Les coups de cœur d’Élizabeth Vlieghe – Automne-hiver 2017

« Coups de cœur » DOCUMENTAIRES

Harcelés Harceleurs, Docteur Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée, illustrations de F. Mansot, Mine de rien, Giboulées, Gallimard Jeunesse, 2017.

Un des derniers titres de la collection : pour ne pas attendre que cela devienne grave, parce que cela commence par de petites moqueries et que ça dégénère, parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir : un sujet que les adultes pourront aborder avec les enfants dès le plus jeune âge.

Rois, 40 souverains du monde, Jean-Michel Billioud, illustrations de Duo, BAM !, Gallimard Jeunesse, 2017.

Cinquième opus de la collection, ce petit ouvrage ludique dresse le portrait de quarante monarques (dont six femmes…) qui ont marqué l’histoire, de l’Antiquité à la fin du vingtième siècle. Qu’ils soient conquérants, bâtisseurs d’empires, guerriers de génie ou sanguinaires, qu’ils aient régné très longtemps, tels Louis XIV, Victoria ou François Joseph 1er ou beaucoup moins, tels Babur le roi Moghol, tous ont laissé leur empreinte. Chaque double page, conçue selon la même maquette, présente une illustration caractérisant physiquement et moralement le souverain à droite, la page de gauche résumant de façon synthétique les actions principales du monarque, ainsi que quelques faits ou traits marquants, sans oublier les dates essentielles de sa vie. Simple et ludique.

Rescapés de la Shoah, Zane Wittingham et Ryan Jones, traduit de l’anglais par F. Fiore, Flammarion, 2017.

Comment évoquer l’Holocauste sans choquer les enfants ? C’est ce que tente, avec des mots très simples et des images fortes, cette bande dessinée qui narre à la première personne six destins authentiques d’enfants juifs ayant échappé à la barbarie nazie. Âgés de 8 à 11 ans, ils ont connu la peur, l’exil, les privations, le deuil. Heinz est rejeté en Allemagne, parce qu’il est juif, et en Angleterre, parce qu’il est Allemand ; lui et son frère Frank sont internés dans un camp au Canada sans avoir jamais l’occasion de combattre les nazis. Trude quitte la Tchécoslovaquie pour la Grande-Bretagne et ne reverra jamais ses parents. Ruth arrive à Liverpool le jour où la guerre est déclarée et quelques jours plus tard, elle retrouve sa famille à Londres. Martin et sa sœur ont vécu l’expulsion des juifs polonais, mais bénéficient de l’accueil des Anglais : ils survivent aux bombardements de Coventry et retrouvent leur mère. Suzanne, Française habitant dans le 20e arrondissement de Paris, est sauvée par une voisine. Le dernier témoignage, le plus dur et le plus poignant, est celui d’Arek, jeune Polonais âgé de 14 ans, déporté avec toute sa famille à Auschwitz-Birkenau ; pendant cinq ans, il ne connait que les ghettos et les camps ; des 81 membres de sa famille, il ne retrouvera que sa sœur, deux ans après la fin de la guerre.
L’essentiel est dit, avec la volonté de ne pas traumatiser, afin que les enfants d’aujourd’hui sachent ce qui s’est passé.
Ryan Jones a donc adapté avec brio la série de films d’animation, Children of the Holocaust, réalisée par Zane Whittingham pour la BBC. On trouvera en fin d’ouvrage un glossaire ainsi qu’un index des termes utilisés, une chronologie des évènements majeurs entre 1933 et 1945, des références de sites internet et surtout la photo des protagonistes adultes, accompagnée d’une notice indiquant ce que chacun est devenu.

 « Coups de cœur » ACTUALITÉ

Suivez le guide ! Balade dans le quartier, Camille Garoche et Didier Genevois, Casterman, 2017.

Troisième titre d’une nouvelle collection née en 2016, ce grand album cartonné accessible aux plus petits leur fait découvrir cette fois-ci les différents commerces d’une petite ville à la suite d’un chat siamois qui se croit supérieur à tous. À sa suite, le lecteur passe devant la librairie, la poissonnerie, la boulangerie ou le magasin de primeurs. Chaque double page fourmille de détails amusants ainsi que de fenêtres (47 au total) à ouvrir, cachant au regard de Rominagrobis le piège qui lui est tendu : il n’échappera pas plus que les autres animaux à la vaccination ! Une double narration très habile qui réjouira les jeunes lecteurs complices du sort qui attend l’animal présomptueux.

