviser ses jugements et faire des choix. L’auteur connait bien le monde des adolescents avec lesquels elle travaille depuis 20 ans, ce qui donne une authenticité certaine aux personnages qu’elle met en scène, tant dans leurs comportements que dans leur langage, très familier et argotique. Cependant, Karim, réputé intelligent, est capable d’adapter son registre, si bien que sa narration, même si elle est émaillée de quelques familiarités ou traces d’oralité, reste assez soutenue dans l’ensemble. Quant aux textes que Zineb slame en secret, ils sont tout simplement magnifiques… Il s’agit donc d’un polar plutôt bien mené, se passant dans un quartier populaire de cité, prompt à l’embrasement, où tous se connaissent, s’épient et obéissent à des codes ; où règnent les trafics et le racisme, mais également la solidarité face au deuil, comme en témoignent la chaleur dont ses voisines entourent Malika, la manifestation organisée par Hamza ou le recueillement de tous lors de l’enterrement de Zineb. Un lieu également où des adultes se dépensent sans compter auprès des jeunes, telle madame Breteau, la professeure de français qui encourage et soutient Zineb ou l’ancien boxeur devenu coach, Driss, ayant pris Sublime sous son aile et poussant Karim à se monter ambitieux en intégrant le Pôle France de boxe. La fin pourra laisser perplexe tant elle est ouverte : grâce notamment à Bouli, le plus jeune frère de Zineb, Karim détient enfin la vérité et des preuves, mais ignore ce qu’il va en faire !
Ce recueil de treize nouvelles pourrait être le pendant fictif du documentaire Histoires d’amour, présenté plus haut. Remarquablement complétés par des illustrations douces réalisées aux crayons de couleur, ces textes courts mais vibrants, mettent en scène des filles et des garçons confrontés aux premières amours, pas toujours celles attendues par eux-mêmes, leur entourage ou la société, ce qui génère interrogations, mal-être ou rejet. Comment accepter et faire accepter, sans être jugé ni harcelé, qu’on aime quelqu’un du même sexe (Imane, Rebecca, Marco, Solal), voire les deux (Thélio) ? Comment gérer une certaine a-sexualité (Cléo), le fait d’être déçue par sa première fois (Nine), de ressentir une jalousie exacerbée (Safia), de vouloir un enfant seule (Maïa), d’être amoureuse « d’un petit bourge blanc » (Fatia), de rencontrer enfin celle qu’on a connue virtuellement (Joshua) ? Comment prendre le risque d’avouer à celle qu’on aime qu’on est né fille mais qu’on se vit garçon (Jo) ? Chaque nouvelle porte le titre du personnage qui s’interroge, souffre, évolue, prend des décisions, sauf deux qui concernent des proches : « Lisa », qui aime Thélio qui aime aussi Léon et « Gaël », père qui réagit mal à l’annonce de la bisexualité de son fils (Thélio). La diversité des situations évoquées devrait permettre aux adolescents de se rassurer quant à leurs questionnements, de s’identifier ou de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent confusément ou n’osent s’avouer. L’entourage (parents, camarades) réagit parfois vivement, manifestant son incompréhension voire sa désapprobation, mais également son soutien ; les ami·e·s sont à l’écoute (Juliane pour Nine, Nour pour Safia, Marco pour Solal) et finalement chacun·e dépasse les affres et assume ses désirs. Un ouvrage inclusif et optimiste donc, à conseiller aux collégiens les plus âgés et aux lycéens.
Connu notamment pour ses dystopies politiques, l’auteur s’adresse pour la première fois aux adolescents à travers ce court récit d’une cinquantaine de pages, destiné à illustrer les conséquences de l’utilisation constante et unique du « brightphone », équivalent futuriste de nos smartphones actuels. Novak est un jeune homme complètement inféodé à Scarlett
Destinée aux lecteurs plus âgés (collégiens, niveau A1, anglais débutant), voici un roman d’espionnage enlevé, non dénué d’humour, narré par Gabrielle, l’une des protagonistes, cinq ans après les faits. Lors d’un concours d’anglais à Paris, la collégienne bretonne fait la connaissance d’Augustin Pliche, Parisien, et de Gaspard Fleury, Toulousain, qui se révéleront être deux frères jumeaux américains, adoptés par deux familles différentes à l’âge de cinq ans ! À l’initiative d’Augustin, bien décidé à retrouver leurs parents biologiques qui n’ont apparemment jamais cherché à les retrouver, les trois amis vont se lancer dans une aventure hors norme pleine de rebondissements et de dangers ; de Toronto à Washington, poursuivis à la fois par la mafia italienne et des agents de la CIA, il leur faudra beaucoup de mensonges, d’astuce, de solidarité et de chance pour parvenir à leurs fins tout en scellant une amitié (voire davantage pour Gabrielle et Gaspard…) à toute épreuve. Bien que la langue française domine, il faudra quand même un niveau minimal pour comprendre les répliques anglaises (non traduites), sans que le sens général de cette aventure trépidante n’en souffre pour autant. En revanche, le début de l’intrigue, comme l’indique Gabrielle elle-même, pourra sembler complexe à certains lecteurs en raison d’une chronologie bouleversée.
Anne Sibran et Émilie Angebault mettent en scène Magda, une petite taupe, dans une nouvelle série d’albums qui comporte deux titres pour l’instant : Magda, le petit monde de la mare et Magda au grand jour, 2022. Ces deux fictions, bien documentées, célèbrent la poésie de la nature et la beauté du monde à travers l’interaction utile et nécessaire de deux mondes, celui d’en bas et celui d’en haut. Jolis dessins très précis, foisonnants de détails justes et rigolos, envahissant une double page qui se replie, à la fin. De quoi changer la vision des taupes et des animaux du monde souterrain !
Françoise Rachmuhl met la mythologie à la portée des élèves de l’école élémentaire grâce aux portraits de héros tels Antigone, Thésée, Héraclès, Démeter ou Ulysse. Moins de 100 pages, au format poche, à petit prix. 2022.
Liz et Grimm : imaginés par Christophe Guignement et Audrey Siourd, adaptés par Nicolas Chandemerle, il s’agit de contes revisités dont l’original est proposé en fin d’ouvrage. Deux titres au format papier, Le Petit Chaperon bleu et Stridouille, le Super Vilain Petit Canard, disponibles également en audio chez LIZZIE. Les titres suivants ne sont apparemment disponibles qu’en audio. Face aux problèmes rencontrés par Liz (utilisation d’internet, moqueries des camarades), Grimm, son chat, lui raconte la rencontre sur internet d’Adèle Chaperon avec LoulouFricoto, loin d’être celui qu’il prétend ou l’histoire de Stridouille qui rêvait de devenir chanteur malgré sa drôle de voix. Petits textes faciles pour aborder et tenter de dédramatiser les petits et grands tracas des jeunes.
Afin de renouveler ses anciennes collections « Hydrogène » et « Oxygène » devenues obsolètes, l’éditeur lance une nouvelle collection baptisée « Alt », à destination des 15-25 ans, sous forme d’essais engagés, courts mais percutants, rédigés par des spécialistes de la question problématisée. Il s’agit d’inviter les jeunes à une autre forme de lecture, à prendre le temps de la réflexion et du recul par rapport aux réseaux sociaux.

Camille Riquier/Quentin Duckit, traite quant à lui d’internet, de religion, de société et de science et Qu’est-ce qui fait mon genre ? Aïda N’Diaye/Léa Murawiec du corps humain, de l’identité, de philosophie, de sexualité, de société.
Dédié « à tous les petits qui ont dû abandonner leurs rêves en cours de route », ce petit album évoque avec une justesse remarquable la fuite d’Amina et de sa maman face à la guerre. Ne sachant pas où se trouve l’homme de la famille parti combattre, elles s’enfuient en laissant tout derrière elles, sans espoir de retour. Amina s’accroche à Kissou, son fidèle doudou. La petite fille va connaitre le parcours semé d’embûches et de vicissitudes vécu par tous les réfugiés. Pire, au moment où Amina est secourue en mer, elle perd Kissou, l’ami de toujours qui lui avait permis de tout surmonter. Grâce à un bénévole compatissant, le destin de l’ourson bleu sera de consoler, si possible, Naïm, un autre petit exilé handicapé, seul parmi des milliers de réfugiés. Remarquable de concision tant dans le texte que les illustrations, ce récit simple et émouvant, abordable dès la maternelle évoque, sans pathos, une tragique réalité, très actuelle.
Parution récente en poche de ce très beau roman rédigé à la première personne par une narratrice empathique de 9 ans. Quand elle comprend qu’Ahmet ne parle pas, ne sourit pas et n’aime pas les bonbons parce qu’il a fui la guerre en Syrie, Alexa décide de l’aider en mettant ses amis Josie, Michael et Tom dans le coup. Séparé de ses parents et de sa petite sœur, morte au cours du trajet, Ahmet a été placé en famille d’accueil à Londres. Ses nouveaux amis vont se mobiliser pour le défendre contre le racisme ambiant et l’aider à retrouver ses parents, quitte à vivre des aventures rocambolesques. Une narration à hauteur d’enfant, naïve et sincère, un roman sensible et optimiste rempli d’humour, malgré la gravité des faits évoqués.
Bonne nouvelle que la parution en poche de ce roman très original. Flora, la narratrice âgée de 17 ans, souffre d’amnésie depuis une opération au cerveau subie sept ans plus tôt. Oubliant tout au bout de deux heures, elle déploie une énergie considérable à tout noter sur un cahier, des petits papiers voire ses bras ! Tout à coup, un souvenir perdure : Drake (le petit copain de sa meilleure amie Paige) l’a embrassée… Comme il vient de partir pour le Spitzberg, Flora, convaincue qu’il possède la clé de sa guérison, décide de quitter son environnement familier pour le rejoindre. L’auteure joue habilement le jeu du point de vue d’une jeune fille courageuse et attachante, mais naïve, soutenue par son frère Jacob et couvée, voire étouffée, par ses parents. Le lecteur n’en sait pas plus que l’héroïne, « piétine » et régresse avec elle, ce qui peut parfois le dérouter, mais le suspense le maintient en haleine ; malgré son handicap et sa différence, Flora grandit et apprend, sans être épargnée, loin de là… Fin ouverte et pleine d’espoir. Devrait intéresser les plus âgés des collégiens.
Suite des aventures de Lyra, l’héroïne de l’envoutante première trilogie de l’auteur (À la croisée des mondes).
Le roi Fred Sans Effroi règne sur un petit royaume où il fait bon vivre, la Cornucopia. Mais un jour, l’Ickabog, monstre sanguinaire légendaire vivant dans les marais du nord, vient perturber le bonheur de tous. Il faudra le courage de deux adolescents, Daisy et Bert, pour faire éclater la vérité au grand jour. Deux conseilleurs sans scrupules du roi, peu éclairé et dominé par ses peurs, n’ont pas hésité à manipuler les foules et à faire régner la terreur pour s’enrichir. Une fable politique qui dénonce les dérives du pouvoir et les mensonges grâce à l’instrumentalisation d’une légende.
Les Crimes de Grindelwald, JFK Rowling, traduit de l’anglais par Clémentine Beauvais, Folio Junior, 2022.
Demandez-leur la lune, Isabelle Pandazopoulos, « Pôle Fiction », 2022.
L’Année de grâce, Kim Liggett, traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Peronny, Pôle Fiction, 2022.
Tout sépare Ana Torres Moreno, fille de républicains espagnols assassinés par les franquistes et Daniel Matheson, jeune héritier texan, qui a pourtant, par sa mère, du sang espagnol dans les veines. Ana travaille à l’hôtel Castellana de Madrid où Daniel séjourne avec sa famille : elle doit se mettre à leur service. Davantage passionné par la photographie que par le pétrole, le jeune homme découvre peu à peu la sombre réalité d’un pays soumis à la dictature, Ana lui servant de guide. Il ne mesure pas à quel point les habitants sont muselés, pauvres et pour certains, comme Ana et ses proches, en danger au moindre faux pas. Il serait vain de vouloir résumer de façon exhaustive ce roman passionnant dont l’intrigue fictive se déroule essentiellement en 1957 pour se terminer en 1975, à la mort de Franco. Extrêmement bien documenté, le récit, rédigé au présent, met en scène autour des deux héros de nombreux personnages attachants, souvent complexes, et parfois répugnants, enferrés dans le silence, les secrets et les mensonges. Il fera découvrir aux lecteurs tout un pan de l’histoire espagnole, à savoir les conséquences de la guerre civile perdue par les républicains : un dictateur prend le pouvoir et autorise, entre autres, de terribles massacres ainsi qu’un scandale qui ne devait éclater que très tardivement : le vol à leurs parents (pauvres et/ou républicains) de plus de 300 000 bébés, vendus à des familles censées leur donner une « bonne éducation chrétienne »… Toutes les clés de contextualisation historique (images d’archives, explications de l’auteure, glossaire, bibliographie) sont fournies au lecteur en fin d’ouvrage.
Eon et le douzième dragon, Eona et le collier des Dieux, A. Goodman, traduit de l’anglais par P. Giraudon, « Pôle Fiction », 2022 et 2023.
ne Beau, 2021.
Saluons la parution en poche du premier roman pour la jeunesse de cet écrivain célèbre qui collabore, pour les illustrations, avec l’auteur bien connu du « Petit Vampire » et du « Chat du rabbin ». Et ce d’autant plus qu’il aborde, pour les plus jeunes, le sujet des troubles du spectre autistique (TSA). Aurore, la narratrice âgée de 11 ans, ne parle pas mais, grâce aux encouragements de Josiane, sa prof particulière, elle communique à toute vitesse grâce à sa tablette. Être atteinte d’un TSA ne bride pas sa joie de vivre ni son intelligence, sans compter qu’elle possède un don hors norme consistant à percevoir les pensées des gens : pouvoir magique ou métaphore d’une hyper sensibilité ? Au lecteur de trancher ! Toujours est-il que l’héroïne met son trouble au service des autres. En effet, lorsque Lucie, la meilleure amie de sa grande sœur Émilie, disparait, Aurore décide d’apporter son concours à l’inspecteur chargé de l’enquête. Ce petit roman met en valeur les différences et prône leur respect, qu’il s’agisse d’Aurore et de sa manière d’aborder les choses ou de Lucie, génie des maths mal dans sa peau et harcelée en raison de son poids. L’auteur, lui-même père d’un garçon atteint de TSA, a choisi de brosser le portrait d’une préadolescente vivant de nos jours à Fontenay sous Bois, avec sa mère employée dans une banque, alors que son Pap’ adoré, écrivain, vit à Paris. Confrontée aux réalités contemporaines (séparation des parents, famille recomposée, grande sœur en pleine crise d’adolescence, harcèlement scolaire, maltraitance), Aurore, en dépit de sa naïveté, perçoit avec acuité la souffrance et les problèmes de son entourage qu’elle s’efforce d’aider.
La mémoire des couleurs, Stéphane Michaka, 2022.
Réseaux, tomes 1 et 2, Vincent Villeminot, 2022.
20 allée de la danse, Tomes 1 à 5, Élizabeth Barféty, illustré par Magali Fournier, « Best seller » 2022.
Le Jeu du maitre (Tome 3) : Fin de partie, James Dashner, traduit de l’anglais (États-Unis) par Guillaume Fournier, Best Seller, 2023.
La soupe aux amandes, Sylvie Deshors, Petite Poche, 2022.
Je terminerai en mentionnant un ouvrage consacré par Marie Lallouet à « Gallimard Jeunesse », paru chez ce même éditeur : Cinquante ans de la vie d’un éditeur dans l’histoire de la littérature jeunesse en France, 2022. Il est impossible de résumer cette somme, qui en 12 chapitres, tente de brosser le panorama de 50 années consacrées à l’édition jeunesse. Abondamment illustré et fort bien documenté, ce pavé aborde tout ce qui a contribué à créer et nourrir le catalogue d’une maison d’édition indépendante, soucieuse de qualité et d’innovation, qu’il s’agisse des auteurs, des illustrateurs, des sujets, des genres, des collections, des formats ou des métiers de l’édition…
Petit mais écolo !, Justine de Lagausie et Aurélie Guillery, « Mes imagiers tout carrés », Casterman, 2021.
Le titre annonce la couleur : voilà un ouvrage qui devrait permettre à tous de dépenser moins d’argent ou, en tout cas, de ne plus se laisser piéger par les « bonnes affaires » ! Anna, César, Sammy et Simone participent à un vide-grenier afin de vendre les jouets dont ils ne veulent plus. À cette occasion, M. Ristourne, le propriétaire du bazar « L’indispensable superflu », va leur dévoiler tous les dessous de la consommation de masse, l’ingéniosité des publicitaires au service des marques, bref, leur décrire toutes les manipulations mises en œuvre afin de faire acheter toujours plus. Grâce aux 22 astuces destinées à rester vigilants, nos jeunes amis et les lecteurs deviendront, espérons-le, des consommateurs avertis, donc moins naïfs, et surtout responsables ! Une bande dessinée à mettre entre toutes les mains dès la fin de l’école élémentaire et qui restera d’actualité bien plus tard…
Juliette, la mère de Zoé, est au chômage depuis un an, car la banque où elle travaillait a fait l’objet de « restructurations »… La collégienne de 12 ans voudrait l’aider, ce qui va l’amener à dialoguer avec sa voisine, Madame Robinson, professeur d’économie à la retraite, ainsi qu’avec ses copains, d’origines sociales et géographiques diverses. À travers de multiples saynètes très concrètes de la vie quotidienne, de nombreux aspects de l’économie sont ainsi abordés, le plus simplement possible, même si certains thèmes restent complexes (PIB, marchés financiers, monnaies, mondialisation, loi du marché… ). Zoé mesure mieux ce que sont les inégalités, d’où elles proviennent et à quel point lutter pour les réduire n’est pas gagné ; elle et ses amis comprennent qu’ils sont des acteurs économiques et qu’il est important de réfléchir à l’avenir de notre planète. Une bande dessinée claire et dynamique qui, malgré l’aspect didactique lié aux notions abordées (glossaire très utile en fin d’ouvrage), laisse cependant place à l’humour et à l’optimisme.
