N° 77 – CONTINUITÉS ET RUPTURES DU PRIMAIRE AU SUPÉRIEUR

« Enseigner le français »… si la formule convient de l’école maternelle à l’enseignement supérieur , elle recoupe des réalités et des représentations multiples. Les invariants sur le plan des contenus disciplinaires (lire, écrire, comprendre, s’exprimer…) n’empêchent pas des phénomènes de rupture. Le numéro interroge ces (dis)continuités et leur impact sur les apprentissages. Les prescriptions officielles favorisent-elles la cohérence (en apprentissage de la lecture ou de l’écriture, dans la construction d’une culture littéraire, dans l’enseignement de la langue…) ? Qu’en est-il des pratiques de classe, des dispositifs de transition, des représentations des élèves, ou encore de la nature même du processus de développement ? Les analyses comme les démarches didactiques et pédagogiques proposées éclairent ces différents aspects.

Le numéro est disponible aux Presses universitaires du Septentrion.

Sommaire

Les pratiques de littéracie, de la maternelle à l’enseignement supérieur : ruptures et/ou continuités ?
Isabelle Delcambre
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Le cercle de lecture, un dispositif adaptable à tous les niveau
Sophie Dziombowski

Continuités et discontinuités au fil des niveaux scolaires dans l’enseignement de textes réputés littéraires
Bernard Schneuwly, Christophe Ronveaux

Apprendre à lire : le taux de décodabilité des textes lus est-il important ?
Cynthia Boggio, Marie-Line Bosse

Monographie d’un élève de la maternelle au lycée
Fabienne Bureau

Continuités et discontinuités dans l’enseignement de l’écriture
Sylvie Plane

Respecter l’orthographe : un objectif scolaire du primaire au lycée ?
Hélène Le Levier
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L’expression-communication en DUT : « C’est du français pur et dur ! » ?
François Annocque

Genèse d’une liaison collège-lycée
Véronique Dordain-Bocquet, Aline Skrobacki

La devise de l’AFEF : de la maternelle à l’université. Des principes à une réalité pressante
Viviane Youx

Enseigner le français en pédagogie Freinet au lycée
Coraline Soulier

 

Éditorial

De la maternelle au baccalauréat… : tels étaient les premiers mots de
l’éditorial du premier numéro de Recherches, en 1984. Il y était question de la
rencontre de l’élève avec l’écrit, mais ces mots résonnaient plus généralement
avec le slogan fondateur de l’Association Française pour l’Enseignement du
Français (AFEF), qui envisageait l’enseignement du français de la maternelle
à l’université. De fait, Recherches était alors le Bulletin de liaison de la
régionale Nord – Pas-de-Calais de l’AFEF et en partageait le principe militant,
qui date de 1973, d’une continuité d’une langue et d’une matière, le français,
à tous les niveaux d’enseignement, principe qui se doublait de celui d’une
solidarité de tous ceux qui enseignaient le français, qu’ils fussent instituteurs,
professeurs ou enseignants du supérieur.

La fidélité de Recherches à ces principes, qui se traduit par nombre de numéros ou d’articles plaidant pour une continuité des pratiques comme des
objets d’enseignement du français d’une classe à l’autre (titre du n° 50 de la
revue), n’est pas le signe d’un aveuglement : elle permet au contraire de penser
la matière français dans sa diversité, mais sans poser à priori des ruptures que
les découpages institutionnels peuvent donner l’impression d’être inévitables.

Elle permet aussi de rappeler que, sous les effets de surface des
continuités affichées ou exigées par l’Institution, cette dernière maintient bien
des ruptures qu’elle masque mal, comme le montrait Renée Balibar en 1974,
dans Les français fictifs, décrivant la division scolaire que manifestait, selon
les niveaux scolaires, la différence des pratiques d’une langue fictivement
posée comme commune. C’était dénoncer le fait que les niveaux du cursus
étaient (et sont encore, à bien des égards, malgré l’unification formelle du
système d’enseignement) directement hérités des anciens ordres scolaires (le
primaire et le secondaire, qui suivaient deux voies parallèles, du CP à l’École
Normale pour l’un, de la onzième à la Terminale pour l’autre), ce qui se
manifestait dans les modalités différenciées de recrutement des enseignants.

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