Le jour où on a arrêté de faire la guerre et Le jour où papa s’est remarié, Thierry Lenain, illustrés par Thanh Portal, Premiers Romans, Nathan, 2017.

Raïssa n’a pas supporté de voir ses camarades jouer à la guerre. Réfugiée dans le placard, elle pleure et ne peut même plus parler. Madame Okili l’encourage à dessiner ce qu’elle a vécu dans son pays en guerre et tous ses camarades se mobilisent pour que cet état de choses change.
Quant à Guillaume, il est triste car son père se remarie avec un homme et il se dit que si lui aussi est homo plus tard, il ne pourra pas être papa. Or, il a promis à son amoureuse Alima de l’épouser et d’avoir des bébés avec elle. Madame Okili réfute les idées reçues de certains élèves et la classe n’est pas en peine de trouver des solutions pour que Guillaume et Alima deviennent parents, au cas où…
Des questions essentielles qui sont toujours abordées avec justesse, finesse et sensibilité.

La belle sauvage, Philip Pullman, traduit de l’anglais par J. Esch, Gallimard Jeunesse, 2017.

Tous ceux, dont je fais partie, qui furent envoutés par l’intrigue et les personnages des Royaumes du Nord  (trilogie présentée dans le numéro 47 de Recherches, 2e semestre 2007) se délecteront de cette nouvelle Trilogie de la poussière dont voici le premier tome. Malcolm Posthead, un jeune garçon âgé de 11 ans, épaule ses parents, propriétaires de « La truite », auberge située au bord de la Tamise, en amont du centre d’Oxford. Attentif et curieux, c’est un adolescent intelligent qui écoute et apprend vite. Serviable à l’extrême, il aide souvent les sœurs du prieuré voisin et tombe littéralement sous le charme du bébé qu’elles ont recueilli, une certaine Lyra, qui le fascine autant que son daemon, Pantalaimon, avec lequel elle babille… Dès lors, tels les chevaliers du Moyen Âge, Malcolm sait qu’il se mettra au service de la petite fille cachée, quelles qu’en soient les conséquences. C’est le début d’une aventure qui fera de lui un « espion » au service du professeur Hannah Relf, laquelle œuvre pour une organisation mystérieuse baptisée « Oakley Street ». Située dix ans avant celle de la trilogie précédente, l’action de ce tome permet de retrouver des personnages connus, tels les parents de Lyra, Lord Asriel et Me Coulter, mais en introduit de nouveaux tels l’infâme Gérard Bonneville et son daemon hyène ou Alice, une jeune employée de l’auberge. Si l’intrigue démarre lentement, elle s’accélère au fur et à mesure que Lyra devient un objet de convoitise. L’auteur crée de nouveau un univers à la fois proche et merveilleux, au sein duquel des forces antagonistes s’affrontent autour d’une mystérieuse Poussière. Seul le savoir éclairé semble en mesure de vaincre l’obscurantisme et le totalitarisme religieux dont les partisans se montrent puissants et redoutables.
Philip Pullman ne fait pas dans la facilité, tant le propos est profond et incite à la réflexion quasi philosophique.

Rock War 3, « Hors de contrôle », Robert Muchamore, traduit de l’anglais par A. Pinchot, Casterman, 2017.

Dans cet opus annoncé comme l’avant-dernier de la série, nous retrouvons les groupes de musique sélectionnés dans les tomes précédents (le tome 1 a été présenté sur le site les « Actualités Printemps-Été 2016 » et le tome 2 dans les « Actualités Printemps-Été 2017 » . L’émission « Rock War » fait un tabac en Grande-Bretagne : ses candidats sont devenus des stars poursuivies par les fans et les photographes. La compétition se fait de plus en plus cruelle et tous les coups sont permis. Summer se remet lentement du grave accident dont elle a été victime à la fin du tome précédent et Jay se languit face à son absence. Théo, son grand frère, se montre toujours aussi violent et provocant, mettant ainsi en péril l’avenir du groupe ; Dylan se laisse entrainer sur la pente de la drogue. Et ce n’est pas ce qu’il découvre des magouilles de son père et de son oncle qui vont l’en éloigner.
Nul doute que le dernier tome nous réserve encore bien d’autres péripéties ! La satire des milieux de la téléréalité et du showbiz (cf. réseau présenté dans le numéro 52 de Recherches) est toujours aussi féroce.