Comme l’indique le titre, l’ouvrage se veut un guide pratique pour aider les jeunes filles à oser prendre la parole afin de défendre les causes qui leur sont chères. Militante féministe, l’autrice (qui est entre autres connue pour avoir lancé avec succès une pétition destinée à réduire la « Tampon tax ») s’appuie sur son expérience pour délivrer pas à pas ses conseils et astuces, sans négliger d’évoquer les échecs et la manière de les surmonter. Elle insiste également, à juste titre, sur l’importance de l’estime de soi. Maquette moderne et aérée qui joue sur les polices de caractères ou l’alternance du noir et jaune, sans compter quelques illustrations stylisées. En fin d’ouvrage, index très utile des thèmes ou mots-clés évoqués. Un titre qui devrait trouver sa place dans les CDI et lecture recommandée aux garçons !
S’appuyant sur sa pratique quotidienne, l’autrice, sage-femme, a conçu un guide accessible et ludique autour d’un sujet demeurant largement tabou, alors qu’il concerne la moitié de la population. Toutes les questions que chacun, fille ou garçon, se pose, sont abordées dans un langage simple, complété par des schémas précis et des illustrations humoristiques de style BD : un groupe d’adolescentes d’aujourd’hui accompagne les lecteurs tout au long de l’ouvrage afin d’aborder « Tout sur les règles » en cinq grandes parties et 41 questions tant techniques que pratiques ou médicales. Une parution salutaire qui comble un grand vide !
Forcément subjective, cette sélection de héros littéraires, dont on pourra déplorer qu’elle ne comporte qu’un quart d’héroïnes, aura au moins le mérite de raviver le souvenir – ou de faire découvrir – des figures imaginaires fortes. Qu’ils appartiennent à la littérature destinée aux adultes (du moins à l’origine) ou à la jeunesse, tous ces personnages, devenus si célèbres qu’on les croirait vivants, sont de véritables ami·e·s qui aident à grandir, soutiennent et font rire, s’émouvoir ou rêver : ils sont présentés dans ce qu’ils ont de plus caractéristique.
Suivant un ordre chronologique allant de 10 000 ans avant notre ère à nos jours, ce grand album retrace, tant par le texte que par les illustrations, la vie quotidienne de femmes ordinaires, différente selon leur condition sociale. Le lecteur constatera que l’évolution de leurs droits et devoirs n’a pas été forcément linéaire : ainsi les femmes égyptiennes, au moins celles des milieux aisés, occupaient des fonctions prestigieuses et décidaient seules de leur avenir ; dans la Grèce antique, leur destin était différent selon la Cité-État dans laquelle elles vivaient : mieux valait pour elles vivre à Sparte ou à Théos qu’à Athènes ou sur l’île de Thasos… Quant à la première manifestation féministe, elle eut lieu en 216 avant notre ère, à l’initiative de Romaines qui voulaient récupérer des biens qu’on leur avait confisqués pour financer la guerre. On sait qu’au cours des siècles, de nombreux droits leur furent déniés, que leur conquête ou reconquête, évoquée dans les derniers chapitres, est récente, mais encore fragile et incomplète, ce qui aurait pu être davantage souligné, notamment en ce qui concerne de nombreux pays.
Le titre laisse peu de doutes sur les qualités respectives de la princesse Castille de Bonaloi et du prince Gontran de Pacotille. La première (dont les lecteurs ont pu faire la connaissance dans un premier opus La princesse qui pue qui pète (2020) a du caractère et en remontrerait aux féministes les plus radicales. Le second est un pleutre, imbu de sa personne, persuadé qu’une épouse digne de ce nom doit passer son temps à broder… Castille n’en veut point pour mari, lui préférant son ami Armand dont elle partage les jeux et le travail à la ferme, quitte à oublier son rang et à en revenir peu présentable. Il sera son prince, avec l’accord de la reine Guillemette et du roi Clotaire, car ces derniers souhaitent simplement le bonheur de leur fille. Un texte et des illustrations humoristiques, qui balaient vigoureusement les stéréotypes de genre.
Il est temps pour la princesse Pimprenelle de choisir un prétendant parmi tous ceux paradant sur leur cheval blanc. Mais aucun ne trouve grâce à ses yeux : elle préférerait choisir un cheval ! Soudain, c’est le coup de foudre pour la princesse Aliénor chevauchant son beau destrier noir. Elles deviennent inséparables, partageant gouts et valeurs ; Pimprenelle accepte alors la demande en mariage d’Aliénor, ce qui suscite indignation et paroles cruelles à la cour. Après avoir consulté la docte Sophie, ses parents, se remémorant leur propres sentiments réciproques, reconnaissent que seul l’amour compte. « Elles s’aiment, c’est l’essentiel » : l’adage fait le tour du royaume, finissant par convaincre les plus intolérants. Le conte s’achève sur la phrase rituelle, ce qui justifie ensuite une explication sur la manière dont les deux princesses auront un bébé… Un album engagé dont les illustrations impertinentes aux traits enfantins font parfois songer à Picasso ou aux peintres cubistes.
Publié en 2016 au Canada, ce superbe album est enfin disponible en France. Quelques phrases bâties selon une structure répétitive (« Pour me…, elle était là »), magnifiquement illustrées ou complétées par les collages délicats de l’illustratrice, rendent compte de la présence et de l’amour maternels qui perdurent au-delà du temps et de l’absence. Car rupture et deuil, il y a eu ou il y aura, comme les dernières pages le suggèrent, tant par le texte que les images. Par une subtile inversion, c’est désormais le cœur de l’enfant devenu (plus) grand qui abrite symboliquement celle qui l’a porté dans son ventre. Un album qui prouve simplement, mais de façon sensible et subtile, que l’on peut aborder la mort et le deuil dès le plus jeune âge.
Simon dormait dans sa poussette, ses parents admiraient les arbres de la forêt : personne n’a vu tomber le doudou Nino… sauf Lapin qui l’accueille dans son terrier. Puis c’est au tour d’Écureuil ou des mésanges noires de l’inviter à les suivre. Tout à coup, la nuit tombe : Nino est perdu, il s’inquiète. Mais Renard veille et l’emmène à la rencontre des autres animaux de la forêt avant de le reconduire à l’aube chez Lapin. Nino dort profondément jusqu’au crépuscule suivant qui lui fera retrouver son humain préféré. Autrice-illustratrice qui n’est plus à présenter, Anne Brouillard propose un album dont les illustrations (encres et aquarelles) aux couleurs sombres et chatoyantes parlent le plus souvent d’elles-mêmes, sous forme de petites ou grandes vignettes, en pleine page, voire en double page, telles celles magnifiques de Nino contemplant son village sans reconnaitre sa maison, chevauchant de nuit le renard ou saluant à la fin, bien au chaud, ses amis de la forêt. Une très belle réussite où le réel le dispute à l’imaginaire.
Le phare dont il est question ici voit un jour arriver un nouveau gardien qui accomplira, comme le précédent, de nombreuses tâches routinières et pourtant essentielles. Remplissant consciencieusement son journal de bord, le gardien pense à Alice, son épouse qui le rejoint bientôt et l’assiste dans son quotidien ou lors d’évènements exceptionnels. Elle le soigne et le remplace lorsqu’il est malade, il l’aide à accoucher de leur petite fille. Mais les temps changent : la machine remplace l’homme, le gardien et sa famille regagnent la terre ferme d’où ils contempleront, sans doute avec nostalgie, le phare qui continue, seul, de balayer les flots de sa lumière. L’autrice réussit à reconstituer, au fil des saisons, une vie au rythme immuable, parfois bouleversée par une tempête, un naufrage, le passage d’une baleine, l’arrivée du bateau de ravitaillement ou même d’un enfant ! Encre de Chine et aquarelle se marient dans des couleurs chatoyantes pour illustrer ce magnifique album poétique, très documenté, dont le texte, tel un calligramme, épouse parfois les évènements. Grande originalité des cadrages et des dessins, tels la coupe verticale du phare, les médaillons ronds, sans compter les surprises des dernières pages dont on peut déplier un volet. Une très belle réussite !
Qui, même parmi les amateurs de cyclisme, connait le nom d’Alfonsina Strada (1891-1959) et sait de quels exploits elle fut capable ? Justice est rendue à cette pionnière que rien ne découragea, dans ce grand album aux tons jaunes/orangés/bleus/noirs s’inspirant de la vie d’une jeune femme très en avance sur son temps. « Mordue » dès qu’elle reçoit son premier vélo à 10 ans, éprise de liberté, Alfonsina participe trois ans plus tard à sa première course, qu’elle gagne ! Faisant fi des quolibets et des injures, elle s’acharne, n’hésite pas à « emprunter » les chaussures du grand-père et la casquette du facteur, se déguisant afin de participer à des courses masculines, qu’elle remporte (36 victoires !). En 1924, elle est la première femme à participer au Giro d’Italie, réservé aux hommes. Surnommée « la reine du vélo », cette sportive accomplie balaie les préjugés et sera finalement acclamée par ses anciens détracteurs. L’image de cette petite fille prenant d’assaut une immense bicyclette figurant sur la couverture restera longtemps gravée dans la mémoire du lecteur, preuve que la persévérance et la passion contribuent à la réalisation des rêves les plus fous, même quand on nait fille. Un bel exemple à suivre …
Chantal, 56 ans, et Clément, 71 ans, feraient sans nul doute des grands-parents géniaux… Le problème pour Guilène, 10 ans et demi, c’est qu’ils sont ses parents ! Si cela ne la gênait absolument pas du temps de l’école élémentaire, tout a changé depuis son entrée en sixième. La confrontation avec les parents de ses camarades, tous jeunes et branchés, la remplissent de honte. Obnubilée par les excellents conseils de sa nouvelle amie Cléa, qui sait tout sur ce qu’il faut faire et dire, ou pas, au collège, Guilène ne se juge pas du tout à la hauteur. Et finit par se sentir constamment tiraillée entre l’amour éprouvé envers ses parents qui lui offrent un foyer chaleureux, font constamment preuve d’humour ou de tolérance, et la tentation de les voir à travers le regard très féroce que ses camarades portent sur cette famille différente… Narré à la première personne par une toute jeune fille se décrivant comme timide et naïve, ce récit tendre et cruel illustre bien les tourments d’une préadolescente supportant de moins en moins de se moquer de ses « vieux » avec ses camarades ; ceux-ci finiront d’ailleurs par reconnaitre que les leurs ont beaucoup moins de courage que les siens, les seuls qui oseront dénoncer l’attitude inadaptée de la professeure de mathématiques, Madame Ivans. Une analyse fine et bien menée d’un passage délicat plus ou moins bien vécu selon les enfants : j’ai trouvé Guilène très mure et finalement bien armée pour franchir cette épreuve : grâce à ses vieux parents peut-être ?
Nous retrouvons l’équipe de Clara Di Lazio pour une troisième enquête dont la noirceur n’a rien à envier aux précédentes (présentées dans les «
Ex-commissaire divisionnaire, l’autrice signe là ses deux premiers polars pour adolescents, après en avoir écrit de nombreux pour les adultes.
Une dizaine de mois ont passé : Olympe tente d’oublier, difficilement, l’épreuve vécue précédemment ; or l’arrivée à Épinal d’une équipe de tournage lui offre un dérivatif. Bluelight Productions va réaliser un film inspiré de deux disparitions en forêt, survenues dix ans plus tôt dans la région : Alya Bariani a été assassinée et son amie Cheyenne Vandelambre, jamais retrouvée. Malgré ses dénégations, l’ex-petit ami d’Alya, Vince de Mestre, a été reconnu coupable et condamné à treize ans de réclusion. Surnommé « l’ange obscur » en raison de son charisme et de son mystère, Vince, bientôt libérable, a été embauché pour jouer son propre rôle, réinsertion oblige ! Des mesures de sécurité exceptionnelles étant nécessaires, Antony Marin et son équipe sont donc sollicités. Le capitaine est alors loin de se douter que sa fille, encore mineure, a réussi de son côté à se faire embaucher sur le tournage. Visant un rôle de figurante, elle décroche finalement celui d’Alya, en raison de leur ressemblance, et en pince rapidement pour le « mauvais garçon »… Dès lors, une mécanique infernale s’enclenche : Vince, Olympe et Gala, l’assistante de production, disparaissent. Le passé ressurgit et Marin va devoir se replonger dans une vieille affaire s’il veut retrouver Vince et sauver sa fille. Comme le titre l’indique, le jeune homme, tel Janus, présente deux faces : qui est-il vraiment ? Que s’est-il passé autrefois ? La vérité surgira enfin après de multiples rebondissements. L’intrigue, bien ficelée et menée tambour battant, tire en grande partie sa force de la mise en scène crédible du milieu du cinéma, pour un tournage très particulier puisque certains personnages sont interprétés par les acteurs du drame, ce qui change tout !
« Héroïnes de la mythologie » est une nouvelle série (2021) mettant en scène les femmes reléguées au second plan des récits mythologiques. Rédigés par Isabelle Pandazopoulos, les deux premiers opus mettent en scène Athéna la combative et Pénélope la femme aux mille ruses. De l’enfance à la maturité, l’autrice revisite l’histoire de chaque héroïne, mortelle ou déesse, en adoptant le point de vue de chacune d’entre elles. Une excellente initiative pour mettre en valeur des femmes dont les qualités et les défauts n’ont rien à envier à ceux des hommes.
« Scoop à Versailles » d’Annie Pietri/Alban Marilleau puis Mégane Lepage (2021) conjugue histoire et enquêtes policières, menées conjointement par Gaspard janvier, journaliste au « Mercure Curieux » et Louise Françoise de Bourbon, fille du Roi-Soleil. Dans L’Affaire des treize pièces d’or et L’Enlèvement de la Ménagerie Royale, les deux alliés et amis devront trouver qui veut empêcher le mariage d’Anne d’Orléans et du duc de Savoie, puis résoudre la disparition de certains animaux. Un duo improbable mis en scène par une passionnée de la période (Les Orangers de Versailles, L’Espionne du Roi-Soleil).
La série « Les petits mystères d’Égypte », Pierre Gemme, illustrations de Mary Gribouille, Romans 6-8 ans, 2021 et 2022, permettra aux plus jeunes de découvrir l’univers de l’Égypte des pharaons grâce aux aventures de la jeune Aouni, douée de quelques pouvoirs, et de son chat Finou, plutôt rusé. Quatre titres sont déjà parus, La Colère des Dieux, La Momie maléfique, Menace sur l’obélisque et Le Rugissement du sphinx. Une collection attrayante misant sur les facilitations de lecture grâce à une mise en page aérée, un résumé de chaque chapitre au début du suivant et l’explication des mots difficiles en bas de page, sans compter des compléments d’information en fin d’ouvrages.
Autre série destinée au même âge, Bandit, chien de génie de Pascal Brissy, illustrée par Mehdi Doigts, met en scène le chien de Léonard de Vinci, un détective très gaffeur, qui mène des enquêtes désopilantes à Florence au temps de la Renaissance. Trois titres déjà parus en 2021 : Le Monstre du fleuve, Le Collier de Mona Lisa et Le Tableau mystère.
Moi, j’aime pas l’école, Sophie Furlaud/Laurent Simon, 2021, est un nouveau titre de la
Ce que l’un voit à la télévision, l’autre le vit. Malika a fui son pays en guerre avec sa famille ; elle commence une nouvelle vie dans un pays où elle ne connait personne et mène enfin une existence plus tranquille, même si elle fait encore des cauchemars. Avec tact et pudeur, avec ou sans paroles, le quotidien de Malika et d’Arthur se déroule parallèlement sous nos yeux, banal ou angoissant, doux ou triste. Les deux enfants, que tout semble opposer, vont pourtant se rencontrer et devenir importants l’un pour l’autre. Un album qui traite de l’exil et de la migration, mais également des petits bonheurs ou petites misères de l’enfance, avec simplicité et finesse, notamment grâce à des illustrations crayonnées, tout en délicatesse.
Dédié « À toutes les personnes qui luttent jour après jour pour survivre dignement en fuyant l’horreur », voilà un magnifique album évoquant très poétiquement le départ nécessaire, mais si angoissant, pour une destination inconnue. Une immense baleine rouge face à un minuscule personnage bleu aux traits indéfinis symbolise l’impossibilité d’emporter avec soi tout ce qui constitue notre vie : objets certes, mais également souvenirs, amis et tant d’autres biens, matériels ou immatériels. Cet arrachement se traduit en peu de mots et par de très belles illustrations (aquarelles) prenant toute la place, passant même d’une page à l’autre, avant de se réduire à un dessin qui, plié, trouvera enfin sa place dans une toute petite valise. Il me semble que la « solution » imaginée par le narrateur concentre tout l’espoir de ceux qui, à la dernière page, regardent vers un avenir qu’ils espèrent meilleur. Le titre original espagnol « Como meter una ballena en una maleta » (2019) est d’ailleurs une affirmation et non une question ! L’auteur interpelle chacun d’entre nous, nous invitant à devenir citoyens du monde au lieu de nous enfermer derrière nos frontières.
