N° 79 – Regards sur les copies : des outils en construction
Tous les articles par Stéphanie Michieletto-Vanlancker
N° 79 – ANNOTER

Annoter les travaux écrits des élèves est un geste professionnel ordinaire qui interroge cependant les objectifs disciplinaires de l’enseignant·e et sa réflexion sur l’utilité et l’efficacité de cette pratique. Car les annotations ne sont jamais des écrits anodins, tant elles peuvent cristalliser de crispations, de représentations plus ou moins conscientes ou d’affects contradictoires. Ainsi, de l’élémentaire à l’université, les analyses théoriques et les démarches didactiques et pédagogiques proposées ici interrogent l’annotation dans sa double fonction d’objet ou d’outil disciplinaire : qu’il s’agisse de travailler avec ou sur les annotations, l’essentiel est bien de mettre au centre l’idée de la progression toujours possible de l’élève.
Le numéro est disponible aux Presses universitaires du Septentrion.
Sommaire
Regards sur les copies : des outils en construction
Annoter au lycée : un geste professionnel partageable ?
Traces écrites et annotations. Une mise en dialogue possible ?
Difficultés de catégorisation des commentaires verbaux : entre modalités énonciatives et objet des corrections des enseignants en CE2 et en CM2
J’ai encore mes cahiers à corriger
Que corrigent les enseignants et les élèves à l’école primaire ?
Annoter pour favoriser et soutenir le dialogue entre les élèves et avec les textes
Annotations d’enseignants sur des copies d’étudiants à l’université : actions, critères et valeurs
Apprendre à annoter des textes d’élèves en formation initiale : un moyen de favoriser la réflexivité sur sa posture professionnelle
Éditorial
La question de l’évaluation est une question centrale pour les enseignant·e·s et pour leurs élèves : rien de surprenant donc qu’elle ait à de nombreuses reprises donné lieu à un numéro de Recherches, qu’il se soit agi de s’intéresser plus particulièrement aux modalités d’évaluation des objets scolaires (n° 6, Évaluer, 1987), de questionner l’évaluation à l’aune des apprentissages (n° 21, Pratiques d’évaluation, 1994), de l’interroger au regard des prescriptions institutionnelles (n° 38, Évaluations et examens, 2003) ou plus largement de contribuer encore à une approche critique de ces prescriptions et des instruments d’évaluation (n° 63, L’évaluation, 2015). Ce numéro prolonge ces réflexions mais en faisant un pas de côté puisqu’il s’agit de réfléchir ici sur les annotations, qui sont le plus souvent motivées par des besoins d’évaluation, mais qui ne peuvent s’y réduire.
L’apparente simplicité du terme « annoter » ne doit cependant pas faire illusion : de même qu’évaluer, annoter est avant tout une pratique polymorphe, ce dont témoigne bien la diversité des articles du numéro, qui se penchent tout autant sur les annotations en marge des copies que sur des formes moins canoniques d’annotation (post-its, feuilles volantes et appels de notes, fiches diverses de couleurs tout aussi diverses, etc.), ou qui interrogent la proximité et les écarts de la notion d’annotation avec d’autres notions, notamment celle de « trace ». Certaines annotations peuvent d’ailleurs prendre la forme de consignes d’écriture pour accompagner la réécriture, rejoignant ainsi des problématiques liées au brouillon, aux écrits intermédiaires ou à la préparation de l’écriture. Comme l’écrivait Jean-François Halté en 1984 dans un article fondateur[5] (et cité d’ailleurs à plusieurs reprises dans ce numéro), l’annotation est orientée vers l’avenir, et constitue l’une des bases du dialogue pédagogique.
C’est sans doute ce qui explique que la plupart des contributions à ce numéro envisagent l’annotation du côté de l’enseignant·e, dont c’est l’un des gestes professionnels les plus complexes : on annote à la fois (ou tour à tour) pour diagnostiquer, pour constater ou pour évaluer dans une logique plus formative. Dans tous les cas, il s’agit d’interroger non seulement la forme même – et le support – de ces annotations, mais surtout le sens qu’on leur donne ainsi que leurs destinataires. Si les annotations s’adressent le plus souvent aux élèves, elles peuvent avoir comme destinataires les parents, mais aussi les collègues, la hiérarchie – quand elles ne sont pas simplement destinées à soi-même, l’annotation pouvant avoir comme fonction principale ou secondaire de se concentrer sur la copie, d’aider à se repérer dans le texte de l’élève et à se l’approprier.
La thématique du numéro nous a été proposée par Olivia Lewi et Blandine Longhi, qui ont organisé le mercredi 8 juin 2022 à l’Inspé de Paris une journée d’étude intitulée « Annoter des textes d’élèves : une compétence professionnelle à construire », et dont plusieurs des communications alimentent ce numéro de Recherches. Qu’elles en soient ici chaleureusement remerciées !