Les porteurs, #2 – Gaëlle, C. Kueva, Éditions Thierry Magnier, 2017.

Lou Karpatova, le fils de Mariza, naturaliste, est mort : Gaëlle se sent responsable. Elle s’investit corps et âme dans les deux missions qu’elle s’est fixées : soutenir Flo qui refuse le choix manichéen que lui impose la société et surtout aider son amoureux Matt, identifié comme porteur, finalement devenu femme grâce à Lou. Prête à tout pour qu’il redevienne un homme, elle se rapproche donc des naturalistes afin qu’ils lui procurent un traitement alternatif pour Matt. Mais les autorités veillent, les « militants » sont traqués et Gaëlle se met en danger ainsi que ses proches. De nouveaux personnages apparaissent ou sont approfondis, les manipulations des dirigeants se dévoilent de plus en plus clairement et ceux qui leur résistent mettent leur vie en péril ; le passé ressurgit à travers le personnage de Romano Moravia, dont le père, Tonio, et le fils, Filippi, chérissent la mémoire ; Gaëlle découvre qu’il fut très proche de sa propre mère, Sylvia. Le docteur Olann Michelon commence à douter du bienfondé de ses décisions et trouve refuge auprès de son fils aveugle, Théodort.
Ce deuxième tome, essentiellement narré à la première personne par Gaëlle, complète très efficacement le précédent : reprenant certains événements du premier, mais du point de vue de l’héroïne, il éclaire certains points restés dans l’ombre tout en faisant progresser l’action. Le troisième tome dont on attend la parution avec impatience, sera centré sur Lou : celui-ci est-il vraiment mort ?
NB : Le tome 1 a été présenté sur le site : « Actualités Printemps-Été 2017 ».

La brigade de l’ombre : Ne compte que sur les tiens, Vincent Villeminot, Casterman, 2017.

La brigade ayant été démantelée, seul Bosco est resté à Paris pour continuer la tâche. Depuis janvier, l’ex-commissaire Léon Marcowicz s’est isolé en Corse avec ses filles. Fleur prépare son bac au lycée de Porto Vecchio et Adélaïde prend des cours par correspondance après avoir failli sombrer dans la folie. Elle apprécie les visites du Pygmée rwandais avec lequel elle aime toujours discuter. Mais fin juin, alors qu’Antonin son amoureux est venu la rejoindre, Fleur est menacée de viol par une bande de voyous menée par Matéo Figalli ; Antonin l’aide à s’enfuir mais il est tabassé et abandonné sur la plage. Peu de temps après, Matéo Figalli, son oncle et un de ses vieux amis sont retrouvés horriblement déchiquetés devant chez Marcowicz : ce dernier ayant disparu, il est soupçonné. Par ailleurs, une fusillade fait quatre morts dont Jimi Hendrix, qui parcourait le monde avec Diane Jobert depuis qu’ils avaient été « remerciés » de la police. Il ne faudra pas trop longtemps au commandant Jean-Bosco Nyrabuhinja, aidé d’Anna, alias Jeanne Darnet, pour démêler l’écheveau de ces tragiques évènements et reconstituer le puzzle mortel.
Ce dernier opus de la trilogie maintient un suspense haletant, et ce d’autant plus que la chronologie, entièrement déconstruite, joue sur des retours en arrière expliquant ce qui était resté dans l’ombre. Ce tome, centré sur Léon Marcowitz et ses filles, ainsi que sur les membres de la brigade, m’a semblé particulièrement réussi. Il s’agit bien d’un roman noir, car la violence, la souffrance et le deuil sont plus que jamais présents ; chaque personnage reste une personnalité complexe, forgée par son histoire, en proie au doute. Les ex-subordonnés de Marcowicz lui restent fidèles et tous se protègent les uns les autres : la brigade a de nouveau perdu un de ses membres en la personne de Jimi, Antonin restera marqué à vie dans son corps, mais cette famille élargie montre à quel point elle est étroitement soudée dans l’adversité, prête à braver les lois et à vivre, dans la clandestinité, une nouvelle vie.
NB : Le tome 1 a été présenté sur le site : « Actualités Automne-Hiver 2016 » et le tome 2 dans les « Actualités Printemps-Été 2017 ».