Violette, 17 ans, se sent très mal depuis qu’elle est rentrée de Paris en novembre ; passionnée d’écriture et très active sur la toile, elle s’est rendue à une fête organisée par des membres du forum littéraire auquel elle participe activement. Ses camarades ne la reconnaissent plus, notamment Arnaud, son ami depuis la cinquième, qui s’inquiète. Son point de vue alterne avec celui de Violette, celle-ci ne se souvenant plus de rien jusqu’au moment où les évènements lui reviennent par bribes. Même s’il ne fait très rapidement aucun doute aux yeux du lecteur que Violette a été violée par Ahriman, un prédateur habile ayant infiltré le site Pen Touch, ce qui retient l’attention est le long cheminement de la jeune fille vers la vérité, ainsi que l’analyse extrêmement fine et détaillée des sentiments, émotions, résistances à laquelle se livrent Arnaud et elle-même. Ne pouvant compter sur ses parents toujours absents en raison de leur travail, c’est son amoureux et l’écriture qui l’aideront à accepter la réalité et la décideront à se battre. En revanche, je regrette une fin un peu rapide : certes, il faut rester optimiste, mais rien ne certifie que la plainte de Violette sera suivie d’un procès et si oui, celui-ci ressemblera sans doute au parcours du combattant. En outre, quid des liens qui ont été noués entre Ahriman et Lili, la modératrice du site : est-elle dupe des mensonges d’Ahriman ou a-t-elle deviné ce qu’il s’est passé ? Une première version de ce roman a été publiée au Seuil en 2013, sous le titre À l’ombre de l’oubli.
River, Claire Castillon, 2021. Présenté dans les
Coup dur pour Antonine (Nine pour les intimes) : sa mère l’emmène sans crier gare dans une cabane au bord d’un lac, lui faisant ainsi rater la fête de fin d’année du lycée. Commence alors une folle nuit durant laquelle la jeune fille de 16 ans va découvrir tous les secrets de sa famille maternelle. Titania a en effet décidé de révéler à sa fille tout ce qu’elle a dû lui taire depuis sa naissance pour la protéger. Autrice de polars surnommée « La fée du suspense », la narratrice distillera tout au long de la nuit l’incroyable histoire de sa propre mère, Rose-Aimée et de ses deux frères, les jumeaux Octo et Orion : elle maintient ainsi Nine et les lecteurs en haleine. Au petit matin, l’adolescente devra faire la connaissance d’une nouvelle famille dont elle n’a jamais entendu parler ! L’intrigue, bien menée, interrompt le présent (2016), narré à la troisième personne, par de nombreux retours en arrière déroulant le récit à la première personne de Consolata : celui-ci démarre en 1970, lorsqu’elle a 6 ans. Il met en scène des personnages très attachants, appartenant à trois générations différentes, que l’amour d’une mère pour ses enfants a séparées.
La parution en poche, qui plus est en deux tomes seulement (Livres 1 et 2, 3 et 4) au lieu de 4 à l’origine, réjouira les fans de Japon médiéval et de magie, ainsi que tous ceux qui ont adoré Le Clan des Otori de la même autrice. Cette nouvelle fresque politique et amoureuse se situe aux origines de l’histoire des Otori, dont elle reste cependant indépendante.
Snap Killer, Sylvie Allouche, « Dans la poche », 2021. Présenté dans les « 
Je signale enfin la parution, chez Gallimard Jeunesse (2021), du livre de Sophie Van der Linden Tout sur la littérature de Jeunesse de la petite enfance aux jeunes adultes, qui devrait combler tous ceux, professionnels ou non, qui s’intéressent à la littérature de jeunesse. Les huit parties (Histoire du livre pour la jeunesse, Les grandes caractéristiques de la littérature pour la jeunesse, Conseils pour la lecture, Tous les types de livres, Les grands genres, Bibliothèques idéales, La littérature de jeunesse en question et Carnet pratique) totalisant plus de 50 chapitres indiquent assez à quel point l’ouvrage vise à l’exhaustivité en multipliant les entrées et les points de vue. Quand on connait le dynamisme du secteur (18000 nouveautés par an ces dernières années…), on mesure le défi que cette spécialiste reconnue s’est lancé ! Pari tenu, cet ouvrage, par ailleurs très bel objet-livre abondamment et judicieusement illustré, se lira d’une traite ou ponctuellement selon les intérêts du moment : chacun y trouvera son compte. Je rappelle également son travail, extrêmement riche, clair et précis, autour de l’album, Lire l’album, L’atelier du poisson soluble, 2006 et son premier ouvrage concernant Claude Ponti, Être éditions, 2000.
Les deux complices déjà mentionnées pour l’ouvrage I have a dream (
En France, on pourrait parfois oublier que des femmes et des hommes se sont battus pour obtenir des droits qui paraissent aller de soi aux plus jeunes. Dix droits fondamentaux (ne pas être esclave, fréquenter l’école laïque et gratuite, voter quand on est femme, avoir des congés payés, avorter, ne pas être condamné à mort, aimer librement, faire grève, manifester) sont mis en valeur selon un schéma identique : un dessin introduisant le sujet suivi d’une phrase qui a marqué les esprits ; une mise en contexte historique rappelant les étapes cruciales ; une bande dessinée retraçant un ou plusieurs moments forts et décisifs, complétée par ce qu’il en est aujourd’hui ; pour terminer, le portrait d’une personne ayant joué un rôle essentiel dans la conquête de ce droit, de Victor Schoelcher à Jean Jaurès en passant par Louise Weiss et Simone Veil, pour ne citer que quelques noms. La préface d’Amnesty International souligne la ténacité de chacune des personnes évoquées et le long chemin qu’il a fallu parcourir pour obtenir ces droits à travers les lois qui les ont actés ; mais attire également l’attention sur les remises en cause et les attaques dont ils font l’objet. Il faut donc les connaitre pour en bénéficier mais également les protéger et les défendre.
De façon claire et agréable, les auteurs racontent l’avènement du prophète Muhammad et la rédaction du Coran après sa mort. Ils narrent les conquêtes liées à la diffusion du message religieux et l’élaboration d’un empire gigantesque. Les débuts fastueux de la civilisation arabo-mulsumane sont décrits à travers la gestion des territoires par les califes ; l’artisanat et le commerce prospèrent, un art de vivre délicat se développe et les savoirs se multiplient grâce aux philosophes, médecins, astronomes et mathématiciens. C’est un véritable tour de force qu’il faut saluer d’avoir réussi à brosser en 48 pages l’essentiel des débuts de l’Islam jusqu’au XIIIe siècle. Abordable dès la fin de l’école élémentaire.
Voici un roman noir, bien noir… Sept adolescents d’un même établissement scolaire accompagnés de trois adultes se retrouvent dans un manoir isolé sur l’île bretonne de Sareck. Coupés du monde, ils sont censés participer à une émission de télé-réalité sous forme d’escape-game. Mais le lecteur apprend rapidement que tous ont la conscience chargée. Les pièces du puzzle se mettent progressivement en place : la jeune Esther est morte et rien n’arrêtera la main implacable des « dieux ». Les crimes commis tant par les jeunes que par les adultes sont odieux, leur châtiment sera atroce. Âmes sensibles s’abstenir ! La vengeance concoctée est machiavélique, sanglante et immorale. Le lecteur, maintenu en haleine jusqu’à la fin, sera sans doute effaré face à la noirceur des thèmes évoqués : trahison, harcèlement, viol, inceste, suicide, drogue, meurtres ; les adultes se montrent lâches et capables des pires horreurs, mais les adolescents ne sont pas en reste : leurs relations peuvent devenir perverses et dangereuses. On se réjouit cependant des multiples références littéraires : à Agatha Christie évidemment, mais également à Charles Perrault, à la mythologie et aux textes antiques. Sans oublier quelques articles du code pénal !
L’auteure, nous ayant habitués à des romans traitant de sujets forts, parfois dérangeants, ne déroge pas à la règle avec ce récit glaçant d’emprise d’un père sur sa fille. Lilou est en première L ; âgée de 16 ans, elle vit dans une superbe villa près d’Aix-en-Provence avec son père, Édouard Cuvelier, séduisant patron d’une agence de publicité. Lilou adore son « papa-Lou », auquel elle voue une admiration démesurée ; obéissant à son père qui le lui déconseille, elle ne va même plus voir sa mère, Caroline, hospitalisée pour une récidive de cancer, avec laquelle les relations se sont dégradées depuis plusieurs années. Ses meilleurs amis, Emma, Camille et Lucas, ainsi que son amoureux Gabriel l’amènent cependant à se poser des questions et elle décide de retourner rendre visite à sa mère : elle découvre alors que son père lui ment et a tout fait pour les séparer l’une de l’autre. Il ne lui restera malheureusement que deux mois pour renouer (notamment par le biais de la littérature) avec cette femme qui fut la première victime d’un mari pervers narcissique, avant qu’il n’emprisonne sa fille dans une relation malsaine et toxique.
Il s’agit de la troisième enquête du lieutenant-détective Valérie Lavigne, les deux précédentes ayant été présentées dans 

Le Trésor des histoires Motordu, Pef, « L’heure des histoires », 2020.
Les Quatre Filles du docteur March, Les filles du docteur March se marient, Le Rêve de Jo March et La Grande famille de Jo March, Louisa May Alcott, traduit de l’anglais (États-Unis) par Paulette Vielhomme-Calais (tome 1) et par Claude Loriot-Prévost (tomes 2, 3 et 4), Folio Junior, 2019 (tomes 1, 2 et 3), 2021 (tome 4).
Adila, Gédéon, Jo, Romi et Titus forment une bande très soudée, toujours prête pour de nouvelles missions et aventures… Qu’il s’agisse d’éviter une punition à leur copain Paolo qui a de nouveau oublié ses affaires de piscine ; ou de tout mettre en œuvre pour que Titus, soudain couvert de boutons d’acné, ne soit séparé d’eux car expédié au collège.
Les parents des apprentis lecteurs seront mis à contribution, au moins dans un premier temps, pour les accompagner dans des enquêtes mettant en scène les héros de deux séries, peut-être déjà connues. Chaque double page comporte des bulles, du texte et une énigme à résoudre. En ce qui concerne la première aventure, Lou et Sam doivent aider les parents manchots à retrouver leur œuf disparu. Et pour ce faire : lire un message dans un miroir, trouver des personnages identiques, décrypter un message écrit en code ou dans lequel chaque voyelle est remplacée par un chiffre, déchiffrer un rébus ou des mots mêlés, compter des animaux. Dans la deuxième, Amélie et Siméon sont confrontés à une forêt envahissante que seule une formule magique leur permettra de faire disparaitre. Il leur faudra donc : repérer les premières lettres des mots, remplacer chaque lettre par la lettre suivante dans l’alphabet, suivre du doigt un labyrinthe et noter les lettres qui y sont cachées ou reconstituer des lettres à moitié effacées. Une façon ludique d’appréhender la lecture en équipe. Les solutions sont livrées à la fin des ouvrages au cas où…
Silent Boy, Gaël Aymon ; Aux ordres du coeur, Fabrice Colin ; Les Potos d’abord, Rachel Corenblit ; Le Livre le plus mauvais du monde, Vincent Cuvellier ; Comme un homme, Florence Hinckel ; Son héroïne, Séverine Vidal, sont les six premiers titres de cette nouvelle collection de textes très courts (une soixantaine de pages) destinés aux lycéens, voire aux étudiants, peu enclins ou pressés de lire, sachant qu’ils existent également en version numérique ou auditive pour ceux qui préfèreraient. L’éditeur a fait appel à de auteur·e·s reconnu·e·s qui ont rédigé, dans une langue percutante et exigeante, des histoires variées, réalistes et parfois drôles ou légères, mais également très dures. Les personnages sont amenés à grandir face aux aventures ou épreuves qu’ils traversent.
Dans l’ordre : Anton, adolescent très introverti, s’exprimant surtout sur internet y puise le courage de dénoncer le harcèlement d’un camarade. Johanne, 17 ans, accompagne la folie de sa mère, quitte à s’oublier et se perdre. L’amitié d’Ihmed et de Nathan est mise en péril lorsqu’ils partent en vacances à deux, sans adultes. Adolescent un peu paumé et désœuvré, Paul rencontre l’auteur, incontrôlable, du livre incompréhensible qu’il a trouvé dans une boite à livres. Ethan, 18 ans, découvre le calvaire vécu par sa mère : va-t-il tuer ce grand-père coupable de viol et d’inceste ? Après avoir « sauvé » Jessica d’une agression, Rosalie la harcèle, faisant de la vie de sa nouvelle « amie » un cauchemar.
Casterminouche, une histoire et on se couche !
Cet enfant que j’aime infiniment, Capucine Lewalle et Maud Legrand, 2020.
Nouvelle série destinée aux 8-12 ans, mettant en scène quatre adolescents faisant partie d’une agence très spéciale baptisée Gulliver. Leur objectif ? Combattre SHARK, une dangereuse organisation cherchant à dominer le monde en s’attaquant aux enfants. Amos, 12 ans, se réveille amnésique. Peut-être est-ce lié à une découverte qu’il aurait faite lors d’une mission en solo sur un jeu vidéo. Julia, Diego, Kenzo et lui partent alors en Californie pour enquêter secrètement au sein du « Video Games Institute ». Dans une deuxième aventure, qui les mène au Portugal, il s’agira d’infiltrer les « Kidolympiques », une compétition sportive réservée aux adolescents. Il leur faudra protéger les participants face à l’équipe d’un pays inconnu, le Babistan. Enfin, dans une troisième, ils se rendent à Singapour, où va se tenir un sommet de chefs d’
À la manière de Georges Perec, l’auteur rend hommage au pays qui a permis à son père, ainsi qu’à lui-même, d’être Français, depuis l’arrivée de ses grands-parents au début du XXe siècle. Ces derniers, juifs exilés, auraient pu connaitre ainsi que leurs fils, un sort terrible sans la mobilisation de citoyens « désobéissants » qui les ont protégés. Sans eux, l’auteur ne serait pas né, n’aurait pas bénéficié des droits et des libertés en vigueur dans une démocratie. G. Rapaport met donc en avant dans cet album toutes celles et ceux qui ont aidé sa famille pendant la seconde guerre mondiale ou plus tard. À une époque où les frontières se referment, quand certains voudraient faire croire que l’Étranger est la cause de tous nos maux, cet ouvrage rappellera que pour d’autres, notre pays peut être une terre d’accueil où la solidarité n’est pas un vain mot.
Ima, fille de Juan le pécheur et de Luna, vit à Guaqui, village andin situé au bord du lac Titicaca. Elle perd un jour la joie et la santé car elle fait d’horribles cauchemars peuplés de monstres terrifiants. Toute la famille se mobilise pour lui faire retrouver le sourire : Inès, sa tante, Luis et Alvaro
Julie ne se comporte pas du tout comme une fille aux yeux de ses parents qui la traitent de « garçon manqué ». Elle sait qu’elle les déçoit, elle voudrait pourtant qu’ils l’aiment. Un jour, elle se réveille avec une ombre de garçon qui la provoque et la harcèle. Elle doute alors de son identité, ne sait plus qui elle est vraiment et part se réfugier dans un trou au parc : elle y rencontre François, son double inversé. On lui reproche en effet d’avoir une « tête de fille », de « pleurer comme une fille »… Ils se réconfortent mutuellement, puis concluent qu’ils peuvent être les deux à la fois, fille et garçon, mais surtout qu’ils ont le droit d’exprimer et d’être ce qu’ils sont.
Mademoiselle Hester a confié Fritz, son chien espiègle et « mordilleur » au jeune Alan Mitz. L’adolescent l’emmène se promener près d’un magnifique jardin, hélas interdit aux chiens, appartenant à un magicien à la retraite ; mais ce mal élevé de Fritz n’en a cure et se sauve. Alan le poursuit dans tout le jardin pour finalement se trouver nez à nez avec l’imposant Abdul : le magicien accepte de lui rendre le cabot… sous la forme d’un canard qui finit par s’envoler, non sans avoir dérobé sa casquette au garçon ; ce dernier repart seul chez Mademoiselle Hester, terrorisé à l’idée de lui avouer la vérité. Mais celle-ci se moque gentiment d’Alan, un peu trop grand pour croire à la magie, et il rentre chez lui en se sentant un peu bête : en effet, Fritz est revenu et il s’amuse follement avec la casquette d’Alan ! Cet album reflète bien l’univers étrange et fantastique cher à l’auteur. Mélange de réalisme et d’imaginaire, cette histoire pourrait bien correspondre à la définition du fantastique par Todorov
Saluons la parution dans une version de « lecture facilitée » de ce petit roman épistolaire recommandé pour les cours moyens et la sixième.
Dys sur dix, Delphine Pessin, 2021.
