N° 71 – DIFFÉRENCIER

Quel enseignant pourrait affirmer qu’il pratique son métier d’une manière uniforme et immuable, en faisant abstraction du fait qu’aucun élève n’est pareil à un autre, qu’aucun groupe d’élèves n’est pareil à un autre, et que tous n’évoluent pas de la même manière ? Aucun. Mais les évolutions du système éducatif mettent la réflexion sur la différenciation au centre des interrogations professionnelles. Qu’est-ce qu’on différencie ? Sur quels critères ? Selon quelles analyses ? Avec quels dispositifs et outils ? Alors que des injonctions de plus en plus pressantes tendent à transformer l’enseignant en simple exécutant, ce numéro affirme que la différenciation est affaire d’expertise professionnelle et relève de choix pédagogiques et didactiques qu’il s’agit d’élucider.

Le numéro est disponible aux Presses universitaires du Septentrion.

Sommaire

Modéliser la différenciation des situations d’apprentissage dans le cadre de la microculture de classe
Lionel Dechamboux & Lucie Mottier Lopez

Ta pédagogie tu différencieras
Patrice Heems 

Perceptions et pratiques de la différenciation pédagogique par les enseignants. De l’enthousiasme aux limites du terrain (ou inversement)
Jonathan Bloch

Madame, on tamponne aujourd’hui ?
Stéphanie Michieletto-Vanlancker

La notion de sujet didactique ou comment les recherches en didactique du français contribuent à penser les différences entre élèves
Isabelle Delcambre

Différencier en orthographe au cycle 3
Séverine Piot

Différencier, diversifier, individualiser ou personnaliser ?
Sylvain Connac

Sortir de l’ordinaire
Myriam Delbecque & Stéphanie Michieletto-Vanlancker

Littératies précoces à l’école maternelle. Différenciation et inégalités
Christophe Joigneaux & Oriane Gélin

Entretien croisé avec des enseignant·e·s de « CP à 12 » : retour sur une année de fonctionnement
Fabienne Bureau, Yannick Dudzinski, Agnès Gilson, Anne Gosset, Marie Hazouard

L’école maternelle publique française à l’épreuve de la pédagogie dite Montessori
Véronique Boiron

Vous avez dit « différencier » ? Mais que fait le formateur ?
Christophe Charlet

 

Éditorial

Le précédent numéro de Recherches interrogeait les phénomènes de connivence à l’œuvre dans le système éducatif en soulignant leur ambivalence : fondée sur un système de références et de valeurs dont on décrypte ou non les codes, la connivence peut exclure comme inclure. C’est à nouveau d’exclusion et d’inclusion qu’il est question dans ce numéro, centré sur la manière dont l’école prend en compte la diversité des publics qu’elle a mission de former. On le sait, les évolutions du système éducatif, elles-mêmes liées aux évolutions économiques, ont régulièrement conduit, depuis un siècle, à ce qu’on a appelé, selon l’orientation argumentative que l’on donne à son propos, une « massification » ou « démocratisation » de l’enseignement, faisant entrer à l’école ou y maintenant plus longtemps de nouveaux élèves, des élèves non connivents. En témoignent, dans l’histoire récente, les tentatives d’unification du système, de la réforme Berthoin (1959) à l’objectif de 80% d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat de Chevènement (1985) en passant par le « collège unique » instauré par la loi Haby (1975). Si cette tendance n’a pas empêché la ségrégation scolaire […]