Nouveautés en matière d’édition et de collections

Je commence à lire en BD, CP : Un nouveau copain, Mathieu Grousson/Sibylle Ristroph ou Je commence à lire en BD, CE1 : Marco est dans la lune, Mathieu Grousson/Séverine Cordier, Casterman, 2017.

De nombreuses vignettes colorées, comportant une ou deux bulles, racontent les journées des enfants qui fréquentent l’école des animaux. La description et le mode d’emploi d’une bande dessinée, ainsi que l’école et les personnages, sont présentés au début de l’ouvrage, à la fin duquel on retrouve jeux et quizz. Une nouvelle collection pour faciliter la lecture, en CP ou en CE1.

De son côté, Nathan lance, en partenariat avec Mobidys, expert en accessibilité cognitive, le label Dyscool, afin de faciliter la lecture des enfants dyslexiques. Les titres les plus connus de la collection Premiers Romans sont ainsi repris en intégralité, accompagnés d’outils adaptés qui vont permettre un déchiffrage, une compréhension et une autonomie plus faciles. Ainsi la police est plus lisible, le texte et l’illustration sont bien séparés, l’auteur a réécrit certains passages pour qu’ils soient mieux compris, des mots sont expliqués en bas de page, des syllabes sont colorées en bleu ou en rouge. L’attention, le décodage, l’abstraction et la motivation sont ainsi soutenus. Parmi les premiers titres : Le Buveur d’encre, Éric Sanvoisin/M. Matje ; Clodomir Mousqueton, Christine Naumann-Villemain/C. Devaux ; Une carabine dans les sardines (Anouk et Benji), Mymi Doinet/G. Chapron ; J’ai 30 ans dans mon verre (Nico), Hubert Ben Kemoun/R. Fallet. Une initiative très intéressante, à suivre.

Les enquêtes de Lottie Lipton : Les secrets de la pierre d’Égypte, Dan Metcalf, illustrations de R. Pernagarry, traduit de l’anglais par C-M. Clévy, Père Castor, Flammarion Jeunesse, 2017.

Voici une nouvelle série qui intéressera les jeunes amateurs d’enquêtes policières historiques. Ce premier tome met en scène des personnages qui deviendront récurrents. 1928 : Lottie Lipton, 9 ans, vit avec son grand-oncle, le professeur Bertram West, depuis que ses parents archéologues ont disparu, cinq ans auparavant, lors de fouilles en Égypte. L’oncle Bert s’occupant du département des antiquités égyptiennes, ils vivent dans un appartement du British Museum, ainsi que le gardien George. Lottie est une grande admiratrice de Victor Blade, l’inspecteur en chef de Scotland Yard, dont les enquêtes sont rapportées dans son magazine de chevet « Enquêtes et Mystères ». Elle hésite d’ailleurs entre devenir détective ou archéologue. Quoi qu’il en soit, son petit carnet et son crayon (livrés avec l’ouvrage) ne la quittent jamais, afin d’y noter des indices ainsi que le décodage des énigmes ou des messages secrets, le lecteur étant invité à l’imiter !
Cette fois-ci, elle et ses deux acolytes vont se lancer sur les traces d’un objet réputé légendaire, le trident de Neptune et le retrouver avant Bloomsbury Bill, un célèbre voleur londonien, qui se repentira d’avoir rencontré Lottie. Lecture facile, beaucoup d’humour.

Récits de la Bible, traduits de l’hébreu et adaptés par Pierre-Marie Beaude, Folio Junior Textes Classiques, 2017.

Quinze récits emblématiques qui permettront à chacun de découvrir l’Ancien Testament. Avec notes et carnet de lecture rédigés par l’auteur. Une occasion de découvrir la nouvelle maquette des Folio Junior.