Tobias Eton, alias « Quatre » raconte sa vie chez Les Altruistes avant de choisir les Audacieux, étant le premier de sa faction à agir ainsi. Les trois premiers récits, Le Transfert, Le Novice et Le Fils se situent avant la rencontre de Tobias et de Tris, tandis que le quatrième, Le Traitre, se déroule chronologiquement au milieu du tome 1, comblant ainsi un blanc : la rencontre des deux personnages.
Dans le premier tome, Michael évolue dans un univers virtuel, le VirtNet, moitié jeu vidéo, moitié réseau social ; il y fréquente Sarah et Bryson, hackers comme lui. Mais les trois amis vont être confrontés à des suicides qui eux sont bien réels…
Après avoir mis sa vie en danger, Michael est plus que jamais, dans le tome suivant, confronté à de terribles machinations : rien moins que le remplacement des esprits humains par des esprits virtuels… La parution en poche du dernier tome intitulé Fin de partie, devrait suivre. Par l’auteur de la série Le Labyrinthe, également disponible en poche et adaptée au cinéma par Wes Ball.
Les deux complices déjà mentionnées pour l’ouvrage I have a dream (
En France, on pourrait parfois oublier que des femmes et des hommes se sont battus pour obtenir des droits qui paraissent aller de soi aux plus jeunes. Dix droits fondamentaux (ne pas être esclave, fréquenter l’école laïque et gratuite, voter quand on est femme, avoir des congés payés, avorter, ne pas être condamné à mort, aimer librement, faire grève, manifester) sont mis en valeur selon un schéma identique : un dessin introduisant le sujet suivi d’une phrase qui a marqué les esprits ; une mise en contexte historique rappelant les étapes cruciales ; une bande dessinée retraçant un ou plusieurs moments forts et décisifs, complétée par ce qu’il en est aujourd’hui ; pour terminer, le portrait d’une personne ayant joué un rôle essentiel dans la conquête de ce droit, de Victor Schoelcher à Jean Jaurès en passant par Louise Weiss et Simone Veil, pour ne citer que quelques noms. La préface d’Amnesty International souligne la ténacité de chacune des personnes évoquées et le long chemin qu’il a fallu parcourir pour obtenir ces droits à travers les lois qui les ont actés ; mais attire également l’attention sur les remises en cause et les attaques dont ils font l’objet. Il faut donc les connaitre pour en bénéficier mais également les protéger et les défendre.
De façon claire et agréable, les auteurs racontent l’avènement du prophète Muhammad et la rédaction du Coran après sa mort. Ils narrent les conquêtes liées à la diffusion du message religieux et l’élaboration d’un empire gigantesque. Les débuts fastueux de la civilisation arabo-mulsumane sont décrits à travers la gestion des territoires par les califes ; l’artisanat et le commerce prospèrent, un art de vivre délicat se développe et les savoirs se multiplient grâce aux philosophes, médecins, astronomes et mathématiciens. C’est un véritable tour de force qu’il faut saluer d’avoir réussi à brosser en 48 pages l’essentiel des débuts de l’Islam jusqu’au XIIIe siècle. Abordable dès la fin de l’école élémentaire.
Voici un roman noir, bien noir… Sept adolescents d’un même établissement scolaire accompagnés de trois adultes se retrouvent dans un manoir isolé sur l’île bretonne de Sareck. Coupés du monde, ils sont censés participer à une émission de télé-réalité sous forme d’escape-game. Mais le lecteur apprend rapidement que tous ont la conscience chargée. Les pièces du puzzle se mettent progressivement en place : la jeune Esther est morte et rien n’arrêtera la main implacable des « dieux ». Les crimes commis tant par les jeunes que par les adultes sont odieux, leur châtiment sera atroce. Âmes sensibles s’abstenir ! La vengeance concoctée est machiavélique, sanglante et immorale. Le lecteur, maintenu en haleine jusqu’à la fin, sera sans doute effaré face à la noirceur des thèmes évoqués : trahison, harcèlement, viol, inceste, suicide, drogue, meurtres ; les adultes se montrent lâches et capables des pires horreurs, mais les adolescents ne sont pas en reste : leurs relations peuvent devenir perverses et dangereuses. On se réjouit cependant des multiples références littéraires : à Agatha Christie évidemment, mais également à Charles Perrault, à la mythologie et aux textes antiques. Sans oublier quelques articles du code pénal !

Le Trésor des histoires Motordu, Pef, « L’heure des histoires », 2020.
Les Quatre Filles du docteur March, Les filles du docteur March se marient, Le Rêve de Jo March et La Grande famille de Jo March, Louisa May Alcott, traduit de l’anglais (États-Unis) par Paulette Vielhomme-Calais (tome 1) et par Claude Loriot-Prévost (tomes 2, 3 et 4), Folio Junior, 2019 (tomes 1, 2 et 3), 2021 (tome 4).
Adila, Gédéon, Jo, Romi et Titus forment une bande très soudée, toujours prête pour de nouvelles missions et aventures… Qu’il s’agisse d’éviter une punition à leur copain Paolo qui a de nouveau oublié ses affaires de piscine ; ou de tout mettre en œuvre pour que Titus, soudain couvert de boutons d’acné, ne soit séparé d’eux car expédié au collège.
Les parents des apprentis lecteurs seront mis à contribution, au moins dans un premier temps, pour les accompagner dans des enquêtes mettant en scène les héros de deux séries, peut-être déjà connues. Chaque double page comporte des bulles, du texte et une énigme à résoudre. En ce qui concerne la première aventure, Lou et Sam doivent aider les parents manchots à retrouver leur œuf disparu. Et pour ce faire : lire un message dans un miroir, trouver des personnages identiques, décrypter un message écrit en code ou dans lequel chaque voyelle est remplacée par un chiffre, déchiffrer un rébus ou des mots mêlés, compter des animaux. Dans la deuxième, Amélie et Siméon sont confrontés à une forêt envahissante que seule une formule magique leur permettra de faire disparaitre. Il leur faudra donc : repérer les premières lettres des mots, remplacer chaque lettre par la lettre suivante dans l’alphabet, suivre du doigt un labyrinthe et noter les lettres qui y sont cachées ou reconstituer des lettres à moitié effacées. Une façon ludique d’appréhender la lecture en équipe. Les solutions sont livrées à la fin des ouvrages au cas où…
Silent Boy, Gaël Aymon ; Aux ordres du coeur, Fabrice Colin ; Les Potos d’abord, Rachel Corenblit ; Le Livre le plus mauvais du monde, Vincent Cuvellier ; Comme un homme, Florence Hinckel ; Son héroïne, Séverine Vidal, sont les six premiers titres de cette nouvelle collection de textes très courts (une soixantaine de pages) destinés aux lycéens, voire aux étudiants, peu enclins ou pressés de lire, sachant qu’ils existent également en version numérique ou auditive pour ceux qui préfèreraient. L’éditeur a fait appel à de auteur·e·s reconnu·e·s qui ont rédigé, dans une langue percutante et exigeante, des histoires variées, réalistes et parfois drôles ou légères, mais également très dures. Les personnages sont amenés à grandir face aux aventures ou épreuves qu’ils traversent.
Dans l’ordre : Anton, adolescent très introverti, s’exprimant surtout sur internet y puise le courage de dénoncer le harcèlement d’un camarade. Johanne, 17 ans, accompagne la folie de sa mère, quitte à s’oublier et se perdre. L’amitié d’Ihmed et de Nathan est mise en péril lorsqu’ils partent en vacances à deux, sans adultes. Adolescent un peu paumé et désœuvré, Paul rencontre l’auteur, incontrôlable, du livre incompréhensible qu’il a trouvé dans une boite à livres. Ethan, 18 ans, découvre le calvaire vécu par sa mère : va-t-il tuer ce grand-père coupable de viol et d’inceste ? Après avoir « sauvé » Jessica d’une agression, Rosalie la harcèle, faisant de la vie de sa nouvelle « amie » un cauchemar.
Casterminouche, une histoire et on se couche !
Cet enfant que j’aime infiniment, Capucine Lewalle et Maud Legrand, 2020.
Nouvelle série destinée aux 8-12 ans, mettant en scène quatre adolescents faisant partie d’une agence très spéciale baptisée Gulliver. Leur objectif ? Combattre SHARK, une dangereuse organisation cherchant à dominer le monde en s’attaquant aux enfants. Amos, 12 ans, se réveille amnésique. Peut-être est-ce lié à une découverte qu’il aurait faite lors d’une mission en solo sur un jeu vidéo. Julia, Diego, Kenzo et lui partent alors en Californie pour enquêter secrètement au sein du « Video Games Institute ». Dans une deuxième aventure, qui les mène au Portugal, il s’agira d’infiltrer les « Kidolympiques », une compétition sportive réservée aux adolescents. Il leur faudra protéger les participants face à l’équipe d’un pays inconnu, le Babistan. Enfin, dans une troisième, ils se rendent à Singapour, où va se tenir un sommet de chefs d’
À la manière de Georges Perec, l’auteur rend hommage au pays qui a permis à son père, ainsi qu’à lui-même, d’être Français, depuis l’arrivée de ses grands-parents au début du XXe siècle. Ces derniers, juifs exilés, auraient pu connaitre ainsi que leurs fils, un sort terrible sans la mobilisation de citoyens « désobéissants » qui les ont protégés. Sans eux, l’auteur ne serait pas né, n’aurait pas bénéficié des droits et des libertés en vigueur dans une démocratie. G. Rapaport met donc en avant dans cet album toutes celles et ceux qui ont aidé sa famille pendant la seconde guerre mondiale ou plus tard. À une époque où les frontières se referment, quand certains voudraient faire croire que l’Étranger est la cause de tous nos maux, cet ouvrage rappellera que pour d’autres, notre pays peut être une terre d’accueil où la solidarité n’est pas un vain mot.
Ima, fille de Juan le pécheur et de Luna, vit à Guaqui, village andin situé au bord du lac Titicaca. Elle perd un jour la joie et la santé car elle fait d’horribles cauchemars peuplés de monstres terrifiants. Toute la famille se mobilise pour lui faire retrouver le sourire : Inès, sa tante, Luis et Alvaro
Julie ne se comporte pas du tout comme une fille aux yeux de ses parents qui la traitent de « garçon manqué ». Elle sait qu’elle les déçoit, elle voudrait pourtant qu’ils l’aiment. Un jour, elle se réveille avec une ombre de garçon qui la provoque et la harcèle. Elle doute alors de son identité, ne sait plus qui elle est vraiment et part se réfugier dans un trou au parc : elle y rencontre François, son double inversé. On lui reproche en effet d’avoir une « tête de fille », de « pleurer comme une fille »… Ils se réconfortent mutuellement, puis concluent qu’ils peuvent être les deux à la fois, fille et garçon, mais surtout qu’ils ont le droit d’exprimer et d’être ce qu’ils sont.
Mademoiselle Hester a confié Fritz, son chien espiègle et « mordilleur » au jeune Alan Mitz. L’adolescent l’emmène se promener près d’un magnifique jardin, hélas interdit aux chiens, appartenant à un magicien à la retraite ; mais ce mal élevé de Fritz n’en a cure et se sauve. Alan le poursuit dans tout le jardin pour finalement se trouver nez à nez avec l’imposant Abdul : le magicien accepte de lui rendre le cabot… sous la forme d’un canard qui finit par s’envoler, non sans avoir dérobé sa casquette au garçon ; ce dernier repart seul chez Mademoiselle Hester, terrorisé à l’idée de lui avouer la vérité. Mais celle-ci se moque gentiment d’Alan, un peu trop grand pour croire à la magie, et il rentre chez lui en se sentant un peu bête : en effet, Fritz est revenu et il s’amuse follement avec la casquette d’Alan ! Cet album reflète bien l’univers étrange et fantastique cher à l’auteur. Mélange de réalisme et d’imaginaire, cette histoire pourrait bien correspondre à la définition du fantastique par Todorov
Saluons la parution dans une version de « lecture facilitée » de ce petit roman épistolaire recommandé pour les cours moyens et la sixième.
Dys sur dix, Delphine Pessin, 2021.
Tobias Eton, alias « Quatre » raconte sa vie chez Les Altruistes avant de choisir les Audacieux, étant le premier de sa faction à agir ainsi. Les trois premiers récits, Le Transfert, Le Novice et Le Fils se situent avant la rencontre de Tobias et de Tris, tandis que le quatrième, Le Traitre, se déroule chronologiquement au milieu du tome 1, comblant ainsi un blanc : la rencontre des deux personnages.
Dans le premier tome, Michael évolue dans un univers virtuel, le VirtNet, moitié jeu vidéo, moitié réseau social ; il y fréquente Sarah et Bryson, hackers comme lui. Mais les trois amis vont être confrontés à des suicides qui eux sont bien réels…
Après avoir mis sa vie en danger, Michael est plus que jamais, dans le tome suivant, confronté à de terribles machinations : rien moins que le remplacement des esprits humains par des esprits virtuels… La parution en poche du dernier tome intitulé Fin de partie, devrait suivre. Par l’auteur de la série Le Labyrinthe, également disponible en poche et adaptée au cinéma par Wes Ball.
Elle rêve d’un monde où l’égalité des sexes serait évidente et cela passe à ses yeux par l’éducation des filles et des garçons : cette éducation féministe est développée en 15 points dans son ouvrage Chère Ijeawele, (Gallimard, 2017). Non sans humour, l’auteure, d’origine nigériane, s’appuie sur son expérience et raconte maintes anecdotes vécues montrant à quel point les stéréotypes et les préjugés ont la vie dure, notamment en Afrique : même quand elle obtient les meilleures notes (condition nécessaire pour décrocher le rôle), une fille ne peut devenir « chef de classe » ; lorsqu’une jeune femme donne un pourboire, c’est son compagnon qu’on remercie car c’est forcément lui qui lui a procuré l’argent ! Même si, entre autres, quasiment aucune allusion n’est faite aux violences de tous ordres subies par les femmes, ce texte, très consensuel et optimiste, fournira une bonne base de discussions et débats dès la fin d’école primaire. C’est donc une excellente idée d’avoir adapté pour la jeunesse ce discours célèbre prononcé aux États-Unis en 2012 (dont le texte remanié est disponible en Folio Gallimard, 2015, suivi d’une nouvelle, Les Marieuses, traitant d’un mariage forcé) et d’en avoir fait ce bel album dont le texte figurant à gauche est illustré de couleurs à la fois douces et vives sur chaque pleine page de droite.
Vous n’avez pas trouvé l’ouvrage que vous auriez voulu lire ? Écrivez-le ! C’est le cas de cette jeune Québécoise, qui a rédigé une somme magistrale sur la sexualité au sens large, sans jugement et sans tabou. Bibliographie et sources, impressionnantes, témoignent dans les dernières pages du sérieux de la démarche. On lira d’ailleurs avec intérêt et profit l’introduction de ce dictionnaire narrant le parcours, les valeurs et les motivations de l’auteure. Croisant des approches descriptive, scientifique et psychologique, l’ouvrage se lit au gré des interrogations ou des intérêts du lecteur et ouvrira la discussion. N’excluant personne, rassurant et déculpabilisant, il aidera les jeunes (ou les moins jeunes) à mieux se découvrir, mieux se connaitre, mieux accepter leur corps ou leur identité. L’ensemble se teinte d’humour, comme en attestent les illustrations colorées (camaïeux de bleus et de rouges), de style BD. Encore un ouvrage qui devrait figurer en bonne place dans les CDI, vu la frilosité des manuels scolaires sur le sujet.
J’agis pour ma planète, « Archi Doc », Emmanuelle Ousset, illustrations de Pierre Caillou, Père Castor, Flammarion Jeunesse, 2020.
Auteure pour la jeunesse reconnue, J. Winter conte l’histoire d’une adolescente « invisible », terrifiée lorsqu’elle a découvert l’ampleur du réchauffement climatique et ses conséquences. Surmontant la dépression qui la gagnait, Greta s’est mobilisée, seule, mais bientôt rejointe par des milliers de jeunes puis d’adultes. Une biographie distanciée, vibrant hommage d’une dame d’âge respectable au combat d’une jeune fille engagée à laquelle elle s’est identifiée. Texte concis magnifiquement illustré par l’auteure elle-même.
Nous sommes tous Greta. Des idées pour changer le monde, Valentine Giannella, illustrations de Manuela Marazzi, traduit de l’italien par Valentina Gardet, Nathan, 2020.