Deschutter Estelle
Mathis Sabrina
Cheval Lucie
Coste Jimmy
Galaup Michel
Alves Assis Juliana
N° 79 – Annotations d’enseignants sur des copies d’étudiants à l’université : actions, critères et valeurs
De Amaral Cindy
Baroni Raphaël
N° 78 – MÉDIAS

La diversification des ressources médiatiques offre de multiples possibilités en termes d’apprentissages : recherches, productions numériques (webzine, webradio, blog…) photographie, bande dessinée mais aussi jeux (de société ou serious game). Le numérique est au cœur de la quasi-totalité des articles de ce numéro, reflet de la place prépondérante des supports numériques dans la diffusion de l’information. L’école ne cesse d’interroger son rapport aux médias, car leur permanente évolution oblige à repenser l’usage qui pourrait en être fait en classe. Ces médias sont ici envisagés comme outils pédagogiques pour développer des compétences d’expression orale et écrite, mais aussi comme objets d’apprentissage en soi, pour mieux en appréhender les codes et les utiliser de manière pertinente.
Le numéro est disponible aux Presses universitaires du Septentrion.
Sommaire
Éditorial
Qu’est-ce qu’un média ? Emprunté initialement à l’anglais mass media,
le terme est défini par Le Petit Robert comme renvoyant à un « moyen de
diffusion, de distribution ou de transmission de signaux porteurs de
messages sonores, écrits, visuels… » Tout support communicationnel
pourrait alors être considéré comme un média, textes littéraires ou scolaires
compris. Pour autant, le lien étymologique avec les médias de masse tend à
associer la notion de média aux moyens de communication utilisés pour
toucher le plus grand nombre hors de l’école.
Ce n’est pas la première fois que Recherches évoque la place de tels
médias dans l’enseignement du français : L’Ordinateur en français (n° 44),
Le Cinéma en classe de français (n° 51), L’Extrascolaire à l’école (n° 57),
Usages du numérique (n° 69) abordent tous cette question. Mais l’originalité
de ce numéro tient à la diversité des dispositifs considérés ici comme des
médias et rapprochés dans une même publication : jeux, recherche
documentaire, production d’articles numériques, productions radiophoniques,
photographie, bande dessinée… Un média est cependant absent : la
presse écrite sur support papier. De fait, le numérique joue un rôle important
dans la quasi-totalité des articles rassemblés dans ce numéro. Ce poids est lié
à la place prépondérante que prennent désormais les supports numériques
dans la diffusion de l’information. Si l’école a besoin d’interroger son
rapport aux médias, c’est aussi parce que ceux-ci ne cessent d’évoluer et
l’obligent à repenser l’usage qui pourrait en être fait en classe.
Ces médias, apparus plus ou moins récemment, peuvent être envisagés
comme des outils pédagogiques : c’est le cas, par exemple, de concepts
d’abord empruntés par la narratologie à l’analyse cinématographique et, par
la suite, largement repris par le discours scolaire. La bande dessinée peut
constituer un média efficace pour en permettre un enseignement. Le
caractère transmédial de connaissances et compétences disciplinaires liées au
français autorise donc les enseignants à investir des médias qui ne sont pas
traditionnellement associés à la discipline pour développer des
connaissances disciplinaires classiques. Plusieurs articles montrent ainsi
l’intérêt des médias numériques pour développer des compétences
d’expression orale et écrite : écrire une fiction radiophonique, participer à un
webzine, faire le portrait de membres de la communauté éducative. Cela
permet, par ailleurs, de donner sens à la production de textes et de discours
conformes aux attentes scolaires. Sur un autre plan, le jeu, qu’il s’agisse d’un
jeu vidéo ou d’un jeu de société, peut constituer un média intéressant pour
construire des dispositifs d’entrainement. Les élèves peuvent y mettre en
oeuvre, de manière plus ou moins autonome, des compétences liées au cours.
Pour autant, l’usage d’un média, même identifié comme faisant partie des
pratiques extrascolaires des élèves, n’est pas la garantie d’un engagement de
ces mêmes élèves. La scolarisation de genres extérieurs à l’école se fait aux
risques et périls de l’enseignant‧e face à des élèves qui peuvent refuser cette
scolarisation, soit parce qu’ils ne s’identifient pas au dit média, soit parce
qu’ils considèrent que sa place n’est pas à l’école.
Dordain-Bocquet Véronique
N° 77 – Genèse d’une liaison collège-lycée
N° 79 – Annoter pour favoriser et soutenir le dialogue entre les élèves et avec les textes