Des nouvelles de réseaux déjà présentés

Cinéma, télévision, théâtre

Noémie superstar, Anne-Laure Bondoux, Mini Syros Roman, 2017.

Tout le village est en effervescence car un film va y être tourné avec la célèbre actrice Chloé Dubato et on cherche des figurants entre sept et neuf ans. Bien qu’elle se trouve bien trop laide avec ses lunettes, Noémie envoie sa photo et est retenue ainsi que Florian, son ami, et Garance, une peste, incollable en matière de cinéma… ou presque, car cette dernière découvre ainsi que les journées sont longues et qu’on peut être une star, comme la vedette du film, alors qu’on porte des lunettes. Un récit très court, bien écrit, pour comprendre que la beauté comporte de multiples facettes et reprendre confiance en soi.

Fille ou Garçon ?

Dans la peau de Sam, Camille Brissot, Soon, Mini Syros +, 2017

Lors d’une fête foraine high-tech, Charlie se retrouve dans le corps de Sam et vice versa ; elle est belle, populaire, mais assez superficielle, alors que lui est un garçon solitaire, au physique ingrat, servant de bouc émissaire à tous ses camarades du collège… Le premier étonnement et les premières fureurs passés, il va leur falloir se débrouiller chacun, non seulement avec ce nouveau corps, étrange à leurs yeux, suscitant le malaise, mais également avec un univers et une famille inconnus. C’est l’occasion pour tous deux de poser un nouveau regard sur l’autre, de le découvrir sous un autre jour et de changer de point de vue. Récit court et facile, non dénué d’humour, à destination des plus jeunes.

Albums

Le Frigo magique, Harlan Coben, illustrations de Leah Tinari, PKJ, 2016.

Qui se serait attendu à ce que cet auteur de thrillers imagine un album aussi farfelu ? Il faut dire que les illustrations aux couleurs vives, voire criardes et déjantées, y sont pour beaucoup. Walden apprécie très modérément de devoir mettre la table pour l’arrivée de ses grands-parents, oncles, tantes et cousins. Il a soif d’aventures et rêve d’autres horizons… Soudain son souhait se réalise : il est aspiré par un de ses dessins qui orne le frigo et se retrouve en mauvaise posture. Pour assurer sa survie, il passe ainsi dans une photo de ses grands-parents au zoo où il se fait attaquer par des singes, puis dans les différents documents et prospectus affichés sur le frigo, ce qui le mène de Charybde en Scylla ! Grâce, enfin, aux ciseaux d’un bon de réduction pour le coiffeur, il se tire d’affaire et retrouve toute sa famille pour laquelle il ressent finalement une affection toute neuve et très intense ! Cette morale toute simple et universelle vient en conclusion d’aventures magiques et fantastiques reposant sur une transgression narrative. Il faudra se montrer très attentif à la multitude de détails qui foisonnent sur chaque double page ; texte et images se complètent dans cet album original qui peut surprendre mais ne laissera pas indifférent.

Familles, Patricia Hegarty, illustrations de Ryan Wheatcroft, texte français d’Anne‑Judith Descombey, Père Castor, Flammarion, 2017.

Cet album très coloré, au format presque carré, célèbre la famille et son amour indéfectible à travers la vie quotidienne de dix familles représentatives de toutes celles qui composent la société contemporaine occidentale. Que l’enfant soit unique ou issu d’une famille nombreuse, handicapé, adopté, élevé par deux parents du même sexe, par ses grands-parents ou par sa mère seule, que ses parents soient d’origine africaine, asiatique ou européenne et quelle que soit la religion pratiquée, ces enfants focalisent attention et amour des adultes qui composent leur famille. Chaque double page comporte dix vignettes précédées ou suivies d’une phrase simple et poétique évoquant les joies et les peines de chaque jour. Accessible dès l’âge de quatre ans, cet album met en valeur de façon résolument optimiste le socle inébranlable constitué par la cellule familiale et insiste sur son rôle auprès des enfants. On ne peut malheureusement éviter de penser que ce message fort n’est pas la réalité de chaque enfant, aussi attaché soit-il à sa famille, et qu’il reste donc un idéal à atteindre dans de nombreux cas…

Rééditions ou Parutions au format poche de titres déjà évoqués (ou pas, d’ailleurs…) 

Aux éditions Gallimard Jeunesse

Dominic, L’Ile d’Abel et Le Vrai Voleur, William Steig, traduits de l’anglais par J. Hérisson et H. Robillot, Folio Junior, 2017.