Comme l’indique le titre, voici un jardinier un peu particulier, que son amour des livres a chassé loin des villageois qui ne partageaient pas sa passion. Ces derniers en ont eu assez également de la petite orpheline qui cherchait à partager avec eux les connaissances puisées dans les documentaires dont elle se nourrit. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer, mais à condition que le jardinier se laisse apprivoiser par une gamine plus rusée qu’elle n’en a l’air ! On pense évidemment au Petit Prince, à sa rose et au renard pour cette belle histoire métaphorique jouant sur le sens figuré des mots. L’amour des livres, récits pour lui, documentaires pour elle, les réunit et permet de créer des liens plus forts que ceux du sang. Une histoire tendre, douce et poétique magnifiquement illustrée. Je ne connaissais pas cette maison d’édition canadienne dont cet
Quel plaisir de retrouver un album de
Dans le deuxième album, les questions de Sofia seront l’occasion pour ses parents de remonter le temps en évoquant des ancêtres de plus en plus lointains et de brosser rapidement l’histoire de l’humanité, car le questionnement de Sofia ne s’arrêtera qu’à une conclusion évidente à ses yeux : dans le trou noir, c’était elle ! Fidèle à ses valeurs, l’auteur tord subtilement le cou aux stéréotypes et dénonce habilement les préjugés. Métisse issue d’un couple mixte, Noire/Blanc, Sofia rayonne d’énergie et d’intelligence ; les propos sont mis en valeur par un dessin au style enfantin fourmillant de détails précis teintés d’humour. Espérons que Sofia garde encore des tonnes de questions en réserve…
« Aimée Qu’est-ce que j’ai » se plaint de ne pas s’y retrouver entre son papa, qui vit tout seul, et sa maman, qui a un nouveau compagnon, Marcello, la fille de celui-ci, Lena, avec laquelle elle doit partager sa chambre, sans compter son nouveau « demi-frère. Elle oublie toujours quelque chose entre les deux maisons, pense toujours au parent dont elle est éloignée… Cependant la discussion avec « Mehdi Moi-tout » l’aide à admettre que cette situation présente cependant de bons côtés, mais surtout que ses parents l’aiment toujours autant. Il s’agit du quatrième tome mettant en scène ces deux personnages récurrents ayant déjà échangé sur la mort (Ma grand-mère est morte, le divorce (Mon papa et ma maman se séparent) et la naissance (Maman attend un bébé), albums élaborés par les mêmes complices. Une collection qui a pour ambition de « traiter des grands sujets de la vie pour aider les enfants… et les parents », joliment illustrée dans un style bande dessinée, entrecoupé d’images plus symboliques : doubles pages très colorées sur lesquelles Aimée constate puis analyse ses émotions.
Parler d’un coup de cœur serait exagéré, car ce roman touffu, qui part un peu dans tous les sens et mélange les genres, ne m’a pas séduite autant que les romans précédents de l’auteur que je trouve plus à l’aise dans les récits d’espionnage (
En 2061, Daniel et ses sœurs, Montana et Judith, vivent au cœur d’une grande forêt en Dordogne, c’est leur univers, ils n’ont jamais rien connu d’autre. Ils sont brutalement enlevés par des braconniers sanguinaires. Adam et Allis, leurs parents feront tout pour les retrouver et les sauver, avec l’aide discrète d’un « ermite » et d’un « sauvage ». Tout a commencé en 2022 quand un jeune universitaire anglais, Thomas F. a publié un manifeste intitulé « Do not count on us » (« Ne comptez pas sur nous ») prônant une rupture nette avec un monde qui ne se respecte plus : il faut aller vivre dans les marges, recréer un « monde à côté », constitué de communautés politiques basées sur l’amitié. Dans toute l’Europe, des jeunes s’enthousiasment pour ces idées, se rebellent, manifestent et partent sur les routes : c’est la « Sécession » en 2025. Antigone et Xavier, Joan (Jay), Paul (Pibe), La Houle, Berzek, font partie des pionniers, mais l’État ne les laissera pas en paix… En 2042, les villes sont devenues des prisons, les étudiants sont parqués dans des containeurs ; Allis Koteas, traumatisée par une tentative de viol décide d’intégrer la « Brigade de Gestion et de Protection des Autres Espèces Animales » et finit par être affectée à la traque, très dangereuse, des braconniers sévissant dans la Grande Forêt, réserve naturelle sauvage protégée. Roman d’anticipation qui commence par la fin, ce récit s’étale sur presque quarante ans, mettant en scène trois générations de personnages dont les liens n’apparaitront que progressivement. Sa temporalité complètement destructurée, les incessants allers-retours entre le présent et les différentes périodes du passé, les pensées des personnages ou les extraits du manifeste de Thomas F. rendent la narration complexe, ce qui nécessitera de bonnes compétences de lecture. Mais il se révèle passionnant par les thèmes qu’il développe : que reste-t-il de l’utopie de départ vingt-cinq ans plus tard ? Le rêve est-il encore possible ? L’amitié est-elle le ciment de la société ? Un roman palpitant dont la violence, voire la tragédie, sont loin d’être absentes mais qui n’éteint jamais la flamme de l’espoir.
2017 : son père vient de mourir d’un accident sur une route de La Réunion ; encore sous le choc, Soën découvre que Gilles avait une famille en métropole dont il lui avait caché l’existence. Sans compter que des policiers arrivent de Paris pour enquêter sur ce qui pourrait bien être un assassinat. Avec le soutien de son amie Ida, Soën entreprend alors, non sans risques, de découvrir qui est ce père inconnu, en réalité prénommé Yvon, dont il fait la connaissance par bribes, grâce aux témoignages de ses proches et aux lettres qu’il écrivait. Le récit de son enquête est entrecoupé par les carnets de son père, rédigés alors que celui-ci enseignait le français à Ankara en 1984-85. Il y décrivait son quotidien, ses amitiés, ses amours. Tout a commencé à cette époque, en Turquie, sans qu’Yvon imagine le drame qui le conduirait à s’exiler et à vivre « sous légende ». Ce roman à la fois intimiste, abordant la relation père-fils, et d’espionnage, dans lequel le lecteur en sait davantage que les personnages, adopte la forme d’un puzzle ; il intéressera sans doute plutôt les plus âgés étant donné le contexte géopolitique : fin de la guerre froide, actions terroristes, secrets d’état.
Vivant en Floride, avec sa mère Christine et sa sœur ainée Belinda, Billy Dickens n’a pas vu son père depuis une dizaine d’années ; il le sait toujours vivant puisque sa mère reçoit de l’argent pour eux chaque mois. Mais elle refuse de lui dire où vit son ex-mari. Cependant, le collégien, surnommé « Snake Boy » vu sa fascination pour les serpents y compris les plus dangereux, réussit à se procurer l’adresse et décide de partir retrouver son géniteur dans le Montana. Il y fait la connaissance de Little Thunder Sky, surnommée Lil, et de sa fille Summer Chasing Hawks, deux indiennes Crows, formant la nouvelle famille de Dennis. Mais comme très souvent, ce dernier est parti en mission secrète ; il viendra finalement en Floride renouer avec Chrissie et ses enfants, même s’il garde toujours le secret sur ses activités. Ce sera le début d’une aventure hors du commun pour Billy et son père. Même s’il semble peu réaliste qu’un si jeune garçon fasse preuve d’autant de maturité, on adhère à sa quête, à sa personnalité, à son humour et à son courage. On retrouve les thèmes chers à l’auteur en matière de protection de la nature et d’amour des animaux : le fils utilise les serpents pour « calmer » tous les méchants ; sa mère est passionnée par les nids d’aigles au point qu’elle déménage pour en avoir toujours au moins un dans son champ visuel et son père, grâce à ses drones, protège le gibier tout en traquant des braconniers très dangereux. Sans compter que, parfois, les grizzly rendent la justice…L’humour et le suspense sont au rendez-vous.
Premier roman d’un guitariste auteur-compositeur-interprète, cet ouvrage met en scène un trio d’amis qui vivent leur dernière année de lycée à Forestville dans le Tennessee. Si Lydia Blankenship, blogueuse active, vivant dans une famille aimante et aisée, sait déjà qu’elle rejoindra une université prestigieuse, ce n’est pas le cas des deux garçons : face à un père alcoolique et violent, Travis Bohannon, se réfugie dans la Fantasy et les forums en ligne ; quant à Dillard Early, comment peut-il oublier, et faire oublier, qu’il est le fils d’un pasteur emprisonné pour pédophilie, mais également le petit fils « du Roi Serpent », ainsi surnommé parce qu’il n’a pas supporté la mort de sa fille, mordue par une vipère, sur la tombe de laquelle il s’est suicidé ? Dill, englué dans les discours religieux de ses parents, hanté par l’idée de ressembler à son père, se résigne à son sort, refusant toute ambition. La disparition tragique de Travis l’anéantit au point qu’il songe à imiter son grand-père. Lydia, pleine d’entrain et d’énergie, réussit cependant à lui insuffler un peu d’espoir et à le convaincre qu’il a du talent comme musicien, qu’il peut entamer des études. Un roman initiatique d’une grande sensibilité, mettant en valeur le poids des histoires familiales et de la religion sur le destin des individus, contrebalancé par des amitiés indéfectibles et les capacités de chacun à sortir de trajectoires qui semblaient inéluctables, même si se libérer a un prix. Une fin ouverte, porteuse d’espoir.
L’amitié est également au centre de ce roman touchant et décalé. Yaro, réfugié sans papiers de 18 ans se débrouille comme il peut. Quand il repère Alistair promenant un chien, il échafaude une arnaque dont il n’anticipe pas un instant les conséquences. Le jeune homme, âgé de 21 ans, n’était pas sorti de son appartement depuis plus de deux ans, « séquestré » par sa mère depuis sa naissance, afin que rien de grave ne puisse lui arriver ! Mais ce jour-là, sa mère est morte… Génie scientifique ayant tout appris derrière un ordinateur, Alistair ne risque pas de savoir comment gérer la situation car il est complétement inadapté sur le plan social. Yaro découvre alors l’ampleur du guêpier dans lequel il s’est fourré, mais il a du cœur et ne peut abandonner ce grand dadais naïf à son sort. Ainsi se forme un duo attachant qu’un enchainement de circonstances va entrainer dans des situations extraordinaires, parfois proches de la tragédie, mais l’optimisme, les rêves et l’humour l’emporteront toujours. La narration alterne la troisième personne pour Yaro alors qu’Alistair s’exprime à la première, nous plongeant ainsi dans son univers mental : son rêve d’aller sur la lune, sa rationalité, ses connaissances théoriques et livresques, son absence d’émotions ou de sentiments, ses réflexions au premier degré. Ils seront amenés à croiser une foule de personnages pittoresques (voisines d’immeuble), dont certains deviendront des amis (Sidonie et Georges) voire davantage (Jenny et Azèle Aya). Résolument optimiste, prônant la résilience, quels que soient les traumatismes subis, il s’agit d’un roman parfois déjanté faisant du bien. La fin confirme ce qui pouvait être pressenti : ce n’est pas parce qu’Alistair était « différent » et vulnérable que sa mère l’a protégé du monde extérieur, mais plutôt l’inverse…
Lycéenne harcelée depuis qu’elle a pris la défense d’une « Burakamin » (les « Intouchables » du Japon), Emi s’est repliée sur elle-même, s’isole et se dévalorise. Elle fréquente un « bar à chats », où elle fait la connaissance d’une fille un peu plus âgée qu’elle, Hana. Libre et décomplexée, celle-ci devient son amie et l’aide à retrouver confiance en elle. Quelques indices, dont les courriers adressés à Fubuki Katana, permettront sans doute aux lecteurs clairvoyants de deviner de quoi sont capables les parents d’une fille unique, craignant qu’elle ne devienne une « Hikikomori » (jeunes qui vivent enfermés chez eux, sans contacts sociaux)… Des personnages attachants, un roman facile à lire, mettant en scène un univers culturel très contrasté, empreint de modernité telle que nous la connaissons et de traditions/attitudes très différentes des nôtres.
Comment River fait-elle pour supporter ce harcèlement continu au collège ? Isolement, moqueries, insultes, racket, agressions multiples constituent son quotidien tel que sa sœur le rapporte, avec un certain détachement. Il faut dire que River, intelligente, en réussite scolaire, est « différente », imprévisible, explosive, obsessionnelle parfois, bref, étrange et compliquée, au point que six thérapeutes s’occupent d’elle. Si sa famille lui prodigue amour et attention, il n’en est pas de même de la part des élèves du collège, le terrible Alanka et ses sbires, les trois T, Tanguy, Tom et Thib qui s’acharnent sur elle. Malgré une fin optimiste, ce roman coup de poing ne nous cache rien de la cruauté des jeunes entre eux et de l’aveuglement des éducateurs qui les côtoient. L’auteure évite le pathos tout en faisant de River un personnage lucide et attachant ; son écriture subtile, notamment dans le jeu des pronoms et des substituts, prépare doucement les lecteurs à la révélation finale que les plus fins psychologues d’entre eux auront anticipée.
Elle s’exprime à la première personne, de façon percutante, sous forme de vers libres. Xiomara Batista, bientôt 16 ans, d’origine dominicaine, vit à Harlem. Sa mère, pétrie de religion, la brime en lui interdisant tout ce dont une adolescente rêve. Il faut dire que « Mami » aurait préféré épouser le Christ plutôt que l’homme qui lui a permis d’entrer aux États-Unis. Sans compter que, enfants de « vieux », Xiomara et son frère jumeau Xavier n’étaient plus attendus, faisant de leur « Papi », coureur et buveur, un homme qui s’est effacé en renonçant à toutes ses frasques. La jeune fille dont le prénom signifie « celle qui fait la guerre » livre un combat chaque jour : avec ses poings quand on la harcèle et qu’on l’insulte à cause de ses formes voluptueuses, ou quand elle défend son frère, dont elle découvre soudain l’homosexualité. Elle évacue également sa colère en écrivant sa rage de ne pouvoir exprimer de vive voix tout ce qu’elle ressent : ses doutes, ses interrogations, sa complicité et ses discussions avec son amie Caridad, ses sentiments vis-à-vis d’Aman qu’il faut cacher… Heureusement, Madame Galiano, sa professeure d’anglais, repère ses qualités d’écriture et l’invite à participer au club de slam du lycée : Xiomara va y rencontrer de nouveaux amis, s’y épanouir, pouvoir enfin dire et être qui elle est. L’auteure, elle-même d’origine dominicaine et slameuse, a sans doute puisé dans son expérience pour rédiger ce premier roman, plusieurs fois récompensé, mettant en scène de façon originale la révolte d’une adolescente forte et sincère.
Le lecteur ne connaitra Manon qu’à travers les témoignages et points de vue de tous ceux qui l’ont côtoyée, interrogés par des policiers ou se confiant à un avocat. Discrète, effacée, belle, cette jeune fille de 16 ans est élevée par une mère tyrannique qui n’a pas surmonté ses traumatismes. Sa soif de liberté la conduit à fuguer avec Valentin Chevalier, secrètement amoureux d’elle depuis très longtemps. Il l’aime tant qu’il lui pardonne ses trahisons et ses mensonges ; sa passion est même si intense qu’il est prêt à tout pour l’emmener loin des « clients » qui la font vivre. En cinq actes, le puzzle se reconstitue sous nos yeux, ne pouvant déboucher que sur une tragédie. Le récit de Valentin à son avocat ainsi que les réponses de chaque personnage interrogé, qu’il soit proche de Manon ou plus éloigné, contribuent à dresser le portrait d’une adolescente ayant décidé un jour de « larguer les amarres » sans mesurer les difficultés et dangers qu’elle devrait affronter. Le principe narratif adopté maintient le suspense tandis que les nombreux dialogues rendent le récit vivant et agréable à lire, malgré une issue dramatique.
PÈRE CASTOR (Flammarion jeunesse) a imaginé « Mazette », une collection de petits albums au format carré qui propose des histoires à lire dans les deux sens : Mazette est trop sensible/Mazette est très sensible ; Mazette aime bien jouer/Mazette aime bien gagner, Agnès Ledig, illustrations de Frédéric Pillot, 2020. Centrées sur les émotions des enfants, les histoires mettent en valeur deux manières d’être, différentes, voire opposées : faut-il accepter d’être trop sensible, est-ce un problème ? Jouer juste pour le plaisir ou seulement pour gagner ? Original et futé !
L’amie du sous-sol, Rolland Auda, 2020. Après avoir disparu, Alma entraine son ami Letho sous terre afin d’y aider un fantôme.
Matou Watson : La Brosse à dents du futur, Claudine Aubrun, 2020. Minou Watson est un chat pas très bien élevé, mais qui résout tous les problèmes !
L’ÉCOLE DES LOISIRS propose dans « Illustres Classiques » de grandes œuvres littéraires en version abrégée, le texte original étant réduit dans une démarche pédagogique et illustré par un artiste contemporain. Quatre titres à ce jour : Les Hauts de Hurlevent, Les Quatre Filles du Docteur March (2019), Thérèse Raquin et Dracula (2020).
Le Point sublime met en scène Mina une jeune réalisatrice qui revient dans le Tarn : elle passait autrefois ses vacances chez Lune, sa grand-mère, une femme libre et émancipée, dont ses parents l’ont séparée. Déconstruits, les souvenirs reviennent : la découverte du plaisir et de la sexualité y tiennent une place importante, mais également sa vie de lycéenne, devant surmonter la séparation de ses parents, son amitié malsaine avec Audrey, qui parle plus qu’elle n’agit, et surtout la trahit…
Rédigé à la première personne, dessinant le parcours d’une jeune femme ayant appris à se connaitre, à travers des expériences parfois traumatisantes, parfois sublimes, il s’agit d’un gros roman sensible, mais inégal à mes yeux, car certaines scènes m’ont semblé répétitives et artificielles.
La famille de Marjorie rivalise d’inventivité pour la qualifier : ronde, enveloppée, boulotte, gironde, pulpeuse, généreuse… Il n’empêche que l’adolescente subit le harcèlement de ses camarades de collège qui ne l’épargnent pas, parce qu’elle est « grosse ». Le calvaire a commencé dès l’école primaire, le centre d’amaigrissement pour enfants en surpoids et les régimes divers n’y ont rien changé. Si ça ne tenait qu’à elle, Marjorie, de nature enjouée et douée sur le plan artistique, s’en accommoderait, mais elle se voit à travers le regard des autres et craint de ne plus être aimée des siens. L’arrivée dans la classe de Jo, qui malgré une maigreur extrême ne s’en laisse pas compter, aidera Marjorie à se monter plus combative face aux quolibets. Ayant elle-même souffert de discrimination, en raison d’une leucémie qu’elle a heureusement vaincue, Jo lui offre son amitié car elle a immédiatement perçu les qualités cachées de Marjorie, la poussant ainsi à reprendre confiance en elle. Un petit roman facile à lire, résolument positif, prônant l’acceptation de soi.
La maitresse a demandé à Jamila de raconter son histoire. Elle est arrivée du Yémen en guerre, avec ses parents et son petit frère Jaden. En quelques pages, des mots simples indiquent pourquoi on fuit son pays, décrivent les dangers du voyage, les conditions difficiles d’installation et d’adaptation, le rejet parfois, mais également l’amitié. Ce petit album se termine par les mots que pose le Docteur Cat sur les émotions et souffrances des deux enfants âgés de 7 et 4 ans, comme s’ils étaient face à elle. Émigrer, ce n’est jamais facile !
Voici la suite du petit roman Des livres et moi (2017) qui mettait en scène le début d’une correspondance entre Alex, pour qui lire est une corvée, et l’écrivain Filippe Cavreini. Ils sont devenus amis, voire confidents, sans qu’Alex n’aie jamais dévoilé son sexe : fille ou garçon ? Alex est en seconde, s’interroge sur son avenir, mais également sur ses origines, sa mère lui parlant très peu de son père dont elle s’est séparée avant sa naissance. L’adolescent·e confie ses doutes et sa colère à son ami écrivain, qui écoute, conseille, soutient, tout en lui faisant part de ses propres interrogations : il hésite à accepter qu’on adapte un de ses livres au cinéma. Un roman-exercice de style, sous forme de correspondance électronique, très agréable à lire, qui se termine sur la rencontre prévue des deux protagonistes, sans que le voile sur l’identité d’Alex ne soit levé ! Entre temps, elle ou lui aura enquêté sur son père et profité d’un voyage scolaire pour le rencontrer ainsi que sa nouvelle famille, trouvant ainsi un apaisement salvateur.
Cilla, 16 ans, a été rejetée par ses parents, car enceinte (voir dans le numéro 64, le réseau
Œdipe schlac schlac, Sophie Dieuaide, 2020. Nouvelle édition enrichie de cet ouvrage paru en 2002. Grâce aux conseils du carnet de théâtre joint, les élèves pourront jouer eux-mêmes la pièce mise en scène par les élèves du roman déjanté de l’auteure.
Danny, champion du monde, Roald Dahl, illustrations de Quentin Blake, traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, 2020. Cette belle histoire d’amour entre un père et son fils rejoint le catalogue de l’éditeur avec les illustrations inédites en France de Quentin Blake. Pour l’instant en grand format littérature avec l’espoir d’une parution prochaine en poche…
Brexit Romance, Clémentine Beauvais « Pôle Fiction », 2020, (Sarbacane, 2018). Mariages blancs franco-anglais contre divorce Angleterre-Europe. C’est l’idée farfelue et osée mise en œuvre par Justine Dodgson ! Comme le titre l’indique, tout ne se passera pas raisonnablement et rationnellement comme prévu. Une galerie de personnages hauts en couleurs, des sujets plus politiques qu’ils n’en n’ont l’air, traités avec humour. Très « branché », un peu trop peut-être… Également publié en « J’ai lu ».


Le Muscadier
Seuls dans la ville entre 9 h et 10 h 30, Yves Grevet, 2019, (Syros 2011). Une enquête originale menée par Erwan et Cassandre, à partir des vingt-cinq copies des élèves de leur classe : l’un d’eux a peut-être noté un indice important ce matin-là lorsqu’ils étaient censés décrire tout ce qu’ils observaient, au moment même où le notaire de la ville était assassiné…
Stabat Murder, Sylvie Allouche, 2020. (Syros 2017). Quatre jeunes pianistes du Conservatoire National Supérieur de Musique, amis davantage que concurrents, disparaissent soudainement peu de temps avant de passer un prestigieux concours. Première apparition de Clara Di Lazzio qui revit douloureusement les recherches, restées vaines, destinées à retrouver son jeune frère disparu ; elle mène son équipe tambour battant, quitte à se fourvoyer. Déterminés à localiser Matthis, Mia, Sacha et Valentin avant qu’il ne soit trop tard, les enquêteurs interrogent de nombreux personnages secondaires, professeurs, amis, parents. Musique et famille sont au cœur de ce récit, alternant passé des personnages, déroulement erratique de l’enquête, qui se conclut un peu rapidement, et conditions épouvantables de la séquestration des jeunes.
Les mots pour combattre le racisme, Jessie Magana et Alexandre Messager, 2020. Une nouvelle édition actualisée d’un abécédaire indispensable : 67 mots qui décryptent tous les aspects du racisme, des plus anciens aux plus récents.
Sauveur et fils, Saison 3, Marie-Aude Murail, Médium Poche, 2020. Série présentée dans 























En matière d’écologie, de l’action, plutôt que des grands discours ! Ce petit ouvrage carré sous forme de cahier à spirales invite les enfants, dès l’âge de huit ans, à se lancer dans 40 activités regroupées en huit catégories (Désencombrer, Manger mieux sans gaspiller, Le grand nettoyage au naturel, Se mettre à jardiner, La mobilité : on s’bouge !, Bricoler écolo, En route vers le zéro déchet, Écolo à l’école). Très concret, chaque défi répond aux questions « Pourquoi et comment ? » suivies, si nécessaire, du « pas à pas » guidant le jeune auquel on indique parfois par un logo qu’il aura besoin d’aide. D’autres logos invitent à
Et si les inégalités filles/garçons commençaient dès la cour de récréation ? Margot est excédée par l’attitude des garçons qui occupent la plus grande partie de la cour afin de jouer au foot, cantonnant les filles à des espaces très restreints et à des « jeux de filles ». Après avoir essayé de parlementer avec Yacine qui ne veut rien savoir, elle et ses copines vont utiliser des méthodes coercitives pour obtenir gain de cause, jusqu’à ce que la maitresse les aide à trouver des solutions plus démocratiques. Un petit roman très facile à lire, faisant la guerre aux préjugés et aux stéréotypes : les filles peuvent aimer jouer au foot et certains garçons détester ça ; ceux-là peuvent préférer la corde à sauter ou les cartes Pokémon !
« Dylan a un secret… il est dyslexique » : ce sous-titre annonce la couleur dès la première de couverture. Mais dans ce cas, comment peut-il nous raconter aussi bien toutes ces années de galère et de souffrance ? L’épilogue nous le dira : âgé à présent de dix-neuf ans, il est en terminale technologique et pratique le théâtre dans une troupe amateur. Il a saisi les mains tendues, a retrouvé confiance en lui et développé des stratégies de remédiation face à ses difficultés. Au lieu de se heurter aux obstacles, il les a contournés, sûr et certain à présent d’arriver quelque part. Ce roman rédigé à la première personne plonge le lecteur dans l’intimité de Dylan, facilitant une identification douloureuse. Le narrateur choisit de démarrer son récit alors qu’il a quatorze ans et commence très mal sa classe de quatrième ; c’est l’année de tous les dangers, celle durant laquelle son malêtre culminant, il accumule les bêtises car il n’a plus aucune estime de lui-même ; mais également celle où il prendra un nouveau départ grâce à l’opiniâtreté d’une jeune enseignante qui, derrière la façade du guignol, perçoit les qualités d’un jeune refusant toute aide depuis que son orthophoniste a déménagé. Au gré de chapitres dont le titre anticipe le contenu, Dylan analyse son handicap et ses réactions avec lucidité et humour. Il sait pouvoir compter sur ses deux amis, Pauline, garçon manqué, génie de la pâtisserie et Martin, le fort en thème ; il se lie même avec Sacha, porteur lui aussi de secrets douloureux, mais ce dernier, décidé à rendre coup pour coup, brise de ce fait une amitié naissante. C’est un roman touchant qui décortique bien le mécanisme de dévalorisation s’instaurant chez un enfant toujours en échec à l’école malgré son travail acharné et ses efforts. L’adolescence et ses tourments habituels exacerbent le sentiment de rejet : il faut rire pour éviter de pleurer, faire le clown pour cacher son désarroi, sortir la porte de ses gonds quand un professeur vous demande de la « prendre »… L’attitude rigide de son père, préférant croire que son fils est paresseux, voire malhonnête, accentue la spirale infernale de l’échec et le cercle vicieux du désespoir dans lesquels Dylan s’enferme. Heureusement, Madame Nas, sa professeure de français, insiste pour qu’il participe au club de théâtre : jouer une scène du Bourgeois Gentilhomme l’aidera à sortir de l’impasse.
Je n’aurais sans doute pas pris la peine de présenter cette énième romance pour jeunes adultes, au titre très explicite, si la question de l’égalité professionnelle entre les sexes n’avait pas été aussi centrale dans l’intrigue qui, au passage, aborde sans fard la sexualité d’un point de vue féminin. Tessa Rodriguez travaille pour une entreprise de création de jeux vidéo au milieu d’une équipe de développeurs tous plus machistes les uns que les autres, même s’ils participent à des réunions sur le harcèlement sexuel ! Fan de séries et de jeux vidéo, elle est aussi compétente, voire davantage, que ses collègues masculins mais occupe un poste subalterne. Asociale et timorée, elle se calfeutre dans la chambre qu’elle occupe chez Adam, un collègue de travail dont elle est la colocataire. Jusqu’au jour où elle décide, afin de soutenir financièrement ses toutes nouvelles amies, de relever un défi : participer à un concours en créant un nouveau jeu vidéo. Malgré ses capacités, il lui faudra cependant demander de l’aide à Adam et à ses potes, obtenir de ces derniers qu’ils dépassent leurs préjugés et leur sexisme. Univers truffé de références à la culture geek, jeux et séries, romance entre Tessa et Adam dont l’issue ne laisse aucun doute : l’intérêt de ce roman réside donc plutôt, à mes yeux, dans l’énergie que Tessa déploie pour se faire reconnaitre dans un univers professionnel dominé par les hommes ; certes, elle évolue rapidement, passant d’une vie sociale et amoureuse inexistante à des amitiés féminines solides et à une relation passionnée avec Adam, mais surtout conquiert sa place au sein de l’entreprise et parmi ses collègues, grâce à beaucoup de détermination.
Nita Rivière, jeune Amérindienne âgée de treize ans, disparait le jour de son anniversaire, alors qu’elle photographiait la ville de Montréal. C’est en enquêtant sur ce qui se révèlera rapidement être un enlèvement que Valérie Lavigne et Gautier Saint-James collaboreront pour la première fois. Le lecteur suit alternativement leurs efforts pour retrouver la jeune fille et ce qu’il advient de celle-ci, retenue prisonnière, dans une cabane perdue au milieu d’une forêt canadienne enneigée, par un homme bien décidé à la tuer après l’avoir violée. Ce très beau roman noir tient le lecteur en haleine ; Nita est une jeune fille courageuse dont l’instinct de survie se développe au fil des jours ; loin de renoncer face à l’adversité, elle puise en elle des ressources insoupçonnées, gardant face au prédateur un sens moral qui l’honore. De leur côté, les enquêteurs ne ménagent pas leur peine, luttant contre l’inertie de leur hiérarchie, motivés, entre autres, par les affres de leur histoire personnelle : disparition autrefois de son petit frère qu’elle devait surveiller pour Valérie qui vit son métier comme un sacerdoce, grave blessure qui a l’empêché de rester champion de biathlon pour Gautier.
Nous retrouvons les deux enquêteurs dans le deuxième roman car Valérie est tout à coup interpellée par le regard d’une adolescente. Elle est pourtant devenue serveuse après avoir craqué et décidé d’oublier son passé de détective. Sure d’avoir déjà croisé ces yeux, Valérie se replonge dans d’anciens dossiers de disparitions et recontacte Gautier, trop heureux de reprendre du service à ses côtés. De son côté, Hope, une adolescente de 14 ans qui a toujours suivi son père sans rechigner, commence à douter de lui, notamment depuis sa rencontre avec Louis qu’elle aimerait revoir et mieux connaitre ; or son père l’empêche de nouer tout contact durable avec qui que ce soit. Pourquoi changent-ils de domicile sans arrêt, pourquoi ne peut-elle consulter internet, posséder un téléphone, avoir une vie d’adolescente normale ? Comme dans le récit précédent, on suit les différents personnages tour à tour : Valérie, opiniâtre, bien décidée à faire le lien entre une fillette disparue et l’adolescente croisée à une station-service et Hope qui s’expose de plus en plus au danger au fur et à mesure qu’elle s’approche de la vérité en découvrant des bribes de son passé. Un roman aussi passionnant que le précédent.
Annoncé comme le dernier tome de la série, ce « fugitif » ne décevra pas ses fans tant l’action et le suspense y sont omniprésents. Pour la première fois, Connor échoue dans sa mission, à savoir protéger Eduardo, fils d’un homme politique mexicain. Dévasté, il rentre au siège de son organisation pour constater avec horreur qu’elle a fait l’objet d’une attaque en
Bien qu’il soit destiné aux plus âgés, je m’en voudrais de ne pas présenter ce petit ouvrage percutant, réécriture moderne du mythe de Daphné, condamnée à se transformer en arbre pour échapper aux assiduités d’Apollon. Cette autre Daphné, poursuivie depuis trois jours par un homme qui ne tient absolument pas compte de son refus, symbolise à elle seule toutes les femmes de l’univers tentant depuis la nuit des temps d’échapper à leurs agresseurs, sans autre recours que de renoncer à leur humanité. Haletant et poétique, ce court récit est rehaussé d’illustrations en noir et blanc qui en renforcent le propos militant : à lire d’un seul souffle, d’une seule traite.
La collection « Tip Tongue », créée en 2014, se proposait de publier des romans en français qui passaient petit à petit en anglais, en allemand ou en espagnol, à destination des lecteurs de 8 à 17 ans. Riche de 32 titres, elle a obtenu en 2015 le label européen des langues récompensant l’excellence en matière d’apprentissage innovant. Cette collection se diversifie à présent en accueillant des romans sous forme de carnets de voyage abondamment illustrés. Les personnages (déjà rencontrés dans les romans « Tip Tongue ») décrivent et dessinent leurs aventures, anglaises ou américaines, dans un journal de bord qu’ils rédigent progressivement et toujours davantage en anglais.
Format carré, 28 chapitres courts et 64 pages pour ces albums documentaires qui cherchent à aborder l’Antiquité de façon humoristique, pour les enfants à partir de 7 ans. Deux titres pour l’instant s’intéressent aux Égyptiens (fond jaune) et aux Romains (fond rouge que j’ai moins aimé car trop criard et moins lisible à mon gout), en attendant les Grecs qui ne sauraient tarder ! Pour découvrir tout ce que ces peuples ont inventé, comment ils vivaient au quotidien, avec des illustrations de style BD qui devraient séduire les enfants.
Les contes célèbres du patrimoine adaptés pour les tout-petits ; deux titres pour l’instant : Le Loup et les sept Chevreaux et Le Petit Chaperon rouge, mais d’autres suivront.
Alors que son père combat au front et que sa mère travaille comme ouvrière à l’usine, Rosalie, 5 ans et demi, passe ses journées au fond de la classe. Personne ne semble remarquer ce petit bout à la chevelure flamboyante qui s’est pourtant fixé une mission secrète extrêmement importante, d’où le titre. Chaque jour, sa mère lui lit les lettres de son père qui n’est rentré que trois fois depuis le début de la guerre. Nous sommes fin 1917 et Rosalie sent que quelque chose lui échappe, surtout depuis que sa mère a reçu une enveloppe bleue, d’où sa détermination à mener sa mission à bien. En février, Rosalie sait enfin lire : elle découvre alors brutalement la réalité de la guerre et les souffrances endurées par les soldats. Il lui faudra ruser et compter sur son « lieutenant » Edgar, le cancre de la classe, pour mettre enfin la main sur le courrier que sa mère n’a pas eu la force de lui lire : son père est « mort en héros au combat ». Ce petit album de 64 pages, au format presque carré, met en scène une petite fille courageuse et déterminée, bien décidée à affronter la vérité. Les adultes bienveillants tel le maitre ou protecteurs telle sa mère ignorent la force de caractère et l’opiniâtreté de Rosalie qui mène un combat à sa façon : déchiffrer les mots lui permet de grandir ; sa mère lui offre la médaille décernée à son père, récompense symbolique pour un double apprentissage, celui de la lecture et celui de la perte d’un être cher. Les illustrations très sobres, d’une grande délicatesse, dans les tons orangés, sépia, bleus et noirs, servent magnifiquement cette histoire simple et émouvante.
Je m’étais dit que j’attendrais la sortie du tome 2 afin de présenter les deux ouvrages dans la foulée. Mal m’en a pris puisqu’il a fallu attendre trois ans avant la sortie de ce deuxième tome, sachant qu’un troisième est annoncé… La parution en poche du premier est concomitante avec celle du deuxième auquel j’avais fini par ne plus croire ! Mais ne boudons pas notre plaisir, la lecture de cette suite est aussi passionnante et addictive que la précédente.