Les aventures d’un chien généreux, d’un souriceau galant coincé sur une ile déserte et d’une oie que tout accuse : trois classiques de l’auteur.

Sur la tête de la chèvre, Aranka Siegal, traduit de l’anglais (États-Unis) par T. Brisac, Folio Junior, 2017.

L’histoire émouvante de Piri, une jeune hongroise juive âgée de dix ans lorsque la guerre débute ; elle et sa famille tentent de survivre, mais finissent par être déportées à Auschwitz. Récit d’inspiration autobiographique.

Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre, Ruta Sepetys, traduit de l’anglais (américain) par Bee Formentelli, Pôle Fiction, 2015.

Le récit bouleversant d’une jeune Lituanienne, Lina, et de sa famille déportée en Sibérie par Staline en 1941. L’auteure rend ainsi hommage aux trois peuples baltes décimés et à la dignité que personne n’a pu leur enlever. Librement inspiré de la vie de son père, l’ouvrage restitue avec beaucoup de force et de réalisme, parfois insoutenable, le combat pour leur survie de tous ces personnages profondément humains.

Tant que nous sommes vivants, Anne-Laure Bondoux, Pôle Fiction, 2016.

Une belle histoire d’amour sous forme de conte initiatique, qui ne cède pas à la facilité mais est porteuse d’espoir.

Tous nos jours parfaits, Jennifer Niven, traduit de l’anglais par V. Rubio-Barreau, Pôle Fiction, 2017.

Deux adolescents, Finch et Violet, essaient de retrouver ensemble le gout de vivre.

Le clan des Otori : Le Vol du héron et Le Fil du destin, Lian Hearn, traduit de l’anglais par Philippe Giraudon, Pôle Fiction, Gallimard, 2017.

Avec ces deux dernières parutions, l’intégralité de cette magnifique saga est à présent disponible au format poche pour les adolescents.

Aux éditions Thierry Magnier

 L’Expulsion, Murielle Szac, Petite Poche, 2017.

Nouvelle édition d’un texte paru en 2006, n’ayant rien perdu de son actualité.
S’appuyant sur une réalité qu’elle connait bien pour l’avoir vécue, l’auteure évoque l’expulsion de familles immigrées vivant entassées depuis des années dans des appartements vétustes. Sous les regards intrusifs des caméras, Bintou, la jeune narratrice, ressent de l’intérieur une humiliation supplémentaire, à savoir l’intervention musclée des policiers qui veulent faire évacuer l’immeuble « pour des raisons de sécurité ». Heureusement, des associations et certains riverains se mobilisent. Bintou surmonte sa honte et sait qu’elle peut compter sur son amie Lucie.
Un texte simple et fort, facile à lire et à comprendre, comme tous ceux de cette collection à prix modique publiant des petits romans qui se lisent comme une nouvelle.

Aux éditions PKJ

Blacklistée, Cole Gibsen, traduit de l’anglais (États-Unis) par A. Paupy, 2017.

Il faudra qu’elle soit à son tour harcelée au lycée et sur les réseaux sociaux pour que Regan, la narratrice, comprenne à quel point on peut souffrir du regard des autres, de leurs moqueries, voire de leur haine. Elle-même bien différente de ce qu’elle donne à voir, la jeune fille découvre à ses dépens que chacun autour d’elle cache bien son jeu, qu’il s’agisse de ses anciennes amies ou de nouveaux soutiens. Intrigue parfois prévisible mais bien conduite et salutaire.

Cité 19 : Ville noire et Zone blanche, Stéphane Michaka, 2018.

Enfin accessible en poche, une histoire passionnante, avec des retours dans le passé et des retournements de situations, présentée dans le cadre d’un réseau « Rêve ou cauchemar » (supplément en ligne Printemps-Été 2016).