étudier la musique. Du haut de ses 16 ans et demi, ce Parisien qui a connu la guerre (nous sommes en 1948 puis en 1949) vient, comme tant d’autres, tenter sa chance dans les milieux artistiques. Contre toute attente, il réussit à être logé chez les sœurs Merle, propriétaires de la pension « Giboulées », établissement respectable n’accueillant que des jeunes filles. C’est le début d’une saga comme seule Malika Ferdjouk est capable d’en écrire : cette faveur accordée au jeune homme par Artemisia, surnommée « Le Dragon », n’est pas qu’un artifice de scénario, me semble-t-il ; elle correspond au contraire à toute l’atmosphère décrite ainsi qu’à la psychologie complexe des personnages, jeunes et moins jeunes, telle qu’elle se révèle petit à petit. La pension héberge tout un aréopage de jeunes filles venues comme lui se frotter à l’univers du spectacle et de la scène. En attendant de connaitre la gloire, chacune se débrouille et vit, comme lui d’ailleurs, de petits boulots, entre deux auditions, car personne ne roule sur l’or, loin de là, alors que tout coute cher. Jocelyn, ulcéré que sa propre sœur Rosemonde ait choisi d’entrer dans les ordres, fait, lui, la connaissance de six pétulantes jeunes filles rêvant de devenir danseuse, chanteuse ou comédienne, ainsi que celle de Dido, une jeune voisine, vivant avec son père, qui ne le laisse pas indifférent. Ces jeunes femmes charmantes, pleines de vie, cachent pourtant chacune un secret que seul le lecteur finira par partager. Nous suivons avec plaisir, émotion ou effroi chacune d’entre elles dans son parcours de combattante, que ce soit sur le plan professionnel ou sentimental, le tout ancré dans un contexte extrêmement bien décrit, qu’il s’agisse du monde du spectacle, son côté paillettes ou ses chaussetrappes, de la réalité sociale, du racisme vis-à-vis des Noirs, des différences de classes, ou de l’arrière-plan politique, le maccarthysme et la chasse aux sorcières empoisonnant l’Amérique à cette époque. Et cela fait toute la différence ! Truffés de références, débordant d’humour, ces romans ne sombrent pas dans le didactisme pour autant : ils nous charment, nous envoutent, on y croise les artistes de l’époque, qu’ils soient déjà célèbres comme Fred Astaire ou Marlon Brando ou encore inconnus comme Allen Könisberg (le futur Woody Allen) et Miss Kelly (Grace de son prénom), quand ils ne sont pas ostracisés, telle Billie Holiday… Deux opus foisonnants, extrêmement bien documentés, restituant avec justesse une époque fascinante malgré ses aspects sombres et mettant en scène des personnages très attachants dont on s’impatiente de connaitre la destinée.
Publié en partenariat avec Amnesty International, cet album, accessible dès l’âge de cinq-six ans, raconte très simplement le dangereux voyage de Massamba de l’Afrique noire jusqu’en France : traversée de la Méditerranée sur une embarcation de fortune, naufrage, rétention de plusieurs mois au sein d’un camp de réfugiés en Espagne, voyage clandestin en camion après avoir donné tout son argent aux passeurs. Logeant dans un foyer à Paris, le jeune homme survit en vendant des tours Eiffel miniatures, fabriquées en Chine, aux pieds de la vraie, prenant ses jambes à son cou dès que les policiers arrivent pour chasser tous les vendeurs à la sauvette. Le destin sourira à Massamba, car le courage et la détermination dont il fait preuve depuis le début de son périple l’amèneront à sauver une petite fille. Une écriture simple et engagée qui sensibilise les jeunes à la cause des réfugiés, bien servie par de magnifiques illustrations, sombres ou lumineuses selon le propos, mettant en valeur les qualités du personnage qui fait souvent appel aux esprits de ses ancêtres et ne désespère jamais. Une belle réussite.
Sauveur Saint-Yves est un psychologue clinicien réputé d’Orléans. Inutile de préciser qu’avec un tel prénom, ce Martiniquais à la stature impressionnante s’est donné pour mission de venir en aide à tous les désespérés de sa ville, particulièrement aux ados en déshérence, qu’ils soient énurétiques, autodestructeurs, phobiques, dépressifs ou en recherche d’identité. Sauveur ne ménage ni son temps ni sa peine, bien que veuf élevant seul son fils Lazare, âgé de huit ans. Cependant, comme c’est toujours le cordonnier le plus mal chaussé, Sauveur s’avère incapable d’évoquer ses origines avec son fils, lui taisant ainsi de lourds secrets. Sans compter qu’il ne se rend même pas compte que l’enfant l’espionne, écoutant régulièrement une partie des confidences recueillies au sein du cabinet qui jouxte leur appartement ; pas plus qu’il ne se doute qu’il a confié son petit garçon aux bons soins d’une nounou raciste ! Les interventions malintentionnées de son beau-frère vont l’amener à prendre conscience de la nécessité de dire enfin la vérité à son fils.



Après une troisième guerre mondiale, les États-Unis ont disparu au profit du royaume d’Illéa qui a mis en place un système de castes numérotées de 1 à 8. Afin de doter le royaume d’une reine, trente-cinq jeunes filles sont sélectionnées pour vivre au Palais sous le regard des caméras dans le but de « séduire » le prince Maxon. La narratrice, America Singer, une musicienne de la caste 5, rejoint la sélection à son corps défendant, poussée par Aspen, son amoureux, un 6, et sa famille à qui elle assure de ce fait une vie meilleure.
Cette dystopie, proche de nombreuses autres publiées ces dernières années, se centre davantage sur la romance que sur les problèmes politiques ; en outre, l’aspect 
Quatre auteur·e·s jeunesse ont rédigé chacun·e de leur côté un tome pour cette série mettant en scène deux filles et deux garçons ayant survécu à un virus qui a décimé la presque totalité de l’humanité. Ils reçoivent un message les enjoignant de se rendre à Paris afin de remonter le temps pour empêcher la catastrophe… Bien que formant une seule et même histoire, chaque tome (dont la première publication date de 2015 chez Nathan-Syros) peut se lire de façon indépendante et dans n’importe quel ordre. 
En 2016 est paru un cinquième tome, Contagion, censé précéder l’action des autres et narrant, sous forme de nouvelles ou parfois de BD, la destinée de personnages présents ou non dans les tomes précédents, ainsi que quatre fanfictions.
Cet album passionnant fait revivre la Belle Époque. Il complète de façon habile et efficace la fiction imaginée par le cinéaste : chaque double page développe un aspect politique, social, culturel ou scientifique lié à cette période et évoqué dans le film, permettant ainsi de mieux le comprendre et d’en approfondir le contexte. De nombreuses images du film sont reproduites ainsi que bien d’autres (photos, cartes, affiches, facsimilés, tableaux, etc.).
Casterman publie simultanément Dilili à Paris, reprenant l’intrigue du film, album rédigé par Michel Ocelot lui-même, abondamment illustré par les magnifiques images du long métrage d’animation. Dilili, jeune Kanake séjournant à Paris, se lance sur la trace des Mâles-Maitres liés à la disparition de nombreuses petites filles dans la capitale. Accompagnée par Orel, un jeune livreur en triporteur, elle sillonne le Paris de la Belle Époque et y rencontre les plus grandes célébrités, bien décidées à apporter leur aide. Ode au féminisme, à la tolérance et au refus du racisme et du sexisme, une belle histoire pétrie de valeurs. Trois autres publications existent également : un album de plus petit format, un album accompagné d’un CD et un « roman » du film comprenant des scènes coupées au montage.
Voici un album bienvenu, rappelant à chacun combien il est important de pouvoir se construire en ayant des modèles positifs correspondant à ce que l’on est. L’auteure et l’illustratrice, toutes deux noires, ont voulu mettre en valeur des femmes et des hommes talentueux ayant en commun d’avoir poursuivi leurs rêves jusqu’au bout, même si tous n’ont pas accédé à la célébrité. Il s’agit bien sûr d’un choix subjectif car, malgré la ségrégation et la discrimination dont elles sont encore victimes, existent fort heureusement bien plus que 52 personnes noires méritant de figurer dans cet ouvrage ! Sans que j’aie réussi à comprendre l’ordre de présentation choisi, j’ai apprécié le respect de la parité femmes/hommes, l’alternance de personnages célèbres (Martin Luther King, Barack et Michelle Obama, Beyoncé, Naomi Campbell, Jean-Michel Basquiat ou Usan Bolt) et d’autres beaucoup moins, en tout cas en ce qui me concerne, tels Mary Seacole (infirmière), Katherine Johnson (physicienne et mathématicienne), W.E.B Du Bois (militant pour la promotion des gens de couleur) ou Langston Hughes (écrivain). Les auteures ont également veillé à diversifier les « talents », artistiques, sportifs, scientifiques, politiques ou militants et les époques ; ainsi Alexandre Dumas (certains n’en reviendront pas…) né en 1802 est-il le personnage le plus « vieux », la plus jeune étant la championne de gymnastique Simone Biles, née en 1997. Chaque personnalité est présentée sur une page, voire une double page indiquant ses dates et lieu de naissance et de décès le cas échéant, puis qui elle est ; suit une rapide biographie, souvent simplifiée ainsi qu’une citation en gras révélatrice de chaque personnage. Les dessins de couleurs vives, voire criardes, les montrent en action (courant, chantant ou haranguant les foules) et on trouve leur photo en médaillon à la fin de l’ouvrage en guise de pagination. On notera toutefois que les deux tiers de ces personnages sont afro-américains : sachant qu’il y a également quelques Britanniques, cela ne laisse guère de place aux nombreux autres pays, ne serait-ce que les pays africains ! Par ailleurs, je n’ai trouvé nulle part de mention de la personne ayant traduit cet album en français… Malgré ces quelques bémols, voilà un documentaire qui devrait figurer en bonne place dans les CDI, à charge pour les élèves de le compléter de façon efficace et exhaustive (Aimé Césaire, Chocolat, Angela Davis, Aretha Franklin, Billie Holliday, Léopold Sédar Senghor, etc.).
Voici l’histoire d’une petite fille, qui, bien que née dans une famille parisienne aisée, n’eut pas toujours la vie facile : confrontée à la mort de sa sœur ainée que sa mère lui préférait, ou à celle d’un oncle en 1916, souvent punie, rejetée ou moquée, Françoise surmonte toutes les épreuves et garde intactes sa curiosité et sa force de vie. Très tôt, elle annonce qu’elle sera « médecin d’éducation » et s’obstine à passer le bac, à refuser d’épouser celui que sa mère lui destine, afin d’entamer des études de médecine ; puis devient psychanalyste, s’intéresse à tous les enfants malades n’ayant pas les mots pour dire leur souffrance et les aide à guérir. Un petit livre plein d’empathie pour cette « résiliente », se lisant d’une traite comme un roman, très accessible, pour les ados soucieux de mieux connaitre le parcours d’une femme hors du commun qui a tant fait pour leur cause.
Si les algorithmes (« suite d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème ou d’obtenir un résultat ») existent depuis la nuit des temps (cf. l’algorithme d’Euclide, sachant que les premiers retrouvés, babyloniens, datent de 2000 ans avant Jésus-Christ), il est évident qu’avec l’arrivée de l’informatique, ils ont pris une autre dimension : « Tous les programmes informatiques sont une simple traduction d’algorithmes en langage compréhensible par les ordinateurs », qui réalisent ainsi ce que les arithméticiens d’autrefois faisaient. Ils ont donc envahi notre vie, bien au-delà de l’univers numérique. Cet ouvrage documentaire devrait satisfaire les adolescents (et les adultes) qui s’interrogent sur ce que sont les algorithmes, les domaines dans lesquels ils interviennent, leur intérêt et leurs dangers potentiels. Dix chapitres constitués de débats, de portraits et d’interviews d’experts tentent de faire le tour de la question, sans occulter les limites et les risques bien souvent évoqués, qu’ils soient économiques ou éthiques. Du côté de la fiction, certains problèmes soulevés sont abordés, entre autres, par deux romans, La Mémoire des couleurs, chroniqué ci-dessous et Traces de F. Hinckel (Syros, 2016, présenté dans « Actualités Printemps-Été 2017) sur les dangers présentés par les logiciels de prédiction des délits. Bref, un ouvrage passionnant, même si l’on n’est pas scientifique, au design moderne et coloré.
Fan, entre autres, du jeu vidéo Zelda, dont l’univers n’a aucun secret pour lui, Solal, geek convaincu et assumé, accepte cependant difficilement que Laurie Duvernois le repousse en raison de son manque caractérisé de maturité, même si elle le trouve mignon. Très ébranlé, le lycéen décide donc de prouver qu’il peut accomplir des exploits, vivre comme dans un jeu vidéo mais pour de vrai ! Chargé comme une mule, il quitte Nogent-sur-Marne pour Bruère-Allichamp, idéalement situé au centre de la France, à 261 km de chez lui. Naïf et décalé, Solal entame un voyage initiatique de dix jours, au cours duquel il fera de multiples rencontres, plus ou moins cocasses, y compris avec les livres. Et au bout duquel il pourrait bien trouver l’amour en la personne de Lucie. Le narrateur s’observe avec ironie et ne s’épargne pas toujours. Il analyse le monde à l’aune de ce qu’il connait par cœur, l’univers des jeux vidéo, mais ça ne marche pas à tous les coups ! Faisant souvent contre mauvaise fortune bon cœur, c’est un personnage optimiste, positif, souvent poète qui grandit sous nos yeux. Une histoire originale et pleine d’humour.
Un matin de bonne heure, Mark réveille sa sœur Norma pour lui confier sa fille de 8 ans, Liz. Il lui ordonne de quitter Phoenix pour aller quelque temps au fin fond de l’Arizona vivre dans une sorte de caravane. Mais les quelques semaines de garde se transforment en mois car Mark est incarcéré. Norma se fait engager dans le bar-restaurant-épicerie-hôtel toujours ouvert de Jodie qui la fait travailler de 2 à 7 h du matin. Elle découvre avec ahurissement l’Amérique profonde, composée de gens qui boivent plus qu’ils ne travaillent, racistes, bagarreurs, ayant la gâchette facile, le culte des grosses voitures les plus polluantes possible. La jeune fille de 19 ans apprendra à ses dépens qu’il ne fait pas bon vivre au milieu de ces gens agressifs, quand on conduit une Prius hybride, qu’on doit s’occuper d’une gamine dont le père a fait sa complice, qu’on a sympathisé avec un ado noir, livré à lui-même et qu’on s’intéresse au mystérieux Oneway Ticket (OT), jeune animateur d’une radio clandestine qui passe de superbes chansons, dénonce Trump et prédit régulièrement la fin du monde pour cause de dérèglement climatique. « À minuit, il sera trop tard » : le sous-titre de ce roman renvoie à la conception, en 1947, de l’Horloge de l’Apocalypse par les savants atomistes de Chicago. En pleine guerre froide, il s’agit d’alerter l’humanité sur les risques de destruction de la planète. Ils décident de placer la grande aiguille de cette horloge symbolique sept minutes avant minuit. Selon les événements, ils la reculent ou l’avancent. En 1991, elle est à moins 17 minutes, mais en 2018, à moins deux minutes ! C’est le plus mauvais score depuis 1953. L’auteur tire lui aussi la sonnette d’alarme : le monde court à sa perte et les problèmes climatiques prennent le pas sur la menace nucléaire, l’élection de Donald Trump ne faisant qu’empirer les choses. Un roman original qui devrait intéresser les plus âgés et les faire réfléchir car ils découvriront une Amérique à l’opposé de ce qu’ils connaissent ou imaginent.
Mauve, 15 ans, se réveille soudain au beau milieu d’une brocante, amnésique et télépathe. Ignorant qui il est et d’où il vient, il se remémore cependant petit à petit son passé, au fil des rencontres et de ses rêves ou des évènements qui surviennent. Il découvre ainsi qu’il vient de Circé, une planète sur laquelle dire « Je » est tout autant interdit que lire ou raconter des histoires ; les rebelles sont exilés, ce qui semble bien être son cas. Comment, pourquoi est-il arrivé sur Terre, c’est ce qu’il découvre progressivement en retrouvant d’autres Couleurs, bannies comme lui, dont celle qu’il aime depuis longtemps, Cyan. L’auteur a su inventer un monde spécifique, totalitaire et aseptisé, géré par une intelligence artificielle baptisée Oracle et au sein duquel une classe dirigeante, les Styrges, s’exonère des règles qu’elle impose aux autres. Comme dans tant d’autres dystopies pour adolescents publiées ces dernières années, Mauve aura un rôle à jouer dans la préservation d’une Terre qui, bien qu’imparfaite, laisse toute sa place aux émotions quelles qu’elles soient.
Voici donc le texte du deuxième film de David Yates consacré au monde des sorciers tel qu’il existait avant Harry Potter. L’action se passe en 1927 à Paris, mais également à New York, à Londres ainsi qu’à Poudlard. On y retrouve quelques créatures fantastiques ainsi que Norbert Dragonneau : Albus Dumbledore, professeur de défense contre les forces du Mal à Poudlard, demande à ce dernier de capturer Gellert Grindelwald qui s’est évadé. Présent et passé alternent afin de découvrir ce qui unit et motive les personnages, mais nous ne saurons pas tout cette fois-ci vu que trois autres films sont prévus… À l’instar du tome précédent (qui, bonne nouvelle, vient de paraitre en poche), c’est un très bel objet-livre, qu’il s’agisse de la couverture ou du graphisme intérieur, dont il faudra cependant attendre la parution en poche si on veut exploiter le scénario en classe. Sans avoir la densité et le charme d’un roman, ce texte permettra d’initier les jeunes à l’écriture scénaristique et au langage cinématographique et ce d’autant plus efficacement qu’ils auront vu le film.
Pour ceux qui ont aimé cette série centrée sur des groupes musicaux, voici donc le dernier tome au sein duquel nous retrouvons des personnages, toujours aussi passionnés de musique, qui ont mûri et grandi. Summer s’occupe de sa grand-mère qui s’affaiblit, tout en essayant de soutenir Dylan, emprisonné et maltraité. Théo a entamé une brillante carrière audiovisuelle aux États-Unis tandis que Jay continue de jouer et de se produire avec ses potes tout en se battant, sur le plan juridique, contre Wilton Music et Harry Napier qui ont spolié son beau-père, Len. Saluons la parution progressive des différents tomes en poche (tomes 1 et 2 à l’heure où j’écris) qui permettra au plus grand nombre de découvrir des personnages attachants et passionnés aux prises avec les dessous peu reluisants du monde du spectacle.
Suite et fin des aventures de Caumes et de ses amis qui avaient débuté tragiquement l’année de leurs 17 ans, au moment des attentats contre Charlie Hebdo. Caumes est à présent âgé de vingt ans : son roman, d’inspiration autobiographique, connait un succès aussi foudroyant qu’inattendu à ses yeux. L’effet thérapeutique de l’écriture est indéniable pour le jeune homme, mais Esther ne lui pardonne pas d’avoir ainsi étalé leur intimité au grand jour : elle le chasse de sa vie et il retombe dans les affres du désespoir. Sur fond d’élections présidentielles et de progression inquiétante des votes d’extrême droite, le lecteur retrouve donc des personnages entrant dans l’âge adulte, marqués à jamais par le racisme (Caumes pleure toujours son ami Hakim, dont il comprend enfin les sentiments que ce dernier éprouvait pour lui) et le terrorisme. Ils succombent parfois au désespoir, tel Niels, mais décident finalement de se tourner vers l’avenir. L’auteur n’hésite pas à mettre en scène un personnage bien souvent agaçant, ce qui, justement, le rend humain à nos yeux.
Cette nouvelle collection propose la biographie illustrée de personnes ayant marqué leur époque et restées célèbres pour leurs valeurs, leur engagement dont témoigne leur œuvre artistique, scientifique ou politique. Ces beaux petits albums cartonnés et calibrés (64 pages, y compris une chronologie et un glossaire, très utiles, à la fin de l’ouvrage) alternent textes simples mais précis et illustrations abondantes, les complétant efficacement : c’est le cas notamment pour les deux premiers opus dont les illustratrices (Katja Spitzer et Marianna Madriz) rendent compte des œuvres des deux personnages en les reproduisant ou en imitant leur style.
Professeure de philosophie, l’auteure se propose d’aborder de façon simple et pédagogique quelques questions parmi toutes celles posées par les enfants, désarçonnant souvent les adultes. Lucie et son frère Noé dialoguent ainsi avec leur doudou Biboule au sujet de la vérité, de ce qui est juste ou pas, du travail, de l’art ou des inventions. Chaque double page, illustrée de façon simple et rigolote, aborde un sujet qui tracasse l’un·e ou l’autre, parfois les deux : les questions et les réponses sont mises en regard au sein de bulles colorées et stéréotypées (rose pour la fille et bleu/vert pour le garçon…). Sept chansons accompagnent l’ouvrage pour compléter la réflexion. Cet album documentaire permettra aux adultes d’initier des discussions avec les enfants à partir de cinq ans environ. Au rythme de trois parutions par an, cette collection récente (2017) a déjà traité de sujets tels la relaxation, la méditation, le yoga (2017), puis l’attention, les émotions et la philosophie (2018), avant d’aborder le sommeil (2019).
Benoit, Léon et Lou, tous trois amis, fréquentent la même classe et forment le club des dys. Dans le quatrième tome, Benoit aimerait bien annoncer la naissance de son petit frère Gaston, mais le tonton de Léon qui débarque du Japon lui vole la vedette. Et pour une fois, il appréciera l’écoute d’Angèle qui ne fait pourtant pas partie de la bande. Le phonème étudié « on » (à la suite de « ou », « oi » et « en/an ») est mis en valeur par une autre couleur et les dialogues sont écrits en italique. Annoncés comme « Ma vraie première lecture aidée », ces ouvrages, adaptés aux lecteurs de 7 à 10 ans, veulent développer leur autonomie de lecture et leur donner le plaisir de lire. Présentation de la collection et de ses objectifs en début d’ouvrage, jeu et dico à la fin.
Je rappelle que Nathan propose également une collection à destination des enfants en difficulté de lecture, qu’ils soient dyslexiques ou non. La collection Dyscool, présentée dans
Nouvelle série de petits albums (32 pages) au format carré, destinés à valoriser les conjugaisons de façon impertinente (quelques « gros mots » au passage…) et humoristique. Chaque temps est un personnage farfelu qui, justement, n’emploie que son temps : dans le tome 2, Présent avertit Futur qu’il va quitter la terre sur laquelle il trouve qu’il y a trop de c… Mais son ami le met en garde et Imparfait se moque de lui… Dessinés de façon volontairement enfantine, dans un style BD (paroles rapportées dans des bulles), les personnages font penser à des extraterrestres.
Où est passée Lola Frizmuth ?, Aurélie Gerlach, Pôle Fiction, 2018.
Je vous sauverai tous, Émilie Frèche, Hachette Jeunesse, 2018.
Vive la République !, Marie-Aude Murail, 2019.
Et mes yeux se sont fermés, Patrick Brard, Best seller, 2018.
Nox, tome 1 : Ici-bas, Yves Grevet, Best seller, 2018.
Les races, ça existe ou pas ?, Magali Bessone, dessins d’Alfred, Philophile ! Giboulées, Gallimard Jeunesse, 2018.
La guerre et le terrorisme, Le racisme et l’intolérance, La pauvreté et la faim, Louise Spilsbury, illustrations de H. Kai, « Explique-moi », Nathan, 2017.
Le garçon rose malabar, Claudine Aubrun, Mini Syros romans, 2018.
Le jazz de la vie, Sara Lövestam, traduit du suédois par Esther Sermage, Gallimard Jeunesse, 2018.
Les porteurs, # 3 – Lou, C. Kueva,Éditions Thierry Magnier, 2018.
Billy et les minuscules, Roald Dahl, illustré par Quentin Blake, traduit de l’anglais par Marie Saint-Dizier, Roman Cadet, Gallimard Jeunesse, 2018.
Nouvelles séries chez Nathan
Amélie Maléfice : Le livre des formules magiques, Arnaud Alméras, illustrations de G. Duhazé,Premières Lectures, 2018.
Mission Mobilus : Les disparus de Kolos, Anne-Gaelle Balpe, illustrations de R. Garrigue, Premiers romans, 2018.
Le buveur d’encre : La buveuse d’encre de Chine, Éric Sanvoisin, illustrations d’O. Latyk, Premiers romans, Nathan, 2018.
La plage dans la nuit, Elena Ferrante, illustré par Mara Cerri, traduit de l’italien par Elsa Damien, Gallimard Jeunesse, 2017.
La bobine d’Alfred, Malika Ferdjouk, dessins de Nicolas Pitz, Rue de Sèvres, 2018.
Bodyguard : L’assassin, Chris Bradford, traduit de l’anglais par Chloé Petit, Casterman, 2018
L’ourse bleue, Nancy Guilbert et Emmanuelle Halgand, Des ronds dans l’O, 2018.
La divergence des icebergs ou comment les ours apprirent à nager, Jean-Philippe Basello et Aline Deguen, Thierry Magnier, 2017.
Chemins toxiques, Louis Sachar, traduit de l’anglais (États-Unis) par J-F. Ménard, Folio Junior, 2018. Aventure écologique palpitante pour trois adolescents, par l’auteur du très beau roman Le Passage (École des loisirs, puis FJ, 2016).
Will et Will, John Green et David Levithan, traduit de l’anglais (États-Unis) par N. Peronny, Pôle Fiction, 2018. Amours et amitiés adolescentes, homosexualité, de l’humour, par l’auteur du fameux Nos étoiles contraires.
La passe Miroir, tome 2 Les disparus de Clairelune, Christelle Dabos, Pôle Fiction, 2018. Le tome 1 a été présenté dans
Nous les menteurs, Émilie Lockhart, traduit de l’anglais par N. Peronny, Pôle Fiction, 2018. Vif succès pour ce roman loué pour le retournement de situation final, à lire donc pour le plaisir d’être manipulé ou pour traquer tous les indices du dénouement.
Je vous écrirai, Paule du Bouchet, Pôle Fiction, 2018. En 1955, les lettres d’Amalia à sa famille qui l’a laissé partir à Paris. L’héroïne doit composer avec deux univers opposés sur le plan social et culturel.
Seuls en enfer, La gazelle, Blues en noir, Hubert Ben Kemoun, nouvelle édition collector, 2018. Les deux derniers titres ont été présentés dans le numéro 63 de Recherches (2015) :
Duchesses rebelles tome 1 : L’intrépide cousine du Roi d’Anne-Marie Desplat-Duc, Castor Poche, 2018. Présenté dans
Commando Adams, Robert Muchamore, traduit de l’anglais par A. Pinchot, Poche, 2018. Dernier tome de la série, évoqué
Rock War Tome 1 : La Rage au cœur, Robert Muchamore, traduit de l’Anglais par A. Pinchot, Casterman, 2018. Évoqué dans 
Méto : La maison, L’ile, Le monde, Y. Grevet, 2018. Cette trilogie, basée sur une uchronie, narrant les aventures de Méto et de ses amis, a connu un vif succès lors de sa parution chez Syros (2008, 2009, 2010). Enfermés dans une « maison », coupés de leurs familles et du monde, ces adolescents vont tout faire pour connaitre la vérité sur leurs origines.
12 ans, 7 mois, 11 jours, Loïs Murail, 2018. Présenté dans
La Liste, Siobhan Vivian, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par A. Delcourt, 2018. Présenté dans le numéro 58 de la revue Recherches :
Harcelés Harceleurs, Docteur Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée, illustrations de F. Mansot, Mine de rien, Giboulées, Gallimard Jeunesse, 2017.
Rois, 40 souverains du monde, Jean-Michel Billioud, illustrations de Duo, BAM !, Gallimard Jeunesse, 2017.
Rescapés de la Shoah, Zane Wittingham et Ryan Jones, traduit de l’anglais par F. Fiore, Flammarion, 2017.
Suivez le guide ! Balade dans le quartier, Camille Garoche et Didier Genevois, Casterman, 2017.
Le jour où on a arrêté de faire la guerre et Le jour où papa s’est remarié, Thierry Lenain, illustrés par Thanh Portal, Premiers Romans, Nathan, 2017.
La belle sauvage, Philip Pullman, traduit de l’anglais par J. Esch, Gallimard Jeunesse, 2017.
Rock War 3, « Hors de contrôle », Robert Muchamore, traduit de l’anglais par A. Pinchot, Casterman, 2017.
Les porteurs, #2 – Gaëlle, C. Kueva, Éditions Thierry Magnier, 2017.
La brigade de l’ombre : Ne compte que sur les tiens, Vincent Villeminot, Casterman, 2017.
Je commence à lire en BD, CP : Un nouveau copain, Mathieu Grousson/Sibylle Ristroph ou Je commence à lire en BD, CE1 : Marco est dans la lune, Mathieu Grousson/Séverine Cordier, Casterman, 2017.
De son côté, Nathan lance, en partenariat avec Mobidys, expert en accessibilité cognitive, le label Dyscool, afin de faciliter la lecture des enfants dyslexiques. Les titres les plus connus de la collection Premiers Romans sont ainsi repris en intégralité, accompagnés d’outils adaptés qui vont permettre un déchiffrage, une compréhension et une autonomie plus faciles. Ainsi la police est plus lisible, le texte et l’illustration sont bien séparés, l’auteur a réécrit certains passages pour qu’ils soient mieux compris, des mots sont expliqués en bas de page, des syllabes sont colorées en bleu ou en rouge. L’attention, le décodage, l’abstraction et la motivation sont ainsi soutenus. Parmi les premiers titres : Le Buveur d’encre, Éric Sanvoisin/M. Matje ; Clodomir Mousqueton, Christine Naumann-Villemain/C. Devaux ; Une carabine dans les sardines (Anouk et Benji), Mymi Doinet/G. Chapron ; J’ai 30 ans dans mon verre (Nico), Hubert Ben Kemoun/R. Fallet. Une initiative très intéressante, à suivre.
Les enquêtes de Lottie Lipton : Les secrets de la pierre d’Égypte, Dan Metcalf, illustrations de R. Pernagarry, traduit de l’anglais par C-M. Clévy, Père Castor, Flammarion Jeunesse, 2017.
Marie Beaude, Folio Junior Textes Classiques, 2017.
Noémie superstar, Anne-Laure Bondoux, Mini Syros Roman, 2017.
Dans la peau de Sam, Camille Brissot, Soon, Mini Syros +, 2017
Le Frigo magique, Harlan Coben, illustrations de Leah Tinari, PKJ, 2016.
Familles, Patricia Hegarty, illustrations de Ryan Wheatcroft, texte français d’Anne‑Judith Descombey, Père Castor, Flammarion, 2017.
Dominic, L’Ile d’Abel et Le Vrai Voleur, William Steig, traduits de l’anglais par J. Hérisson et H. Robillot, Folio Junior, 2017.
Sur la tête de la chèvre, Aranka Siegal, traduit de l’anglais (États-Unis) par T. Brisac, Folio Junior, 2017.
5.
Tant que nous sommes vivants, Anne-Laure Bondoux, Pôle Fiction, 2016.
Tous nos jours parfaits, Jennifer Niven, traduit de l’anglais par V. Rubio-Barreau, Pôle Fiction, 2017.
L’Expulsion, Murielle Szac, Petite Poche, 2017.
Blacklistée, Cole Gibsen, traduit de l’anglais (États-Unis) par A. Paupy, 2017.
Cité 19 : Ville noire et Zone blanche, Stéphane Michaka, 2018.
Enfin accessible en poche, une histoire passionnante, avec des retours dans le passé et des retournements de situations, présentée dans le cadre d’un réseau « Rêve ou cauchemar » (
La Démocratie en BD, Nathalie Loiseau, illustré par Aki, Casterman, 2017.
Les Élections, Sylvie Baussier, illustré par Maud Riemann, « Questions ? Réponses ! », Nathan, 2017.
A voté ! On élit qui et pour quoi ?, Nicolas Rousseau, Castordoc, Flammarion, 2017.
1939-1945… La Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier, Bruno Heitz, « L’Histoire de France en BD », Casterman, 2017.
Traces, Florence Hinckel, Soon, Mini Syros +, 2016.
Le jour où on a mangé tous ensemble et Le jour où la France est devenue la France, Thierry Lenain, illustrés par Thanh Portal, « Premiers Romans », Nathan, 2017.
Rock War 2, « L’enfer du décor », Robert Muchamore, traduit de l’Anglais par A. Pinchot, Casterman, 2017.
Les Porteurs, #1 – Matt, C. Kueva, Éditions Thierry Magnier, 2017.
La Brigade de l’ombre : Ne te fie à personne, Vincent Villeminot, Casterman, 2017
Les Animaux fantastiques, Le texte du film, J.K. Rowling, couverture et design intérieur par Minalima, indications scéniques traduites de l’anglais par J-F. Ménard, Gallimard, 2017.
Le Monde farabuleux de Roald Dahl, Stella Caldwell, illustré par Quentin Blake, traduit de l’anglais par Marie Leymarie, Hors-Série Roald Dahl, Gallimard Jeunesse, 2017.
Duchesses rebelles, tome 2 : La Dangereuse Amie de la Reine, Anne-Marie Desplat-Duc, Flammarion, 2017.
La Cible (Bodyguard, tome 4), Chris Bradford, traduit de l’anglais par Antoine Pinchot, Casterman, 2017.
Le roman d’Ernest et Célestine, Daniel Pennac, Folio junior, 2017.
Quelques minutes après minuit, Patrick Ness (d’après une idée originale de Siobhan Dowd), traduit de l’anglais par Bruno Krebs, Folio Junior, 2016.
Les Hauts de Hurle-Vent, Emily Brontë, Traduit de l’anglais par F. Delebecque, Folio Junior Textes Classiques abrégés, 2017.
Après la vague, Oriane Charpentier, Pôle Fiction, 2017.
La face cachée de Margo, John Green, Traduit de l’anglais par C. Gibert, Pôle Fiction, 2017.
Animale, tome 2 : La prophétie de la reine des neiges, Victor Dixen, Pôle Fiction, 2017. Rappel : Tome 1 : La malédiction de Boucle d’or, Pôle Fiction, 2015.
Le célèbre Imagier du Père Castor (1995) parait en édition bilingue arabe-français, A. Telier, traduction revue et complétée par Yacine Benachenhou, illustrateurs multiples, 2017.
Hors la loi, Cherub 16, Robert Muchamore, traduit de l’anglais par A. Pinchot, 2017.
Divergente, Véronica Roth, traduit de l’anglais par A. Delcourt, 2017.